« Salauds de riches ! »
Présenté par l'AFP comme une "étude", l'article ci-dessous a été titré "Le riche est porté sur la triche". Le mien, de titre, renvoie à la célèbre invective de Gabin dans La Traversée de Paris : "Salauds de pauvres !"…
Les personnes issues des classes supérieures ont davantage tendance à enfreindre le code de la route, à chaparder des bonbons ou à mentir dans le but de s'enrichir encore davantage, selon une étude réalisée aux Etats-Unis et au Canada.
L'étude, publiée aujourd'hui dans la Revue de l'Académie nationale des Sciences (PNAS), a été réalisée par des chercheurs de l'Université de Californie à Berkeley et de l'Université de Toronto, qui ont réalisé sept expériences différentes auprès d'une centaine de personnes pour chaque test.
L'une de ces expériences a montré que les propriétaires de grosses cylindrées avaient plus tendance que les autres à commettre une infraction à un carrefour et laissaient moins traverser les piétons. Un autre test réalisé avec un jeu de dés et une récompense à la clé a montré que les personnes se disant d'un statut social supérieur avaient davantage tendance à mentir sur leur score.
Lors d'un entretien d'embauche simulé, ces dernières hésitaient moins à mentir à la personne qu'elles étaient censées recruter en omettant de lui dire que le poste proposé devait rapidement être supprimé.
Et lorsqu'on leur a donné un paquet de bonbons en leur disant qu'il était destiné à des enfants présents dans une pièce voisine mais qu'elles pouvaient se servir, les personnes de milieux favorisés piochaient davantage que les autres.
"La recherche de l'intérêt personnel est une motivation plus importante pour l'élite, et la cupidité qui s'accroît avec la fortune et le rang social peut amener certains à mal se conduire", ont expliqué les auteurs de l'étude.
AFP Publié le 27/02/2012
Passage recommandé par l'Observatoire des inégalités
Ouais… Je ne vois qu’une solution : le four à gaz, non, le goulag, c’est moins méchant.
Le problème, c’est qu’on va tous s’y retrouver au goulag. Car on est toujours le riche de quelqu’un d’autre. Nous, français moyens, nous oublions très facilement que nous sommes les riches de peut-être 90% des autres humains de la planète ! Bon, je vais préparer mon baluchon. Au fait, y a de l’électricité au goulag ? On peut recharger sa tablette ?
Cette étude n’a rien de très surprenant. Mais c’est la question de l’oeuf et de la poule : les gens deviennent-ils riches parce qu’ils n’ont pas de scrupules, ou bien la richesse rend-elle dégueulasse ? Les deux mon général???
C’est amusant, tu as grillé France pas si cucu que ça d’une courte tête. « Du grain à moudre » évoquait à l’instant ce sujet, et l’étude que tu évoques y a été citée :
http://www.franceculture.fr/emission-du-grain-a-moudre-si-les-riches-n-existaient-plus-faudrait-il-les-reinventer-2012 – 03-05
Je donne le début du chapeau, même si cela rallonge un peu la sauce :
« Ils avaient le moral dans les chaussettes, les footballeurs de Ligue 1, ce week-end. Oh certes, cela n’a pas empêché le PSG, club le mieux doté du championnat, de l’emporter haut la main face aux quasi-smicards d’Ajaccio. Mais décidément, l’envie n’y était pas. Les joueurs ne dorment plus : la gauche risque de revenir au pouvoir.
Si c’est François Hollande qui l’emporte, ceux qui gagnent plus d’un million d’euros par an se verront taxés à hauteur de 75% pour les sommes dépassant ce seuil. Si c’est Jean-Luc Mélenchon, ce sera pire : le candidat du Front de gauche propose la création de 14 tranches d’imposition, dont la dernière à 100%. »
Les invités étaient parfaitement contrastés (et l’émission captivante): Thierry Pech, directeur adjoint de la rédaction d’Alternatives Economiques ; François Miquet-Marty, président de Viavoice ; Jean-Philippe Delsol, avocat fiscaliste. Ce dernier, en tentant de faire croire au bon peuple que la fortune « king size » de ses clients dégouline comme une fontaine de chocolat jusqu’aux couches ultimes de notre belle société m’a presque attendri.
Hello,
Ne nous moquons pas des riches ; on ne sait pas ce qui pourrait nous arriver !
En fait une idée reçue laisse entendre que la richesse est la norme, et donc que la richesse est dans la »normalité ». Alors on se plaint d’être plus ou moins riche. On barbote ainsi dans une relativité et ses »apparences ».
