Cuba. « L’épargne ou la mort », nouveau slogan d’un pays en plein marasme
Le nouveau mot d’ordre, le nouveau combat, la nouvelle mobilisation générale à Cuba : « L'épargne ou la mort »… Si ce n’était aussi dramatique pour les Cubains ce serait « à mourir de rire »… Mais avec leur 14 euros de revenu mensuel moyen, on se demande ce que les Cubains vont bien pouvoir épargner !
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Le quotidien Granma, l'organe du parti unique, vient de sonner l'alarme. Après avoir claironné « La patrie ou la mort » pendant cinquante ans le régime castriste s'est converti à un nouveau credo – qui invalide une précédente variante, « Le socialisme ou la mort ». Dans tous les cas, la « mort » demeure.
La faillite du régime n’est pas que politique, elle est autant économique. Le nouveau mot d’ordre ne fait qu’en poser l’évidence sur la place publique. Les Castro pourront toujours en faire porter le chapeau à la crise du capitalisme : Cuba va être touchée par la récession. Officiellement le taux de croissance passe à 2% en 2009, contre 6% auparavant. D’où les « mesures exceptionnelles » annoncée pour « réduire la consommation », dès ce 1er juin. Les Cubains vont à nouveau subir les coupures de courant apparues dès les années 90 lors de la fin de l’empire soviétique et de la manne qu’il déversait sur son allié des Caraïbes.
Bien sûr que la crise mondiale aggrave la situation : chute du cours du nickel, principal produit d'exportation cubain ; forte baisse des recettes du tourisme.
Mais la vraie donnée qui ne saurait masquer l’échec de la révolution castriste c’est celle-ci : Cuba doit importer 84 % des denrées alimentaires, alors que les exportations couvrent à peine un tiers des importations. Cinquante ans de régime militaro-bureaucratique n‘ont pas même permis de développer une agriculture de subsistance. L’été s’annonce douloureux pour la grande majorité des Cubains. Ce qui « marche » le moins mal, comble d’ironie ou terrible revanche historique, ce sont les « remesas », ces dollars qu’un Cubain sur trois – ou sur deux selon les sources – reçoit de ses proches exilés aux Etats-Unis. L’espoir tout relatif pourrait venir de la libéralisation de ces aides annoncée par Obama – mais que les Castro veulent dédaigner. Contrairement au peuple cubain, eux et leurs apparatchiks ne sont pas dans le besoin. Depuis vingt ans, un Cubain sur cinq a plongé dans la pauvreté. Et, en fin de compte, Cuba dépend toujours de l’ennemi états-unien.