Monopoly. « Ouest-France » s’adjuge trois quotidiens et une télé
Dans le monopoly médiatique qui se joue dans le grand ouest de la France, le quotidien de Rennes vient de rafler quatre mises. Il est en effet en train d’engloutir trois quotidiens de l’ancienne Socpresse (Hersant), que leur dernier propriétaire, Serge Dassault, ne souhaitait pas garder. Il s’agit du Maine Libre (Le Mans), du Courrier de l’Ouest (Angers) et de Presse Océan (Nantes). A quoi s’ajoute, dans le lot, la télévision locale Nantes 7 – la fréquence d’Angers 7 étant déjà allouée à Ouest-France.
Une position hégémonique s'instaure de fait, touchant directement six départements de l'Ouest, tandis que six autres se trouvent déjà plus ou moins vassalisés – à l’exception notable du Finistère où Le Télégramme résiste, et fait même mieux que résister, à coups de potion magique dont il semble détenir le secret.
Non seulement le journal de Rennes est, par sa diffusion (762.000 exemplaires), le plus grand quotidien français, mais sans doute aussi le plus gros physiquement – c'est-à-dire financièrement. Son appétit le met désormais à la table des boulimiques en passe de se distribuer les médias français avant de se manger entre eux… et de finir obèses. La pluralité de la presse – quoi que puisse en prétendre François-Régis Hutin, le patron d'Ouest-France – se trouve une fois de plus mise à mal.
D’autant plus que deux autres affaires de reprise se profilent par ailleurs à l’horizon du très grand ouest. En effet, Dassault ne montre que fort peu d’intérêt direct pour la plupart des journaux qu’il s’est offerts avec la Socpresse. A part Le Figaro, son rêve, et L’Express, sa danseuse, les autres titres l’indiffèrent, pour ne pas dire qu’ils l’encombrent.
Serge Dassault va ainsi jusqu’à se débarrasser de ses deux (petits mais historiques : ses premiers joujoux médiatiques) hebdos d’Île-de-France : Toutes les Nouvelles de Versailles et La Gazette du Val-d’Oise. Ces deux titres vont, selon Libération [23/02/05], être vendus à Publihebdos, une filiale de… Ouest-France. Un pion breton dans le fief d’Amaury (Le Parisien).
La deuxième affaire concerne France-Antilles, seconde branche de l’ex-empire Hersant, tenue par le fils Philippe, propriétaire des quotidiens normands Paris Normandie, Le Havre-Presse et Le Havre Libre. Or, France-Antilles est à la recherche d'un partenaire financier. Et parmi les candidats se trouvent le groupe Amaury, des médias étrangers et… Ouest-France.
Le groupe rennais a racheté, en 2001, le groupe de presse normand Méaulle et a ainsi étendu sa zone de diffusion jusqu'aux portes de la Haute-Normandie. Une prise de participation dans le pôle de France-Antilles permettrait à Ouest-France d'asseoir son installation en Normandie.
France-Antilles édite également L'Union et L’Ardennais et détient des participations minoritaires mais stratégiques dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace et L'Est républicain. Le groupe a lancé le quotidien d’annonces gratuit Paru Vendu à Paris en septembre dernier.
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Photo : Le siège d'Ouest-France, à Rennes-Chantepie.
Avec internet, il y a une plus grande diversité des médias. Je suis actuellement sur votre blog, et pas devant ma télé.