Foot et religion, comme sabre et goupillon
Je m’intéresse au foot à peu près comme à la religion : avec étonnement et désolation. Je nuance : j’aime quand même bien le foot, jusqu’à un certain point. Tandis que je ne saurais prendre du plaisir au spectacle de l’aliénation religieuse. Mais les deux m’intéressent sur le plan, disons, anthropologique : qu’est-ce que cet animal humain aussi admirable que souvent détestable, capable du sublime et de l’horrible, allant jusqu’à nuire à sa propre espèce et à tout l’écosystème ?
Or, avec la Coupe du monde… la coupe déborde de tous côtés, et spécialement pour ce qui est du foot et du religieux. Ce n’est pas le lieu ici de s’y risquer, mais il y aurait matière à épiloguer sur cette liturgie qui accompagne les cérémonies dans les actuels temples païens du Brésil, avant, pendant, après… Rien qu’un détour par les joueurs : onze comme les… Douze apôtres que l’on sait, adulés comme tels par des foules en extase, au bord du sacrifice ; divinités intermédiaires rendant grâce au Ciel quand le Destin leur fait marquer un but – et empocher une substantielle prime –, se signant lors de l’entrée sur la pelouse sacrée – ou bien s’y prosternant, chacun selon son Dieu. C'est en ce moment au Brésil et ça enflamme la planète, qui ne s'en réchauffe que de plus belle ! Soit, que le ballon ait remplacé (pour un temps) le sabre dans son alliance avec le goupillon, voyons l'affaire comme un moindre mal.
S’agissant des mahométans, louons le génie d’Allah qui place sur une même orbite céleste ballon rond et ramadan, tout en fournissant, contre paiement, une dispense et le moyen d’éviter ainsi tout inutile conflit d’intérêt. On ne pourrait que rêver d’une même bonne volonté pour régler les conflits des Proche et Moyen Orient. Au fait, on ne signale pas sur les stades de signes ostentatoires de judaïsme… Sans doute parce que cette religion pas très catholique, ni même très orthodoxe, sait s’arranger avec ses propres règles… Ou alors, un juif ne sait pas jouer au foot, il a les pieds crochus, comme aurait dit Desproges…
Ce dimanche matin – un peu de vécu perso –, pédalant à l’heure de la messe sur un de mes itinéraires favoris, je passe devant le petit oratoire célébrant la Vierge Marie. À chaque fois je m’y arrête. Non par dévotion, on s’en doute, mais par attention aux variations portées par des mains anonymes à l’ordonnancement de la petite chapelle. Un jour c’est une image pieuse, un autre une carte à jouer ou un chapelet qui viennent s'ajouter aux multiples accessoires pieux ; ou encore quelques fleurs ou une bougie allumée au fond d’un verre. Et à chaque fois je prends une photo – on ne sait jamais, si un jour se produisait un miracle, comme à Lourdes… J’ai ainsi une sacrée collection de ce lieu évoluant au fil des ans et des croyances. Et, hier donc, voici ce qui m’est apparu :
D’où ce petit chapelet de mes modestes réflexions… qui me rappellent un cadre accroché dans un bistrot de mon patelin provençal, clamant sur fond bleuté du sigle de l’« OM » : « Le football est notre religion – Le stade Vélodrome notre Temple – L’OM notre Dieu ». Profond, non ?
Un autre fait mériterait bien des développements. Il fait jaser en Catalogne et dans toute l’Espagne, jusqu’en Andalousie et bien au delà : l'émir du Qatar a proposé 2 milliards d’euros pour racheter les célèbres arènes monumentales de Barcelone qui seraient transformées en mosquée ! Laquelle pourrait accueillir 40 000 aficionados de l'islam, deviendrait ainsi la troisième plus grande mosquée au monde après celles de la Mecque et de Médine. Un minaret de 300 mètres de haut surplomberait cet ensemble du plus bel effet.
Voyons, cet émir qatari, n’est-ce pas le même qui s’est payé le PSG ? Les 300 mètres de la Tour Eiffel, il en propose combien ?
Imaginons que les Espagnols aient dit « oui » …
Ils auraient pu finir La Sagrada Familia, Basilique de Antoni Gaudí, en chantier depuis 1882 !!!!