Le véritable problème reste bien lié à la perception de la non richesse : la pauvreté. Pauvreté, une absence de richesse qui stigmatise le titulaire. En plus pour éviter le doute, on le dote, le pauvre, d’un seuil. Un seuil à ne pas franchir car à partir d’ici, pas de bain de relativité, mais un »marquage », directement sur la peau à l’encre de Chine : une vraie saloperie à effacer … n’est-il pas ?
La cupidité de l’argent n’est pas nouvelle. Mais l’avidité du fric, façon goinfrerie, dépasse me semble-t-il l’appât du gain individuel. L’Avare et sa cassette, Picsou, etc., sont des images anciennes de vieilles réalités. Pourtant il y a bien ces « années fric » qui se sont ouvertes en grand… avec une dépréciation de tout le reste. Des yachts avec sous-marins et hélicoptères pour faire mumuse ; des bagnoles au capot très long qui ne font pas rire comme celle du loup de Tex Avery juste pour frimer en double file ; des Rolex qui ne font pas que donner l’heure mais sonnent la charge des cons. Oui, ces dernières années, il y a bien – comme dirait un certain FH qui fâche – une finance qui est devenue système. Ce système qui est à bout de course, de souffle… et qui prétend encore vouloir aller plus loin pour nous en priver davantage.
Allons plus loin ou plus haut : à quelle névrose ressortit cette cupidité sans bornes ? N’est-ce pas celle-là même qui emporte la planète dans sa dérive consommatoire ? Celle tout autant de l’avidité de ces 4x4 qui hâtent la fin du pétrole en même temps que le déséquilibre climatique ? À quelle nécessité pourraient bien répondre leurs propriétaires ? Sûrement à celle de leur recherche de jouissance effrénée… On n’est plus dans l’économie et l’accumulation du capital mais dans la névrose psycho-sexuelle. Et là, que peut la politique ?
Dans Venelles, je ne sais pas s’ils sont riches… mais nombreux sont les conducteurs (trices) de 4X4 qui vivent dans un autre monde, attendent devant la porte de l’école climatisation et moteur en marche, stationnent sur les trottoirs et ne respectent pas la priorité dans les ronds points… le goulag serait bien !
Le 4x4 m’apparaît toujours comme une abomination : une injure à la misère du monde ; une aberration économique et écologique ; un signe de fermeture au monde. Au « propre » si on peut dire comme au figuré, un conducteur (souvent aussi une conductrice) de 4x4 me pompe l’air. Il doit bien y avoir quelques études poussées en socio ou en anthropo sur ces tribus sauvages condamnées à terme…
Extrait du compte rendu de la soirée TV de Sarko (Le Monde):
« Le président-candidat a déclaré qu’il conservait un « souvenir ambivalent » de la soirée du Fouquet’s, dans la mesure où le couple qu’il formait alors avec Cecilia Sarkozy était en train d” »exploser ». « Ça aurait dû être le couronnement de ma vie, professionnelle en tout cas, je dois dire qu’une partie de ma tête était consacrée à d’autres problèmes, j’étais troublé », a‑t-il dit. »
Si être élu Président de la République, c’est le couronnement d’une « vie professionnelle »…Cela justifie donc – dans une optique salauds de riches, bien sûr – tous les enrichissements, toutes les combines, tous les échanges de services et, éventuellement, un parachute doré !
Je propose qu’on cisaille les ficelles…
Bien vu, Dominique ! Ce type n’a jamais été président de la République ; à la rigueur un « chef de l’État » comme disent les journaleux en esquive de répétition, ce qui n’est d’ailleurs pas anodin : Pétain était le type même du chef d’État. Y a de ça chez Sarkozy avec, en plus, ce côté avocat d’affaires qu’il dit être ou avoir été. En fait, son modèle de gestion c’est celui du chef d’entreprise ; lui il est chef de l’entreprise France dont le but est de « faire du chiffre », rapporter du cash, générer des profits – cet affreux mot de tous nos maux ; ce mot de la névrose par et pour le fric, c’est-à-dire la mort, en fin de compte, celle qui finit dans les cercueils bancaires. « Tous n’en mouraient pas, mais tous étaient atteints » – de cette maladie rampante qui a pour nom « économie », nom d’emprunt, habit de déguisement pour faire prévaloir une prétendue « science » là où se planque la vulgarité des riches accumulards. A partir de quoi je me porte en faux contre les déterminismes politiques, sociaux et historiques – qui nous ont valu les pires horreurs fascistes, nazies, staliniennes et leurs déclinaisons. Si le « changement » annoncé revenait à faire « du même » avec d’autres, eh ben… hein ! Pareil s’il s’agissait de ce payer en monnaie verbale : de grands effets de tribune qui tablent sur une prétendue évidence du sens commun, là où la complexité du monde vient s’échouer en désillusions. En quoi, à cet égard, un Hollande me paraît encore le moins mal armé…