DémocratieHistoireHommage

« L’Histoire en marche ». Dans les pas de la Commune de 1871

Temps de lecture ± 3 mn

Moment historique et emblématique de l’histoire du mouvement ouvrier et socialiste, la Commune de Paris n’aura pourtant duré que neuf semaines, du samedi 18 mars au dimanche 28 mai 1871. Cette insurrection refusa de reconnaître le gouvernement issu de l'Assemblée nationale, qui venait d'être élue au suffrage universel masculin, et choisit d'ébaucher pour la ville une organisation de type libertaire, basée sur la démocratie directe, qui donnera naissance au communalisme.  La Commune est à la fois une réaction à la défaite française de la guerre franco-prussienne de 1870 et au siège de Paris, et une manifestation de l'opposition entre le Paris républicain favorable à la démocratie directe, et une Assemblée nationale à majorité monarchiste acquise au régime représentatif. Cette insurrection et la violente répression qu'elle subit eurent un retentissement international important, notamment au sein du mouvement ouvrier et des différents mouvements révolutionnaires naissants. La Commune est de ce fait encore aujourd'hui une référence historique importante pour le mouvement libertaire et plus largement pour les mouvements de gauche.

À la suite du désarmement contraint de la Garde nationale de Paris, une lutte sans merci s’engage derrière les barricades. De nombreux journaux révolutionnaires sont imprimés, couvrant au plus près l’événement et les mesures prises par les représentants communalistes, tandis que le gouvernement légitime et la presse « bourgeoise » sont retranchés à Versailles. La dernière semaine de mai, dite « semaine sanglante », verra l’abdication de l’armée de fortune parisienne, croulant sous les tirs « versaillais », dans un déluge de balles et de sang. Les insurgés encore vivants seront jugés, souvent condamnés à la mort ou au bagne.

De multiples émissions et éditions se chargent de commémorer le 150e anniversaire de l'événement. Un livre se distingue – un pavé : Paris 1871 – L’Histoire en marche. On ne peut mieux dire, s’agissant de proposer « 21 circuits pédestres sur les traces de la Commune »[ref]Les Éditions libertaires, 350 pages grand format, 35 €.[/ref] De la belle ouvrage due à l’auteur, Josef Ulla, ancien instituteur d’origine espagnole, et au remarquable travail d’édition, tant sur le plan de l’iconographie que sur celui du graphisme et de la mise en page.

Le livre propose une déambulation pédestre à la recherche des lieux où se déroulèrent des moments forts de cet épisode révolutionnaire, ainsi qu’une imprégnation historique afin d’en apprendre davantage sur ces femmes et ces hommes de 1871, sur leurs actions et leurs rêves d’avenir.

Marcher sur les pas des communards, dans les endroits où ils ont vécu, rêvé ; où ils se sont battus, donne une dimension autrement vivante à cet épisode historique. Parcourir du regard la place de l’Hôtel de Ville ; en imaginer sa façade recouverte de drapeaux rouges, emblèmes de la Commune ; entendre la liesse populaire en ce jour de la proclamation de la Commune de Paris ; déambuler sur les places où vivait cette population parisienne, les ouvriers, petits artisans, gens du peuple ; se mélanger aux femmes qui tenaient réunion dans les nombreux clubs de Paris ; se joindre aux petits gavroches édifiant les barricades ; prêter l’oreille pour tenter d’entendre les bruits de la révolution du 18 mars sur les hauteurs de Montmartre ; puis longer les murs du jardin du Luxembourg, encore marqués des éclats de balles des fusillades de la Semaine sanglante, c’est toucher du bout des doigts les réalités de cette révolution.

Des informations éclairent l’histoire des lieux parcourus, et des données thématiques complètent l’approche des évènements. Des écrits de Prosper-Olivier Lissagaray (Histoire de la Commune de 1871), de Jules Vallès (L’Insurgé), de Louise Michel (La Commune, Histoire et souvenirs), et de Victorine Brocher (Souvenirs d’une morte vivante), acteurs historiques et aussi des dessins de Jacques Tardi, accompagnent cette randonnée si particulière.

Partager

Gerard Ponthieu

Journaliste, écrivain. Retraité mais pas inactif. Blogueur depuis 2004.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Translate »