Cousteau, salaud, le peuple de l’eau aura ta peau ! (pcc Gérard Mordillat)
Encore une idole qui se fait dézinguer. Cette fois, ce n'est pas Onfray qui cogne, mais Gérard Mordillat qui se tape le "commandant Cousteau" en revisitant son film tourné avec Louis Malle, Le Monde du silence.
Palme d'or à Cannes en 1956 et Oscar du meilleur film documentaire l'année suivante aux Etats-Unis le film a consacré un nouvel héros des profondeurs, bientôt élevé au rang d'idole de la Nature océane. Des centaines de milliers de spectateurs auront gardé en mémoire la beauté des fonds marins et la… profondeur du propos. Soixante ans après la sortie, le romancier et cinéaste Gérard Mordillat reconsidère l'unanimisme béat qui avait accueilli le film et s'interroge sur ce qui lui apparaît aujourd’hui comme l'œuvre d'« une bande d'abrutis satisfaits ». Et de détailler les scènes d'horreur : tuerie de requins à coups de pelle, cachalot déchiqueté par l'hélice de la Calypso et achevé au fusil, dynamitage de poissons pour raison "scientifique", etc.
Comment se fait-il qu'on n'ait alors rien vu ? s'étrangle Mordillat. C'était début juillet, sur le site de Là-bas si j’y suis (l’émission de Daniel Mermet, ex-France Inter). La vidéo ci-dessous illustre cette affaire post mortem.
Toujours aussi couillu notre Mordillat national. Lui ai envoyé un mot suite à l’émission. Ne pas rester silencieux devant ce monde du silence – il y en a d’autres – vla le message.
Comment se fait-il qu’on n’ait rien vu, compris, SENTI ? Comment se fait-il qu’on puisse applaudir quand le toro, écumant et pissant le sang, haletant d’incompréhension, va obligatoirement crever trucidé de part en part ? Si l’insensibilité pour le vivant qui ne demande qu’à vivre, sans emmerder personne, est inscrit dans le patrimoiine génétique, il n’y a rien à faire : si ce n’est pas le cas, il y a encore pas mal de boulot ! 4 août, abolition des privilèges, dont celui de la connerie pestiférée ?
Se distanciant péniblement de Descartes et son « animal-machine », l’animal humain n’en reste pas moins imbu de son essence supérieure, d’ordre divin bien souvent. S’étant vite remis de sa blessure narcissique infligée par Darwin et l’évolutionnisme, il s’est empressé de renier sa part animale et, plus encore, biologique. C’est peut-être bien cette part de lui-même qu’il combat à mort chez le toro des corridas. À cet égard, Cousteau serait un matador des mers drapé dans un vernis scientifique, produisant finalement du spectacle de pacotille. On ne l’a pas vu sous cet angle. Soixante ans après, ça n’apparaît pas à l’évidence ; il y a tout de même un progrès mais, comme tu dis, il reste du boulot !
J’ai découvert votre site il y a plusieurs mois déjà, en cherchant ce qu’étaient devenus les anciens de La Gueule Ouverte et de Sexpol, dont j’étais lecteur, et depuis je l’ouvre quotidiennement et vous apprécie toujours, et tout spécialement dans vos références à Montaigne. Quand on a du flair l’on se trompe peu, il faut le flair d’un Nietzsche pour cela. Je n’ai jamais aimé le Commandant Cousteau, ni Louis Malle d’ailleurs (je me rappelle de lui un film totalement incestueux, catastrophique, absolument non critiqué à l’époque et peut-être encore depuis). Si le Commandant Cousteau avait été véritablement écologiste, vu sa notoriété, il aurait pu avoir un impact positif considérable. Il ne l’a jamais fait. Un contemporain de Cousteau, un véritable amoureux et défenseur de la Vie sauvage, a lui été complètement omis, comme la société bourgeoise sait le faire, il s’agit du graveur, sculpteur « animalier » suisse, Robert Hainard (1906 – 1999), précurseur de la pensée écologique, auteur de plusieurs livres de la première importance dont « Mammifères Sauvages d’Europe » et « Expansion et Nature » l’un des plus beaux livres que j’ai pu lire. L’on peut découvrir Robert Hainard en cherchant sur Google : Fondation Hainard. Continuant à vous lire, et merci pour vos écrits.
Merci vivement pour la bonne chaleur de ces lignes !
Le film de Malle, ça doit être Le Souffle au coeur, très autobiographique à ce qu’on en a dit. Je ne serais pas aussi sévère au sujet de Louis Malle. Bien qu’issu de la grande bourgeoisie industrielle du Nord (le sucre Béghin-Say), son oeuvre ciné reflète une vraie profondeur : Lacombe Lucien, par exemple, brise le manichéisme moral sur l’engagement, ou non, dans la Résistance ; il montre la part du hasard dans les destinées humaines. Le Voleur est aussi un film intéressant, tiré du bouquin de Georges Darien qui s’est lui-même inspiré de la vie de l’anarchiste Marius Jacob. Il a également tourné Milou en mai et Au revoir les enfants… Et aussi Fatale qui, alors là, m’a vraiment mis mal à l’aise… Bref, je pense que son alliance avec Cousteau fut celle du débutant qu’il était (assistant sorti de l’IDHEC ; d’ailleurs, il n’a pas replongé !
Robert Hainard, non, c’est la première fois que j’en entends parler. À voir donc. Et encore merci !
C’est moi qui vous remercie. Pour Robert Hainard je me permets d’insister tant cet homme et son œuvre sont importants, magnifiques. Il est un petit film sur You Tube de 4 minutes « Hommage : Robert Hainard, L’homme des bois » qui est à ma connaissance la meilleure introduction à sa découverte et je le conseille vivement à tous. En voici le lien :
https://www.youtube.com/watch?v=6AE2RrViNnA
J’ai toujours du mal avec cet énergumène qui, soi-disant près de la nature, se fait appeler Commandant…
et on l’appelait aussi « le Pacha » !
C’est bien de réveiller tout ça, qu’on avait dû enfouir dans notre inconscience de l’époque, ce qui en effet pose question… On ne sera pas les seuls à faire cette constatation, comme quoi on est bien déterminés : selon les époques, les lieux et sans doute ce qu’on appelle l’idéologie dominante— elle existe bien ! Finalement, Cousteau, c’était un bourgeois qui avait trouvé un filon pour passer sa vie dans l’aisance et l’adulation populaire, au même titre que les stars de ciné, ce qu’il était aussi. Qu’on me cite un bout d’exemple de la portée « scientifique » de son action !
Je n’ai jamais aimé ce monsieur tout gonflé d’importance.
Il se faisait un joli bas de laine avec ses expéditions « scientifiques ». Il a pris beaucoup de naïfs dans ses filets. Merci de le remettre à sa place.
La façon que vous avez d’abonder à une chronique de Mordillat aussi bâclée et superficielle a quelque chose de stupéfiant.
Mais enfin ! Ouvrez les yeux ! Ce n’est qu’une chronique pour le faire le buzz, sans aucune profondeur ni pertinence. Il a bien réussit son coup sur ce point le Mordillat.
A moins d’avoir hiberné au cours des années 1970 à 2000, auquel cas vous êtes pardonné, vous ne pouvez pas laver d’un revers de main l’œuvre d’une vie : Cousteau a ouvert le monde aux problèmes de l’environnement et des menaces qui planent sur la planète. Ce n’est pas « Le Monde du Silence qui est responsable de la disparition des poissons de nos océans !
Le manichéisme simplet qui vous gagne a quelque chose de glaçant.