Protection des travailleurs du nucléaire. La CRIIRAD tire la sonnette d’alarme
La CRIIRAD (Commission de recherche et dinformation indépendantes sur la radioactivité) vient de publier un premier rapport sur les contaminations accidentelles qui ont touché, en moins de quinze jours, 126 travailleurs : contamination de 7 salariés d’entreprises extérieures le 11 juillet à la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine ; contamination de 4 salariés d’entreprises extérieures détectée le 12 juillet à la centrale nucléaire de Gravelines ; contamination de 15 salariés d’entreprises extérieures découverte le 18 juillet à la centrale nucléaire de Saint-Alban-Saint-Maurice ; contamination de 100 salariés qui intervenaient dans le bâtiment réacteur le 23 juillet à la centrale nucléaire du Tricastin.
Rapport téléchargeable sur le site de la CRIIRAD et également ici, contam-travailjuil08.1217080250.pdf en PDF (172 Ko).
On y trouve de fort intéressantes observations et données sur les pratiques notoirement déficients de l’exploitant dans les domaines de l’information – ce que nous avons souvent relevé ici –, ainsi que sur l’appréciation des niveaux de contamination et des risques.
« L’exploitant et l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), lit-on dans le rapport de la CRIIRAD, sont revenus à leur communication habituelle : dès lors que les doses ou les rejets dans l’environnement sont inférieurs aux limites prescrites, l’absence de dépassement des limites réglementaires est mise en avant comme preuve d’innocuité ou d’absence d’impact.
« Lors du rejet de SOCATRI – qui a représenté plus de 17 fois la limite maximale annuelle ! – ni l’exploitant ni l’ASN n’ont fait la moindre référence ni à la limite, ni à son dépassement, les chiffres du rejet radioactif dans l’environnement étant même donnés en kilogramme alors que les limites réglementaires sont établies en becquerels, ce qui empêchait les non spécialistes de prendre conscience de l’importance de la fuite. »
Plus loin :
« EDF affirme que la contamination subie par les travailleurs n’a pas de conséquence sur leur santé.
« En employant le présent, elle rassure à bon compte les lecteurs peu attentifs. S’agissant d’expositions à de faibles doses de rayonnement, il n’y a en effet aucune manifestation clinique immédiate. La question n’est pas de savoir si la contamination a aujourd’hui des conséquences sur la santé des travailleurs concernés (la réponse est clairement non) mais si elle en aura à terme. Certes les niveaux de dose déclarés par EDF sont faibles et la probabilité de développer un cancer induit par cette exposition est également faible. Pour autant elle n’est pas nulle (d’autant qu’en matière de contamination interne, les évaluations de risque sont entachées de très nombreuses incertitudes).
« Qu’EDF méconnaisse les effets des faibles doses de rayonnements ionisants et les principes de radioprotection est déjà choquant. Que l’Autorité de sûreté nucléaire – qui a en charge non seulement la sûreté mais également la radioprotection – tombe dans les mêmes travers est encore plus préoccupant. »
La CRIIRAD livre ensuite une série de conseils pratiques à destination des travailleurs concernés, en particulier les salariés des sous-traitants
notamment en direction de l’assurance maladie. Enfin, elle s’alarme des conditions de travail résultant de la diminution forcenée des durées d’arrêt et de maintenance des réacteurs. Arrêt dont le coût est estimé à un million d’euros par jour et par réacteur– EDF en exploite 58 en France !… Faut-il un dessin ?
La CRIRAD prétend être un organisme crédible en matière d’énergie nucléaire, car soi-disant indépendant… Voilà un avis bien subjectif et plutôt malhonnête si on y réfléchit un peu. En effet pour être objectif et indépendant il faut nécessairement ne pas avoir d’a priori. Or les nombreuses communications de la CRIIRAD et ses analyses relatives aux incidents, montrent à l’évidence que ses responsables sont d’abord des anti-nucléaires avant d’être informateurs dignes de confiance. Personnellement je n’ai aucun intérêt personnel à défendre cette énergie, mais je constate qu’elle procure des coûts de l’énergie parmi les plus faibles au monde, qu’elle assure à la France une relative autonomie et une balance commerciale moins dégradée, et surtout qu’elle nous place en tête en matière de rejets de CO2 à PIB équivalent. Face à ces points positifs, je trouve que les attaques systèmatiques et polémiques de l’Association, relève de la désinformation. Il est si facile de faire peur et si compliquer de rassurer…
Quand aux dernières insertions de la CRIIRAD sur les risque innéluctables de cancer quelque soit le niveau de dose reçu, là je crois que l’on touche au plus abject en matière d’information. Non pas que l’information soit fausse sur le fond, mais qu’elle est complétement déconnectée de la réalité de la vie professionnelle des Français. Vous pensez qu’un paysan qui traite son champ n’a aucun risque de développer une pathologie ? Vous croyez qu’un peintre en carrosserie, un plâtrier, un boulanger, un menuisier, n’a pas de risque professionnels ? Vous pensez qu’un aviateur, un militaire, un chauffeur de bus ou de taxi, un mineur de fond n’a pas de risques professionnels avérés et non pas supposés ? Et vous, ne croyez vous pas que chacune de vos respirations vous conduise irrémédiablement vers votre fin, avec une quelconque pathologie ou cause accidentelle qui n’aura rien à voir avec le nucléaire, sauf s’il vient d’IRAN…
Non décidément vous n’êtes pas trés sérieux car vous déconnectez une problématique de son environnement. L’univers est né avec cette radioactivité naturelle dans laquelle elle baigne depuis toujours et les seules victimes qu’elle ait faite sont plus à rechercher dans les hôpitaux que dans les centrales nucléaires. Peut-être envisagerez vous bientôt de supprimer les radiothérapies ? Décidément je ne crois pas que vous fassiez oeuvre utile, même s’il est important d’imposer la plus grande rigueur aux exploitants nucléaires. Cordialement.