Traité européen. Quand France Inter peine à justifier l’injustifiable
Une fois de plus, un auditeur de France Inter a mis les pieds dans le plat ce matin à propos du manque d’équité des journalistes de la station – du service public de surcroît – dans le traitement de l’information sur le projet de traité européen. Une fois de plus, les journalistes présents se sont piteusement défendus.
A commencer par Bernard Guetta. Minable. Et Pierre Weil, petit comme d’habitude. Tous deux en repliement de gamins pris les doigts dans la confiote du libéralisme, pour le premier, du corporatisme pour l’autre. « Mais où allez-vous chercher tout ça ?! » a mollement protesté, par deux fois, l’animateur tout penaud devant la charge, aimable mais imparable de l’auditeur.
En effet, quoi, où vont-ils « chercher tout ça ? », ces auditeurs qui n’arrêtent de protester – enfin, ceux qui franchissent les filtres du standardiste de garde, comme celui-ci : « Citez-moi un seul journaliste qui ait fait la promotion du non ? A part Daniel Mermet. Je trouve inadmissible, ce bourrage de crâne. Aucun éditorialiste ne tient en compte les tenants du non. Et quand vous annoncez que le non est à 53 ou 56 %, on dirait que vous annoncez la mort de quelqu’un ! » […]
Tjeri : si, tu te trompes lourdement : c’est très grave ! Pour deux raisons :
1) La première a déjà été exposée par Gérard. La différence de traitement entre les deux camps bafoue les règles du jeu démocratiques. C’est inacceptable.
2) La deuxième est que cette différence de traitement devient un argument contre le oui ‑comble du paradoxe!- dans les commentaires que je lis ici et ailleurs.
Le retour de bâton est donc précisément que le oui se saborde : par esprit de contradiction, par raz-le-bol généralisé, les gens penchent pour le non, malgré tous les arguments (trop-plein d’arguments ?) du oui. Il faut dire que des avocats comme Chirac ou Raffarin suffisent à faire perdre toute crédibilité à leur camp.
J’ai un rêve, dans lequel j’imagine que j’assiste à un débat équitable, *démocratique*, qui mettrait face à face :
– d’un côté les arguments de la droite souverainiste et de l’extrême gauche : qui jouent à nous faire peur en ignorant totalement les réalités du monde dans lequel on vit.
– de l’autre les arguments de personnages objectifs, éclairés et retirés de la vie publique, par exemple Robert Badinter ou Jacques Delors, qui soutiennent le oui sans réserve. On sortirait du registre politicard pour toucher le fond de l’enjeu actuel.
J’ose espérer que le oui, alors, serait reconsidéré.
En attendant, je crains que le vote du 29 mai ne soit une répétition de celui d’avril 2002 : un vote par dépit qui nous placerait dans une situation tout aussi délicate qu’à l’époque.
Je m’éloigne un peu trop du sujet initial, donc j’arrête là mon commentaire.