France 2 et l’information malades du vedettariat
Acte un : ce vendredi, dernière page, Libé publie un portrait de Christophe Hondelatte, présentateur du 13 heures de France2. Un de ces excellents papiers qui font la touche Libé, au meilleur sens.
L’auteur, Pascale Nivelle, ne dénote pas dans le genre : réaliste, sans complaisance, documenté, imagé. Donc, rien de flatteur a priori. Après tout, c’est le portraituré qui nourrit le portrait, dès lors que celui-ci se veut fidèle.
Acte deux: en début d’après-midi, un communiqué de France 2 indique que "sur décision de la direction de l'information", Christophe Hondelatte ne présentera plus le journal de 13 heures. Il a d’ailleurs été remplacé le midi même par Benoît Duquesne.
Acte trois: selon certains de ses collègues, et si on en croit France Inter en son journal de 19 heures, Hondelatte n’a pas apprécié le portrait ; il en a été affecté au point de refuser de présenter son 13 heures. Arlette Chabot, patronne de la rédaction, a alors pris la décision que l’on sait.
Dans son portrait, Hondelatte est décrit comme "sympathique" selon les uns, "horripilant" selon les autres ; ou encore comme "individualiste" rêvant d'une "actualité heureuse", et menaçant de "se casser" aux premiers désaccords avec la rédaction. Un ancien de France 2 le dit encore : "… conforme, très contemporain, de cette génération barbare, entre journalistes et animateurs […], gentiment réac, totalement inculte et s’en fait gloire. Son désir fait loi."
Pistes de réflexions en passant et en vrac, à propos :
- Du danger des rayonnements cathodiques provoquant un surgonflage d’ego caractéristique ;
- De la gêne bien connue à se voir observé et dépeint ;
- De la tentation de rejeter sur l’Autre ses propres difficultés ;
- Du risque encouru par les systèmes d’information à se considérer comme des entreprises de spectacles «audimétrés» ; et par conséquent…
- …à rechercher et promouvoir des journalistes-vedettes plutôt que compétents ;
- De la force redoutable de l’écrit, enfin. Surtout quand il est durement travaillé.
Ça va avec ces « il faut arrêter » ! Et quoi encore ? Ne rien dire des politiciens sous prétexte qu’on ne les « connaît pas personnellement » ? De quoi parle-t-on, que critique-t-on, sinon des apparitions publiques de personnages plus ou moins exhibitionnistes : plus quand ils sont en manquent, moins quand ça déborde à leur désavantage. Et sur ce chapitre, les médias-vedettes ne sont pas en reste – serait-ce à leurs corps défendants, bien qu’ils ne se défendent que bien mollement le plus souvent… Quand au conseil « devenez son ami », bonjour l’argument !