Hypothèse intéressante 😉 On pourrait aussi imaginer la reconversion de la Sagrada familia en mosquée (minarets multiples prêts à l’usage).
Allez, Gérard, encore un peu de patience, et les drapeaux accrochés aux balcons ou fixés sur les bagnoles – j’en ai vu un tricolore collé sur un capot – les drapeaux iront prendre la poussière dans les greniers. Viendra le tour de France, autre religion à roulettes. Mais à y bien regarder – j’exagère un peu – les coureurs ne seraient-ils pas à genoux sur leurs bicyclettes, hein ? Du pain et des jeux et… beaucoup de téloche.
Salam
Prenez garde ce qatari, ce mec.que, allà par là, allà paris.ci, la tour Eiffel il ne va pas l’acheter, mais nous la voler comme il le fait avec son peuple, nous sommes encore au temps des pyramides ou l’oligarchie règne sur l’esprit Humain et/ou l’argent des plus humbles se transforme en Or pour les potentats avides de pouvoirs.
JPP
Décidément, j’aime beaucoup ce blog.
Merci Gérard.
Ph. M‑C
Bonjour
Pour continuer cette converation, j’apprécie le concept d’aliénation aujourd’hui.
Aliénation et prostitution font une telle destruction au BRESIL en ce moment„, qui s’insurge, qui se révolte?;;;ET LE SALE BOULOT CONTINUE ! ET LES BONNES ÄMES DU DIEU fOOT AUSSI;;;;;
BONNE SEMAINE
Anne-Marie
À ce compte-là, on pourrait aussi transformer la grande mosquée de La Mecque en vélodrome.
D’autant que ça augmenterait la rotation autour de la Pierre noire : meilleur rendement touristico-religieux !
🙂 🙂 🙂
Soyons un peu optimistes !
Comme toute action humaine, les religions naissent, vivent et meurent… La question est de savoir quand ?
C’est quasi dans nos gènes, la détestation du foot. Oui, mais pourquoi ? Parce qu’ils est l’archétype de l’aliénation du prolétaire aviné, s’identifiant aux onze analphabètes millionnaires qui lui chient ordinairement à la gueule ? Nous sommes tellement impuissants devant ces foules nurembergeoises… Je tiens pour meilleure cette raison : l’aversion pour le foot, comme pour tous les autres sports-spectacles marchands d’ailleurs, c’est comme pour l’école et le reste : c’est essentiellement la compète, une version de la guerre, certes adoucie. Mais il y a une autre façon de voir la vie que la compète, c’est la coopération : je me rappelle avoir joué au foot, au volley, au rugby, avec des joueurs qui comme moi préféraient aux scores hystériquement hurlés les beautés des gestes qui se multipliaient au fur et à mesure des parties, et ce de manière plutôt bien partagée. On jouait par plaisir, pour se faire du bien, sans hargne, et non pour des primes. Le foot sans chauvinisme, pour le fun, et sans spectateurs, car c’est comme l’amour : le regarder faire, c’est pas pareil que le faire soi-même.
Je signale sous le titre « Le sport, l’opium du peuple » l’interview très fouillé de Fabien Ollier (« L’idéologie sportive », éditons l’Echappée) dans le quinzomadaire « La décroissance ». Extraits : « Le sport, indissociable de la mondialisation capitaliste, valorise le corps concurrentiels comme n’importe quelle autre marchandise en fonction de ses performances et de sa rentabilité. Capitalisation du sport, sportivation du capital, voir le mercato et ses joueurs bankables. Imaginaire d’extrémisation de la maîtrise rationnelle et de dépassement des limites naturelles et humaines.
J’ajoute : et homophobe de plus, fi de putos !
Me revoila. Expérience fascinante un soir de coupe du monde – je ne sais laquelle because j’y connais rien – mais j’étais seul dans les rues de Metz. Pas un chat. je pensais déjà à un virus mortel ou à une fuite sur la centrale nucléaire. M’est venu une drôle d’idée : je longeais le plan d’eau et montais sur l’autoroute. Je veux dire à pied. Ah cette rigolade tout seul au milieu de cette piste d’atterrissage. Dingue. C’est comme ça que j’ai pris un raccourci pour rentrer chez moi.
Manque… une « analyse » sur les Francs-Maçons dans cette affaire.