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40 ans après le « Vive le Québec libre! », si de Gaulle entrait en campagne ?

Le samedi vers 13 heures 20, faut pas m’emmerder : j’ai «Rendez-vous avec X» sur France Inter. Patrick Pesnot nous fait partager son bout de gras avec le mystérieux «monsieur X», anonyme par définition, menant avec son comparse une toujours passionnante conversation sur un morceau d’actualité internationale passé à l’histoire. Conversation pour ce qui est du ton, en effet très alerte et travaillé comme tel. Mais rien d’anodin dans les propos toujours documentés et, eux aussi, travaillés en même temps qu’alimentés aux meilleures sources. Un vrai régal tout à l’honneur du service public de la radio.

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L’émission du jour [03/02/07] était consacrée au Front de Libération du Québec. À cause de la récente sortie de Ségolène Royal ? Sans doute plutôt en raison du quarantenaire du « Vive le Québec libre ! » de qui nous savons. Mais la coïncidence est tout de même intéressante. Comme me le fait remarquer mon ami Bernard Nantet, « En critiquant Ségolène “Loyal” (comme disent les Martiniquais) sur la souveraineté du Québec, la droite vient d’abandonner à la gauche le discours gaulliste et montrer son américanisme primaire. » Étonnant que le parti socialiste, par son inertie sur la question, ait platement laissé prévaloir l’hypothèse d’une «bourde» de sa candidate… Quand ils ne savent pas, ils n’ont qu’à demander…

C’était donc en 1967. Comme le rappellent les auteurs de l’émission, « le voyage triomphal du président français au Québec avait fait sensation et allait durablement peser sur l’évolution politique du Canada et de la « Belle province ». Encouragement aux sécessionnistes québécois, ingérence inacceptable dans les affaires d’un État étranger. Ou réparation de la faute commise au XVIII° siècle lorsque Louis XV a abandonné à l’Angleterre nos compatriotes installés au Canada ? »

De Gaulle donc, qui n’était pas du genre à lécher les bottes d’un Bush, avait trouvé un stratagème pour éviter toute allégeance diplomatique au gouvernement fédéral anglo-canadien : arriver non pas en avion à Ottawa, mais en remontant le Saint-Laurent à bord d’un navire de la marine française. Le panache ! Et à Québec, quand il débarque, c’est déjà en libérateur. A Montréal, depuis le balcon de la mairie, ce sera le délire.

Le grand Charles, en plus de régler ses vieilles ardoises anti-atlantistes, allait raviver le mouvement indépendantiste québécois. Tant et si bien que trois ans plus tard, les «fléquistes» du Front de Libération du Québec portent un grand coup en enlevant un ministre, qui sera ensuite assassiné dans des conditions obscures.

L’émission d’Inter est surtout revenue sur cette affaire jamais résolue, le meurtre, en 1971, dans la banlieue parisienne, d’un militant fléquiste, Mario Bachand. Qui pouvait avoir intérêt à tuer ce jeune homme exilé en France ? Était-il dangereux ? Ou avait-il trahi ses amis séparatistes ? Ou encore, détenait-il des documents importants dont on voulait s’emparer ? Et pourquoi a-t-il été assassiné quelques jours avant la visite en France du Premier ministre canadien ? On ne saura sans doute jamais.

L’émission est téléchargeable : . On y entend notamment le son du corps gaullien du haut du balcon montréalais.

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