Fidel Castro encore donné mourant…
Fidel Castro en serait-il, cette fois, à l’article de la mort ? Les rumeurs ont repris de plus belle ces temps-ci, confortées il est vrai par des indices peut-être plus solides qu’à l’habitude. Le dernier concerne le tout récent remaniement gouvernemental opéré par Raúl.
Le petit frère (75 ans) vient en effet d’écarter de son équipe deux « fidèles fidélistes » (des quincas) : Felipe Perez Roque, ancien ministre des affaires étrangères et ex-secrétaire personnel de Fidel, remplacé par son adjoint, Bruno Rodriguez ; Carlos Lage, le secrétaire exécutif du conseil des ministres, remplacé par un haut gradé de l'armée, José Amado Ricardo Guerra. Lage était un protégé de Fidel.
Deux autres départs, celui de Raúl de la Nuez, ministre du commerce extérieur, et de José Luis Garcia, responsable de l'économie et du plan, indiquent bien le sens de ce remaniement : Raul veut un gouvernement plus à sa botte. Cette reprise en mains peut signifier que le frère cadet – le lider minimo, comme il est surnommé à Cuba – s’autorise désormais à s’affranchir du surmoi du grand frère, le maximo si dominant et dans l’ombre duquel il est toujours demeuré. Raúl deviendrait « grand » et prêt à gouverner en son nom propre et selon ses conceptions. Lesquelles ne sauraient être si « révolutionnaires », juste un peu plus réalistes face au désastre économique et social qui frappe aujourd’hui Cuba et appelle à des mesures drastiques. On se demande lesquelles, si ce n’est tendre la sébile à la Russie, à l’Algérie, aux « grands frères » chinois – fortement intéressés par certaines ressources cubaines et en particulier le nickel – et vénézuéliens – impliqués dans un soutien maximum.
Reste à renouer avec l’Europe, laquelle rechigne quelque peu à passer l’éponge droits-de-l’hommienne sur les plus de deux cents prisonniers politiques actuels. Lang, notre agent Jack à La Havane, devrait faire évoluer tout ça au mieux.
Renouer surtout avec les USA d’Obama, ce qui serait un vrai soulagement, non pas tant sur l’embargo [contourné en grande partie, comme je l’ai montré dans mon reportage paru dans Politis ] que sur les mesures de restrictions concernant les visites sur l’île des Cubano-américains exilés – environ deux millions – et l’envoi de dollars à leurs familles dans la débine. Notons au passage que le gouvernement états-unien ne tient nullement à voir déferler sur les côtes de Floride de nouvelles vagues de « balseros » et autres immigrants.
Autre indice : Fidel n’est plus apparu, même en photo, depuis la visite, en janvier, de la présidente argentine Cristina Kirchner. Or cette photo officielle sème le trouble car elle a été fournie – le lendemain – par les autorités cubaines à l’ambassade d’Argentine, ce qui a suffi pour alimenter des suspicions sur son authenticité –des photos truquées dans l’Histoire, ça ne manque pas, certes…
Enfin, Fidel n’a pas reçu le président du Guatemala, Alvaro Colom, pourtant venu lui offrir la semaine dernière les excuses officielles de son pays pour avoir soutenu la tentative de débarquement de la Baie des Cochons, en 1961.
A relever encore que le quotidien espagnol El Pais évoque, dans son édition de dimanche, «des mouvements visibles au ministère de l'Intérieur et des Forces armées vendredi après une ‘possible' attaque cardiaque de Castro».
Dimanche rapporte enfin Le Figaro, Hugo Chavez a déjà fait savoir que l'ancien président cubain n'apparaîtrait certainement plus jamais en public. «Nous savons déjà que nous ne verrons plus jamais le Fidel qui arpentait les rues et les villes le soir, semblable à un guerrier dans son uniforme, étreignant le peuple. Il deviendra un souvenir», a déclaré le président vénézuélien, au cours de son émission «Allo président».
Dans l’interview qu’il a récemment accordé à Sean Penn, Raul aurait « promis de rencontrer Obama »…
(Etonnant quand même la virulence de certains lecteurs de Politis à propos du reportage de Gérard.…: c’était « touche pas à mon Cuba »)