Nucléaire. Greenpeace franchit la sécurité de Tricastin
L'époque est aux lanceurs d'alertes : climat, flicages numériques, corruptions en tous genres. Et nucléaire ce lundi avec les alerteurs de Greenpeace. Une fois de plus, ils ont fait leur boulot de démonstration par la preuve. EDF, l'ASN et les pouvoirs publics peuvent bien tenter de minimiser l'opération de cette nuit à la centrale de Tricastin en prétendant que les alerteurs de Greenpeace ne sont pas parvenus dans la zone ultime de contrôle. Espèrent-ils qu'un groupe de terroristes fassent "mieux" ?… Ainsi, au lieu de les féliciter pour organiser gratuitement et grandeur nature un exercice de crise, ils vont les poursuivre en justice !
[dropcap]Le[/dropcap] site de Tricastin accueille la plus importante concentration d'industries nucléaires et chimiques de France. C'est aussi le site nucléaire le plus étendu de France, devant l'usine de retraitement de La Hague. Le site regroupe de nombreuses activités liées à la fabrication et l'exploitation du combustible nucléaire. Les premières installations sont entrées en fonctionnement au cours des années 1960 pour enrichir de l'uranium à des fins militaires. Actuellement, plus de 5 000 employés travaillent au Tricastin dans un important réseau d'entreprises.
Les deux tiers de l'électricité produite par les quatre réacteurs de 900 MW sont consommés sur place, notamment par l'usine voisine d'enrichissement Eurodif. Il est prévu que le dernier tiers alimentera l'expérimentation d'ITER, quand ce réacteur à fusion nucléaire sera opérationnel – s'il le devient – dans quinze ou vingt ans, à Cadarache (Bouches-du-Rhône).
En exploitation à partir de 1960, la centrale de Tricastin est presque aussi vieille que celle de Fessenheim – que François Hollande s'est engagé à fermer. Ce que lui rappelle Greenpeace en actualisant cette promesse et en l'étendant aux installations de Tricastin, également situées sur une zone sismique. Par leurs projections d'images sur les murailles de béton, en particulier la représentation appuyée d'une fissure, l'ONG écologiste appuie aussi sur une réalité : à savoir que la plupart des enceintes de confinement des réacteurs – même épaisses d'un mètre de béton – sont plus ou moins fissurées et non étanches !
Les populations voisines se sont le plus souvent, et dans l'ensemble, habituées et résignées face aux dangers qui les menacent au quotidien. Comme dans d'autres installations nucléaires, mais à Tricastin plus particulièrement, des incidents se sont succédés ces dernières années. L'Autorité de sûreté se veut toujours rassurante en classant ces incidents dans le bas de l'échelle des risques.
N'oublions pas non plus qu'EDF finance les collectivités locales à hauteur de 14 millions d'euros par an au titre de la taxe professionnelle. Là plus qu'ailleurs c'est l'économie qui commande. Jusqu'à ce qu'un accident grave présente sa facture. Mais les accidents, on le sait, ça n'arrive qu'ailleurs : Three Miles Island (USA), Tchernobyl, Fukushima…
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Lors de mon cours « Catas industrielles » à l’Ecole Centrale, j’avais proposé à mes étudiants le scénar suivant : vous êtes chef d’une centrale (sic) en vallée du Rhône, ça vient de péter grave ; il y a un mistral de force 6/7, le nuage sera sur Marseille dans une heure, que faîtes-vous ? Synthèse des réponses, la mienne y comprise : faut avoir préalablement garé la BM à l’extérieur du site, prendre 2 au moins secrétaires à témoin qui assureront ultérieurement que vous avez tenté votre possible pour rassembler le personnel au point de ralliement prévu, mais qu’il n’a pas obéï car submergé par la panique il a oublié les trainings ASN, et a cru que fuir était préférable à mourir en martyr ; vous avez foncé plein nord sur l’ex-RN7 voire l’ex-86 en évitant l’A7 qui n’allait pas tarder à être bouchée, après avoir pris en passant vos chéris que vous avez pris soin de domicilier en amont de la centrale. Je n’avais pas encore vécu la panique d’AZF à Toulouse, qui n’a fait depuis que confirmer la pertinence de mes têtes d’élites de la nation. Bizoux, Gian.
Scénario caricatural mais qui comporte sa part de réalisme. A part quelques héros comme à Tchernobyl (forcés) ou a Fukushima (obligés pour la plupart), la réaction de fuite sera proportionnelle à la gravité de la situation. C’est un comportement humain : se préserver et préserver sa descendance (par delà, l’espèce) tout à fait justifié. Ce qui, a contrario, démontre que le nucléaire, par le côté irréversible (sinon à x milliers d’années pour certains nucléides) des conséquences de ses accidents les plus graves, est lui injustifiable. On ne peut « classer » un accident nucléaire parmi les autres accidents industriels (chimiques comme AZF) ou naturels rupture de barrage, incendie) dont les conséquences, même graves, sont plus ou moins limitées dans le temps.
Puisque Hollande dit qu’il faut faire confiance, comme lui, à l’autorité de sûreté… En quoi, il élude la question posée par Greenpeace sur la fermeture des centrales les plus vieilles et l’objectif annoncé (en campagne électorale) de réduction à 50% du nucléaire dans la production d’électricité d’ici 2025.
