Fin de partition pour le pianiste John Taylor
Autodidacte, John Taylor avait forgé son style propre en dehors des écoles, et auprès des meilleurs jazzmen, comme notamment son compatriote le saxophoniste John Surman. Il jouera aussi avec Lee Konitz, Gil Evans, Kenny Wheeler et la chanteuse Norma Winstone, qui deviendra sa première épouse. Sa discographie est des plus fournies, notamment chez ECM pour lequel, à l’occasion de son soixantième anniversaire, il enregistre le magnifique Rosslyn en trio avec le contrebassiste Marc Johnson et le batteur Joey Baron.Il s’en est allé en musique, en jazz, effondré sur son clavier. Fin du morceau, fin finale, et sans rappel. C’était ce vendredi 17 juillet, au Saveurs Jazz Festival à Segré près d’Angers. John Taylor n’a pas survécu à une crise cardiaque, il est mort le lendemain. C’était un fameux compositeur et pianiste anglais, né en 42 à Manchester – il aurait eu 73 ans en septembre prochain. Il tournait avec le quartet de Stéphane Kerecki (composition, contrebasse), aux côtés d’Émile Parisien (soprano) et Fabrice Moreau (batterie).
Pianiste subtil, au jeu plutôt intérieur, loin du démonstratif, on pourrait – sans réduire sa réelle originalité – le rattacher à la lignée des Bill Evans et Paul Bley, où l’on retrouve aussi l’Américaine Marylin Crispell. Il aura parcouru les vagues successives du jazz « moderne », du hard bop au free, sans se départir d’une vraie continuité musicale hors chapelles.
Il avait trouvé toute sa place dans le magnifique quartet de Stephane Kerecki et son programme Nouvelle Vague inspiré du cinéma, bien sûr, et de musiques de films. C’est avec ce programme (Jean-Charles Richard remplaçait alors Émile Parisien) qu’il était venu en mai dernier au Théâtre de Fontblanche à Vitrolles, invité par le Moulin à Jazz.
En plus de ses talents musicaux, John Taylor mêlait joie de vivre et humour, british of course – en quoi il savait aussi apprécier un blanc de Provence (entre autres, car il vivait en France) et partager une bonne blague d’un rire explosif.