Bricolage journalistique.. Suite sans fin… Aujourd’hui, « ça pue le chien éventré »
En politique comme en « faits divers », le bricolage journalistique ne désarme guère par ces temps d’agitation-confusion. En collecter les exploits devient un sport éreintant – celui-là même qui m’amène à des sortes de cures de désintoxication agrémentées de blogo-siestes appuyées. Et puis les faits me rattrapent au détour d’une émission ou d’une lecture. Ou bien ce sont des familiers de la blogosphère qui m’alertent. C’est le cas ici de Sabin (merci !) qui vient d’attirer mon attention sur une affaire gratinée de rumeur relayée par Le Parisien, ainsi que France Info et Canal+, sans exclure les rédactions locales probablement à l’origine de la dérive médiatique [pas eu les moyens de vérifier quel journal a allumé la mèche].
Le correspondant du Monde à Bourges, Patrick Martinat, donne sa version [07/05/06]. Selon une rumeur, donc, « le Teknival de Chavannes (Cher), qui s’est tenu en marge du Printemps de Bourges le week-end du 1er mai, se serait achevé tragiquement avec la mort de deux personnes, et... d’une quinzaine de chiens retrouvés éventrés. » Car le bruit avait couru dans les parages « que des dealers arrivaient sur place avec des chiens dont les estomacs étaient lestés de drogue, afin d’échapper à la fouille. » D’où la « quinzaine de ces chiens auraient été retrouvés éventrés au lendemain du Teknival, leurs maîtres ayant voulu récupérer la drogue cachée dans leur estomac. »
Si une jeune fille de 22 ans – et une seule – semble bien être morte d’une surdose de drogue, le reste n’est que fantasmagorie. Un reste d’ailleurs chargé, où l’on trouve aussi une histoire de vipères « rendues folles par les décibels, [qui] se seraient précipitées vers les baffles et auraient piqué des ravers... »
Le problème des rumeurs, ne se situe pas tant leur origine que dans leur nécessaire terreau que constituent les médias – au sens générique du mot. Ici, il semble que le « feu » se soit d’abord propagé via des téléphones portables. Il a dû ainsi s’autoalimenter pour ravager finalement le landerneau journalistique. Et de manière ténue ! Ainsi le jeudi soir, quatre jours après ledit Teknival, selon le correspondant du Monde, « Canal+ se faisait encore l’écho de cette prétendue affaire lors d’un reportage diffusé dans le journal de 18 h 50, où les faits étaient présentés sans aucune précaution. En revanche France Info a fait un rectificatif à l’antenne vendredi matin. »
» Merci >Jean-Michel pour ce précieux complément d’information. L’ambivalence de la « NR » me paraît assez symptomatique de ces journaux/rédactions/journalistes qui ignorent l’humilité et ne reconnaissent pas leurs erreurs. Surtout s’il s’agit d’énormes bévues, telle celle-ci. Au point qu’il ne reste que deux attitudes : affronter la honte (c’est trop) ou tripoter les faits encore une fois pour masquer la piteuse réalité (j’ai cité La Dépêche du Midi ; j’ajoute Paris-Normandie et ses photos bidonnées du tsunami asiatique.)
La seule parade est de reconnaître vite l’erreur et l’expliquer aux lecteurs, sans dissimulation (« faute avouée, etc. »). En fait, non, il y a une autre parade, la meilleure : respecter les règles professionnelles. Ce n’est pas la panacée, mais on n’a pas encore trouvé mieux.