Comme le relève Greenpeace, Hollande dans cette affaire confond sécurité et sûreté. Comme l’indique bien le titre de cet article, Greenpeace a bravé la sécurité du site en franchissant les barrières. La sûreté concerne l’ensemble du fonctionnement d’une installation ; il s’agit de son système entier, depuis la conception jusqu’à la gestion des incidents, qui tend à la sûreté, laquelle trouve son butoir sur le fameux axiome du « risque zéro qui n’existe pas ». Donc l’accident est intégré comme hypothèse ; il est même estimé en termes de probabilités, ce qui ne veut pas dire grand chose à l’échelle humaine. L’avion est considéré comme le plus sûr des moyens de transport avec x accidents par x millions de km/passager parcourus… Mais si vous êtes dans le zinc qui se crash, c’est 100% bingo pour votre pomme. Pareil pour les riverains de Tchernobyl (Pripiat en particulier) et de Fukushima dont tout l’environnement est condamné pour des dizaines ou centaines d’années, sans parler des nappes phréatiques, de la mer, des poissons et d’ailleurs de toute la chaîne alimentaire. Non, le nucléaire n’est pas une industrie comme les autres. Ses chantres le savent bien quand ils bafouillent de pseudo-arguments au sujet de l’insoluble question des déchets radioactifs. Ou quand ils décident de « renforcer » la sûreté des installations ; c’est bien parce qu’elles ne sont pas si sûres, ces centrales situées en zones sismiques ou inondables ! C’est d’ailleurs bien pourquoi les tarifs d’EDF grimpent de plus en plus ! Le nucléaire pas cher, tu parles ! Et encore, ils n’intègrent pas les incalculables dommages économiques et humains que causerait une catastrophe ! (Incalculables, mais néanmoins évalués récemment par une étude sur le sujet).
La réponse du gvmt à Greenpeace c’est des condamnations à venir plus lourdes ! pour ce genre d’actions. Bravo la gauche ! La honte, oui ! Je ne vois toujours pas ce que font les Verts dans cette galère, sinon jouer le rôle d’appoint comme le PC dans l’union de la gauche. Ils s’y feront laminé et ça sera pour leur tronche et bien mérité.
Oligarchie, Démocratie ????? On s’interroge.…
Notre belle civilisation ne serait-elle pas qu’un tas de superflus : ses déchets ignoblement fourgués à sa postérité …?
« L’honneur de l’homme réside dans le fait de ne pas accepter le monde tel qu’il est » (de Goethe, je crois)
Mais dans cette contemporanéité qui passe vraiment au changement ?
Recette simple au cas (rarissime)où un quidam serait tenté :
– réduire sa consommation au tiers de ce qu’elle est
– supprimer EDF et passer chez Enercoop
– installer de l’énergie renouvelable dans sa propre zone
BOF !
« Et depuis 30 ans il a joué le rôle d’être ce connard
tout seul dans son habitat bioclimatique ; habitat de plus séditieux (ça ne consomme rien.
Misanthropie : haute sur échelle de gravité
Voilà LA réponse, minable, des « autorités » [le Monde 16/7/13] :
» Les ministères de l’intérieur et de l’écologie [sic] ont […] exprimé leur volonté de changer le cadre juridique afin de « mieux répondre aux exigences de sécurité face aux agressions modernes ». « Des sanctions pénales plus lourdes sont à l’étude, écrivent-ils. Aujourd’hui, en effet, la qualification des faits comme ceux commis ce matin est la « violation de propriété privée », ce qui est manifestement inadapté. »
« Cette modification, étudiée depuis l’automne 2012 par un groupe de travail piloté par le Secrétariat de la défense et de la sécurité nationale, devrait être inscrite dans la future loi sur la transition énergétique.
« CODE PÉNAL INADAPTÉ »
« Pour l’heure, les activistes de Greenpeace encourent des poursuites pour « dégradation grave de biens d’autrui commis en réunion », « violation de domicile », « offenses au président de la République », « incursion dans un terrain intéressant à la défense nationale » et « mise en danger de la vie d’autrui », le tout « en association de malfaiteurs ».
« Depuis des années, Greenpeace pratique ces démonstrations. En mai 2012, des militants avaient pénétré dans la centrale du Bugey (Ain) à bord d’un ULM. En décembre 2011, d’autres s’étaient dissimulés plusieurs heures dans les enceintes de Nogent-sur-Seine (Aube) et de Cruas (Ardèche).
« A chaque fois, la direction d’EDF dépose plainte pour violation de domicile – « alors qu’il ne s’agit aucunement d’un domicile », souligne l’avocat de Greenpeace, Me Alexandre Faro. En 2012, lors du procès des militants qui avaient pénétré dans la centrale de Nogent-sur-Seine, les responsables d’EDF avaient critiqué un « code pénal inadapté », ainsi que la diversité trop grande des réponses pénales.
« EDF souhaite que les centrales nucléaires soient classées comme installations militaires ou, à tout le moins, qu’il y ait un « classement plus sévère ». Sans aller jusqu’à une juridiction militaire, de nouvelles réglementations devraient être mises en oeuvre pour la protection des sites nucléaires. Elles s’accompagneront à coup sûr d’un durcissement des sanctions et des peines encourues. »