Le magma nucléaire de Fukushima, foyer de la confusion du monde
Sarkozy, m’apprend la radio, serait désormais équipé d’un super-parapluie seyant mieux, si on peut dire, à sa super fonction. Un parapluie blindé (en kevlar et tout) comme un gilet pare-balles et qui, non seulement pourrait protéger de la pluie, mais le mettrait aussi à l’abri du mécontentement à son égard des 80% de citoyens sondés… En ces mauvais temps de météo plus qu’incertaine, le président fait donc un crochet par le Japon, histoire de tester le fameux pébroc sur ses capacités para-pluies radioactives.
Ce n’est en tout cas pas à Fukushima que se sera rendu l’homme au(x) pépin(s). Matamore, certes, suicidaire, non ! Il en est de même pour le trio franco-nucléaire « invité » là-bas, mais pas trop près non plus, pour livrer leur botte secrète aux dirigeants de la centrale et de Tepco. Ainsi Madame Areva et messieurs CEA et EDF vont-ils s’efforcer d’apporter aux Nippons leurs vacillantes lumières. Et tenter surtout de redorer leurs blasons respectifs et unifié face à l’adversité qui ternit sacrément leur avenir irradieux.
Madame Areva surtout, car, blindée de sa haute suffisance, elle voit s’écrouler la montagne de mensonges accumulés de haute lutte durant ces 25 années de com’ éhontée qui ont suivi la catastrophe de Tchernobyl. Vraiment dommage, ainsi que l’a déploré la présidente du Medef, Laurence Parisot : « Tout ceci tombe très mal, ça se passe à un moment où l'économie mondiale commençait tout juste à repartir. » [Le Monde, 19/3/11]. D’autant plus, en effet, que l’affolement du climat venait appuyer l’idée de cette radieuse énergie « propre », sinon « verte » – voir le vidéo-clip d’Areva et son détournement ci-contre =>
Pendant ce temps, à Fukushima, mais aussi dans les larges alentours puis, par contrecoups plus ou moins directs ou immédiats, à tout le Japon et sans doute à la planète en entier, pendant ce temps le poison léthal se répand, enrobé dans une gangue de non-dits, abrité sous un super-parapluie (le revoilà) de com’. Tandis que les nucléaristes japonais, rejoints par leurs collègues du monde entier, en sont à chercher d’improbables « solutions », mobilisant successivement leurs dérisoires gadgets contre le feu prométhéen : hélicoptères, lances à incendie, à eau de mer puis à eau douce…, toute cette eau à son tour radio-activée, dont on ne sait plus que faire… En remplir des citernes inexistantes, ou un tanker… Ah oui, quelle bonne idée celle-là ! Et où l’enverra-t-on ce cargo-poubelle ? Tiens, à Abidjan par exemple, comme on l’a déjà vu avec un bateau-poubelle hautement toxique – c’est le moment d’en profiter pendant qu’ils ont le dos tourné au reste du monde, tout affairé à leur guerre civile…
Et de mesurer à tour de bras les taux de radiations, et de nous enfumer de chiffres aberrants, incontrôlables et toujours « sans danger pour la santé ». Tandis que les liquidateurs sont envoyés au front avec aussi peu de chances de survie que jadis les poilus au Chemin des dames. Des intérimaires, sans doute, pour lesquels on a doublé le taux admissible de rayonnements reçus – comme ça, d’un clic de souris, et qu’ils ne viennent pas nous intenter des procès, si jamais ils vivaient assez pour ça…
On voit ainsi confluer en ce point de fusion, c’est le cas de le dire, ce faisceau des grandes contradictions du monde marchand ; cette alchimie vulgaire qui voudrait réduire toute activité humaine à l’or mercantile. On voit ainsi se concentrer, dans le magma nucléaire de Fukushima – dans ce noyau du capitalisme le plus débridé – les flux mortifères attaquant les valeurs mêmes de l’humanité et, au-delà, les fragiles équilibres biologiques et écologiques. Cela, même un Tchernobyl n’avait pu l’attester, au prétexte d’un moindre niveau de « perfectionnement » technique… L’argument s’est aujourd’hui retourné contre ses partisans, les jetant dans l’impasse de l’impensable.
Déjà étiqueté de vieux par cette belle jeunesse dynamique venue à Malville, en juillet 1977, pour manifester contre le »surgénérateur » dit Super-phénix et se faire tabasser … alors imaginez le vieux clown d’écolo aujourd’hui agitant la souris noire pour continuer de contester, encouragé par le texte un tantinet récalcitrant de GP !
… Depuis 1983, ça fait presque trente ans de vie dans une maison autonome, en campagne, et avec une consommation d’électricité s’élevant à 10% de la moyenne nationale (et sans bougie) ; s’ajoutent 2 à 3 stères de bois pour le chauffage annuel.
Et oui, il s’agit d’un habitat particulièrement séditieux et surtout dérangeant.
Oui dérangeant, car cela voudrait dire que le nucléaire (et toutes autres énergies dures) est suffragé par ceux là même qu’il exploite. En effet, s’il pouvait exister, un jour, une volonté de moins (ou pas) de nucléaire : il faudrait changer les choses en profondeur, concrètement chez tout un chacun … Alors là ?
Et aussi, ne faut-il pas se méfier de la seule intervention sur « écrans » ?
Mais, de plus, n’est-ce pas déjà trop tard : « Un baobab si on s’y prend trop tard, on ne peut plus s’en débarrasser » !
Bof. Tiens tiens, c’est quoi le « vague à l’âme » ?
On ne peut pas penser « trop tard » quand on a vingt, trente, quarante ans en 2011, ce serait une démission. On est tenu à l’engagement pour la vie. De même qu’on ne peut pas se démettre de nos responsabilités d’aujourd’hui et à‑venir sous prétexte que la fatalité technique aurait à jamais jeté son sort sur l’humanité !
Un commentaire que je trouve simple et juste (et qui serait également bien adapté au sujet sur Jacques Ellul). ceux qui ont façonné – ou simplement accepté – notre présent sont responsables de l’avenir.
Les japonais, et les autres, auront-ils le culot de couper la clim ?