Sondes. Forts en gueule contre forts en maths
André Faber – vous savez, l’artiste, son M. L’Homme, ses coups de gueule, et aussi ce vieux pote de chez pote –, eh bien, il râle encore ! C’est bon signe. L’inverse m’inquiéterait. Voilà, qu’il dit :
« Encore abonné à Libé pour quelques jours, je ne peux m'empêcher de me faire du mal en lisant ces dernières pages, et du coup en dire du mal !
Attention vla des chiffres :
« Chirac impopulaire, page 15 du jeudi 30 juin en bas de colonne - Sa cote de popularité a chuté de 12 points, le mec est à 32 %. Je pige pas ! Y a un truc ! Ou ce sont les maths modernes qui ne passent pas. Il chutait déjà un max après le référendum, genre 28 % à l'argus. Comment peut-il baisser de 12 points et péter à 32 % ? D'autant que le Villepin qui caracole, parait-il, est à 36 %, toujours d'après les mêmes sources mystérieuses. Faudra qu'on m'explique comment moins tu descends, plus tu montes ! Rangez les calculettes ! Le journalisme comptable a sa place derrière les guichets de banques ! »
Eh ouais!, la tambouille de l’opinion. Des pour-cent dans tous les sens, à partir de tours de passe-passe, en fonction de stratégies de marketing politique. Ça monte et baisse mais, à la différence de la lampe d’autrefois, on n’y voit jamais goutte. Comme si un matin d'haleine chargée, lisant dans le noir du café, et peut-être aussi dans le marc, quelque englué sondométrique chopait une révélation dans un enfumage de gros niqueur France-interien ou autre, qu’importe, les meilleurs étant les pires… et puis, vlan, lançait là, comme ça, tiens, aujourd’hui, oui si j’essayais… voyons… tiens Lang, oui, le vieux Lang déporté à Boulogne, que je le vois là-haut à l’heure de la criée et dans la poisse de la poiscaille, aussi présent que la lutte des classes dans l’œuvre de Proust. D’ailleurs, oui, à propos de lutte, version spectacle, tiens, je vais te l’opposer avec, voyons, ben oui bien sûr, l’agité de Neuilly, et là oui, c’est vraiment le choc des civilisations, les vrais choix de société.
Non, mais tu te rends compte, mon cher Dédé, comme ils nous canulent avec ces horreurs qu’ils veulent nous faire avaler, qu’on dirait de la vieille huile de foie de morue. Je sais bien que tu te rends compte, toi, sinon t’en serais pas là à gueuler comme un veau orphelin. Bon, je me calme, ça va mieux, c’est ça l’ex-pression, ça pète par où ça fait du bien… yéh ! une bonne longue vieille phrase mal foutue mais qui s’envoie en l’air comme un chorus de Coltrane. Après on peut rêver au monde de demain. On peut toujours. On peut. On…………
» Parole à Tous : mais non, mais non, tu ne t’égares pas ! On est en plein dedans… A propos de linguistes, et pas dans la fiction, s’il y en a un (qui se dit peut-être davantage « lexicographe ») qui tient haut la barre sur nos ondes publiques, c’est bien Alain Rey ; son « dernier mot » matinal est, de loin, le lieu de la parole la plus radicale et politiquement incorrect qui soit – forcément, dès qu’on remonte jusqu’aux racines (qui descendent en fait…)…