Les bons journaux font les bons lecteurs et vice versa
Je vous invite à un détour vers mon site professionnel, Cinqsurcinq.net, où vient d’être mis en ligne un article des plus intéressants sur le métier d'informer. Sous le titre «Il n’est de bons lecteurs qu’en réponse à de bons contenus», ce texte est en fait le récit d’une expérience, celle menée par Alain Rollat à la direction de Centre Presse, à Rodez.
Ancien et réputé journaliste du Monde, prenant en l’an 2000 les rênes du petit et fier quotidien aveyronnais, Alain Rollat se garde bien d’importer quelque recette miracle. Davantage héritier de Beuve-Méry que de la nouvelle garde du quotidien «de référence», il met en application quelques principes forts du journalisme et du management.
Selon lui, par exemple, la réussite d’une entreprise est liée à l’excellence de sa politique sociale, et les ventes progressent quand on responsabilise une rédaction dans le respect des lecteurs. Ce qui se passera en effet à Centre Presse qui, en deux ans, verra ses ventes progresser de 1,5 % (de 1000 exemplaires en kiosque). Le chiffre paraîtrait ridicule à un industriel conventionnel. Un Eldorado aux gens de presse, qui voient depuis vingt ans la PQR perdre chaque mois des lecteurs.
Alain Rollat ne détient pas la panacée. Comme tout un chacun, il sait que la crise de la presse relève de causes multiples et complexes appelant à une réflexion d’ordre systémique, aussi fine que poussée. Son article apporte une pierre importante à une telle réflexion.
La presse est en crise..la presse est en crise… bien sû qu’il y a une crise de la presse, bien sûr qu’il y a une baisse importante des ventes . Mais dans toutes les analyses – pourtant bien souvent pertinentes – que je lis LE PRIX du quotidien n’est jamais trop évoqué . Prenons un exemple : un quotidien à 1.20 qui ne parait pas le dimanche (suivez mon regard) c’est 375 euros par an.Abonnez vous, c’est moins cher ? Et pourquoi pas s’abonner pour la baguette de pain pendant que vous y êtes : il y en a – j’en fais partie- qui ne se priveraient pour rien au monde des deux petits mots ou des petits sourires échangés avec leur boulangère .Les jeunes ne lisent plus la presse quotidienne parce que ci parce que ça ? Les jeunes lisent la presse gratuite . Ils aiment donc – encore- la presse . Mais la presse, elle, les aime-t-elle encore ? Quant au « petit peuple » auquel les pages « shopping » des organes de presse proposent des montres à 3000 euros et de « savoureuses escales » – de gauche bien entendu – gastronomiques que voulez vous qu’il en pense des cris et des agitements de la presse-qui-coule quand , lui, se sait coulé depuis longtemps. Quand il n’a plus pour unique divertissement que le gracieux ballet des hippocampes au dessus des bancs de moules.