Cannes, festival du Surfait, palme d’or du Divertissement spectaculaire
Cannes ou la fascination par le spectacle, l’exhibition des egos surpondérés, le voyeurisme soumis au règne du surfait, le culte mystificateur porté à la Vedette totémisée, la pornographie du luxe clinquant, le bras d’honneur injuriant la misère du monde, la Connivence des pouvoirs poussée à son paroxysme. Et quoi encore ?
Faut-il s’étonner de ces centaines – milliers sans doute – de serveurs médiatiques, aplatis, accourus ventres à terre, ventres mous, affamés et assoiffés, à la grande messe païenne de la consommation cultureuse ?
Que dire de cette chroniqueuse de France Inter, retombant en pâmoison adolescente, n’en pouvant plus de superlatifs haut perchés pour lancer, au risque de l’évanouissement, sa litanie d’alléluias ?
Que dire de ce journaliste vedette de la radio publique (France Inter toujours) choisissant les paillettes cannoises pour faire sa rentrée spectaculaire et rédemptrice au sortir de convalescence ?
Que dire de cette place inconsidérée consacrée dans les médias, adolescents-convalescents, à ce non-événement – si on retire les mondanités pipoles et les enjeux d’affaires ?
Que dire encore ?, sinon tirer le rideau et la fermer, moi aussi !
Et puis ce matin, je me suis dit : tu serais pas en train de virer vieux schnock, refusant la part du rêve nécessaire à l’animal humain, si humble finalement, ne demandant que son bout de pain et sa part de jeu… Le ciné comme boîte à rêves, cette lanterne magique… Oui mais Platon et sa caverne-ciné, la quête du mieux-être, au delà de l’illusion et du paraître ? Au fond, ce qui me dérange dans la mise en spectacle de la société c’est sa résultante : la société du spectacle. Et, comme Guy Debord, j’en viendrais à souhaiter la mort du cinéma – du moins de ce ciné-là, des étoiles et des paillettes.