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Tricastin : l’usine nucléaire Socatri a été perquisitionnée

Une perquisition a eu lieu le 11 juillet dans les locaux de la Socatri, filiale d'Areva où s’est produit une fuite de 74 kg d’uranium, dans la nuit du 7 au 8 juillet, sur le site nucléaire du Tricastin, à Pierrelatte dans la Drôme. Tout cela en raison d’une « anomalie », si l’on en croit toujours la qualification de l’Autorité de sûreté nucléaire…

L’information a été donnée ce jour par Le Parisien/Aujourd'hui en France et confirmée à l'agence Reuters par une source proche de la gendarmerie qui a précisé que la Socatri avait été perquisitionnée à deux reprises. Ces perquisitions ont été menées par des gendarmes de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP), suite à une enquête ouverte par le parquet de Carpentras, qui, selon Reuters, a été saisi par l'Autorité de sûreté nucléaire après l'incident. Des associations écologistes ont aussi déposé plainte, ainsi qu'une habitante d'une commune proche de Bollène.

Aidés par les forces de l'ordre, les gendarmes de l'OCLAESP ont saisi des archives et de la documentation dans le bureau du directeur, selon Le Parisien/Aujourd'hui en France. Le quotidien explique que "les enquêteurs cherchent à savoir si la procédure légale a bien été respectée ou si des informations ont été dissimulées". Le responsable du site doit en effet signaler le plus rapidement tout incident de nature à porter atteinte à la santé ou à l'environnement. Or, il est apparu que plusieurs heures (entre trois et une douzaine) se sont écoulées entre la découverte de la fuite et l’alerte des autorités locales, notamment de la préfecture.

Le journal précise que les enquêteurs se sont également rendus en début de semaine au siège de l'Autorité de sûreté nucléaire de Lyon (dont l'usine de Tricastin dépend) afin de se faire remettre des documents pour recouper les déclarations du directeur du site – qui a d’ailleurs été remplacé depuis.

Des mesures d’interdiction multiples concernant l’eau, la pêche, l’arrosage, l’agriculture, les baignades ont été prises dans les jours suivant l’accident qui, cependant, était classé de niveau 1 – « Anomalie » – par l’Autorité de sûreté nucléaire. Celle-ci a été sommée de revoir ce classement par plusieurs associations écologistes et la CRIIRAD. De son côté, Jacques Repussard, directeur général de l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), dépendant des ministres de la Défense, de l’Environnement, de l’Industrie, de la Recherche et de la Santé, rappelait le 22 juillet sur France Inter qu’il « était courant que l’ASN soit amenée à reclasser un événement nucléaire ».

Cette question du classement ne doit pas être considérée comme formelle. D’abord, elle se doit de refléter autant que possible la réalité des situations anormales, très particulièrement dans ce domaine. Ensuite, comme rappelé hier dans nos commentaires, elle conditionne les actions ultérieures (qualification en accident du travail, par exemple) engagées par les différentes victimes des accidents nucléaires. C’est le cas, précisément, des travailleurs contaminés le 23 juillet dans le réacteur n°4 de la centrale du Tricastin, contamination dont l’exploitant, EDF, s’est empressé de minimiser les conséquences.

Rappelons au passage qu’Électricité de France est actuellement en passe de prendre le contrôle financier – à 15,7 milliards d'euros – du groupe d'énergie nucléaire britannique, British Energy. Avec, à la clé, le marché des futures centrales… C’est (pour) dire les enjeux et situer les pressions de communication dont les niveaux, à n’en pas douter, doivent pour le coup surpasser ceux de l’échelle Ines.

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