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Affaire « Aquilino Morelle ». Dix accessoires indispensables au bon exercice du Pouvoir

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C'est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser (...) Pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir  Montesquieu, De l'esprit des lois  

Empruntons au Monde du jour [19/4/14] et au photographe S. Calvet de l’agence Divergence, cette image muette et pourtant si parlante. C’est pourquoi nous allons la sous-titrer, spécialement pour les sourds et mal-entendants (en politique). Il s’agit d’une séquence ordinaire tirée de la super-production qui cartonne actuellement sur la grande scène du Spectacle sous le titre Pouvoir & Politique. C’est une série sans fin programmée, qui sait se renouveler sans cesse et sans peine, au gré des répétitions, improvisations, représentations qui émaillent la Grande Scène du Pouvoir. Petit démontage en dix points.

À partir de cet instantané (photo ci-dessus), reconstituons, comme dans une de ces scènes de crime si chères aux séries télé, les éléments nécessaires et plus que suffisants au bon usage des protagonistes.

Ah ! j’oubliais un détail, vraiment anodin car désormais banal : il s’agit de la nouvelle Affaire dite « Aquilino Morelle », du nom de son acteur principal, portant ici le dossard n°1.

Aquilino Morelle, né le 5 juin 1962 à Paris, est un médecin et homme politique français. Il a notamment été conseiller de Lionel Jospin, lorsque celui-ci était Premier ministre, de 1997 à 20021. Du 15 mai 2012 au 18 avril 2014, il est conseiller politique au cabinet du président de la République François Hollande.

Né d'une famille d'immigrés espagnols[…] Aquilino Morelle a vécu durant toute son enfance dans le quartier populaire parisien de Belleville, et une partie de son adolescence dans le XVIe arrondissement de Paris, où il a découvert l'autre côté de la vie parisienne tout en poursuivant des études de médecine.

Son père était ouvrier affûteur chez Citroën à Nanterre ; sa mère, femme au foyer.

Il est docteur en médecine et a effectué son internat aux Hôpitaux de Paris (1985 à 1988). Parallèlement à ses études de médecine, il intègre Sciences Po, puis réussit au concours d'entrée à l'ENA, dont il sort diplômé en 1992 dans la « promotion Condorcet ».

Aquilino Morelle a été marié à la journaliste Elizabeth Martichoux. Il est le compagnon actuel de Laurence Engel, énarque (Promotion Condorcet) et directrice de cabinet auprès d'Aurélie Filippetti au ministère de la Culture. Laurence Engel est pressentie pour prendre la tête du Musée Picasso.

De cette bio extraite de Wikipedia (voir la suite), on retient le raccourci : fils d’immigrés pauvres > Belleville > XVIe > médecine > Sciences Po > ENA > femme journaliste > Jospin > Hollande. Il y aura aussi un passage chez Euro RSCG (vous savez Séguéla, sa Rolex, et tout) avec séjour de deux ans aux Etats-Unis.

V’là notre homme fin équipé ou presque. Il lui faut le costard (1), genre cachemire, sur mesure bien sûr. La dame à côté (2), bien qu’UMP (alors secrétaire d'État chargée de la Santé) s’habille chez le même tailleur, ou pas loin. Elle aussi a travaillé pour des groupes pharmaceutiques. Voilà pourquoi elle est si synchronisée avec son voisin : même croisement de jambe, même élégance rigide dans le port de anthracite qui sied tant aux gens de pouvoir (3). Ils ont du vécu commun, et cette science de l'entregent. À côté d’eux (4), le chef de l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) ressemble à un prolo (enfin presque).

Des pensées pour (liste non exhaustive) :-Woerth (vente de la forêt de Compiègne au rabais) ;- Bertrand (Médiator) ;- Dassault (achats de votes);- Guérini (association de malfaiteurs) ;- Cahuzac (blanchiment d'argent, fraude fiscale.) ;- Dallongeville (corruption) ;- Balladur (Karachi) ;- Guéant (Libye) et Sarkozy (Libye aussi), entre autres.

Mais le sieur serait bien incomplet sans sa paire de pompes (5), attribut es-sen-tiel de tout bon courtisan – depuis Louis XIV au moins, souvenons-nous du film Ridicule (de Patrice Leconte, 1996) qui montre la terrible déchéance d’un baron à côté de ses grolles avachies. Aquilino a retenu la leçon : ses godasses, il les bichonne et les fait bichonner, par un cireur exprès convoquéMédiapart assène : « […] Aquilino Morelle a 30 paires de souliers de luxe faites sur-mesure, pour son pied qui a une forme particulière. Des Davison, des Weston…" « […] (Il) aurait fait "privatiser" (sic) "à deux reprises, un salon de l’hôtel Marigny afin de se faire cirer les chaussures seul au milieu de cette pièce toute en dorures". Et l’un de ses chauffeurs "véhicule son fils pour des activités personnelles ".

Ah les godasses d’Aquilino ! Fétichiste, lui aussi, tout comme son illustre prédécesseur, Roland Dumas, autre grand serviteur de la République ? Lui avait préféré des Berluti à 11.000 francs. Chacun ses goûts (Julien Dray, lui, c'est les montres).

Autres accessoires indispensables aux gens de pouvoir, accessoires et preuves de la réalité dudit pouvoir. C’est enivrant : les salons à hauts plafonds (6) compléments de l’épaisse moquette (7), ici comme fleurdelisée (restes de l’Ancien régime). Enfin les médias, la presse, les photographes (8) sans lesquels tout cela ne serait que vaine mascarade, puisque sans public, sans reconnaissance, sans adulation narcissique (croient-ils), sans RIEN !

Enfin, secondaire mais non inutile, bien qu’ici foulés aux pieds vernissés : les dossiers, gros, bouffis, énormes dossiers (9) que jamais on ne lira mais qui attestent du « sérieux de l’affaire » et de ses fameux serviteurs. Dire qu’une feuille (10) s’est égarée entre les pieds (de chaise) dans l’indifférence de ce moment si important pour l’avenir de la Santé en France ! À quoi ça tient, l'avenir.

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Gerard Ponthieu

Journaliste, écrivain. Retraité mais pas inactif. Blogueur depuis 2004.

14 réflexions sur “Affaire « Aquilino Morelle ». Dix accessoires indispensables au bon exercice du Pouvoir

  • Manque 11 : le pho­to­graphe, évi­dem­ment caché der­rière son appa­reil, espé­rant trois sous de la soi-disant Presse.
    Manque 12 : les autres pho­to­graphes, came­ra­mans, journalistes.
    Manque 13 : les attaché(e)s de presse et dir’Com
    Manque 14 : la DGS et autres ser­vices à ne jamais visualiser !
    Manque 15 : le Grand Chef
    Manque 16 : la table où les petits fours et cock­tails attendent tout ce « beau » monde, sans qui, …point (d’in­fos) de « com », pour nour­rir le public.

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    • Oui, bien sûr ! Tout le monde des cou­lisses et peut-être même les « citoyens » déses­pé­rés ou ayant renon­cé à l’exer­cice du contre-pou­voir qu’é­voque Montesquieu.

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    • Lafoureste

      Le pou­voir est une méca­nique à engre­nages, une machine qui s’emballe et s’en­tre­tient ; les uns (aux mani­velles) s’en droguent et s’en goinfrent, les autres trinquent !!!

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  • Et cette mau­vaise manie de croi­ser les jambes, un genou par-des­sus l’autre, de droite à gauche ou de gauche à droite, tous les kinés et bons méde­cins vous argu­men­te­rons les dan­gers que ça repré­sente, pour « tous » les citoyens.

    (Sans vou­loir abu­ser de l’exer­cice du contre-pouvoir)
    Respects, G.Ponthieu.

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  • Manque 17 : leurs tronches cha­fouines de pre­miers de la classe, ces traits de hau­taine suf­fi­sance juste dosée qui relèvent de la défor­ma­tion professionnelle.
    Manque 18 : etc.

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  • Mettons les tous à poil ! Et on ver­rait tom­ber les cara­paces de fringues chi­cos ; il ne res­te­rait pas grand chose de leur superbe. Quelqu’un peut-il nous arran­ger ça d’un coup de photoshop ?!

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  • Dominique Dréan

    Mais la faute rédhi­bi­toire : ce pli aux chaus­settes. Ce n’est pas le car­di­nal bal­la­dur qui aurait affi­ché un pareil négligé.

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