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Une gifle, une baffe, que dis-je ?, un crime !

La « gifle du jour » me consterne à plus d’un titre. A commencer par son traitement médiatique, disons même « mass médiatique », s’agissant de France 2 en son 20 heures du jour [31/1/08], lequel en a fait son titre d’ouverture et de fermeture. Pujadas en particulier, et l’équipe qui le sert, ne semblent avoir de cesse de dépasser en faidiverseries le grand concurrent mené par PPDA. Ils y parviennent le plus souvent sans peine puisque le TF1 de la même heure, à côté et pour un peu, ressemblerait au Monde diplo.

Je vois donc dans cette « affaire » – bon sang, quelle affaire !l’indécente perversion d’un certain système médiatique – je ne dis pas informatif, plus rien à voir. C’est désormais l’irruption du spectaculaire mêlé d’émotionnel dans le champ « informatif » qui détermine d’abord la valeur hiérarchique d’un fait. La chaîne publique, dans une sorte de complexe d’infériorité – le syndrome du Poulidor de l’info télévisée ? – mène en l’occurrence un sprint effréné et vain dans la roue de son grand concurrent commercial.

D’où l’enchaînement dans ce journal de France 2 : gifle - restes d’une fillette disparue - freins de voiture en procès - bousculade de voyageurs bloqués en Chine… Ce qu’en journalisme on appelle la « loi de proximité », appliquée à la va comme je-te-pousse-l’audience, sanctionnée par le spécieux tribunal de l’audimat, c'est-à-dire la pub, le pognon, croissance effrénée, travailler plus et le saint-frusquin. Au nom de quoi le monde peut bien vaciller dans un déséquilibre généralisé, avec des tensions inouïes, des valses de milliards, des drames immenses, violences et souffrances sans nom… Mais ce qui fait la une de la grande télévision, des radios et du système de mass media, c’est une gifle reçue par un sale gamin. Affligeant.

Oui, en langage normal, selon une hiérarchie de civilités basiques, un élève de sixième traitant son professeur de connard est bien un sale gamin méritant une baffe. Et qu’on n’en parle plus, en tout cas pas autrement qu’entre les quatre murs du collège, selon le règlement interne et les critères de civisme fondant une acceptable vie sociale.

Mais ne sommes-nous pas entrés dans l’ère de la Dérégulation (dérèglement suffirait) de tout et du reste ? Je vois poindre les rodomontades moralisantes d’un Finkelkraut (France Culture, samedi matin). Comment lui donner tort sur ce point-là ? Alors que cependant il incriminera la chienlit de Mai 68… Changeons de trottoir.

L’aspect plus intéressant de cette gifle vient de ses conséquences indirectes, au delà de la joue échauffée dudit sale gamin. Car son papa est gendarme et pas pour de rire, comme dans le folklore des cours de récré. Et que ledit militaire de géniteur sentant sa « république » personnelle en grand danger, d’accourir sitôt alerté, en uniforme, sinon précédé des éclats bleus d’un gyrophare de l’urgence gravissime. Mission de sauvetage, incroyable enflure de la surprotection parentale face à la descendance menacée d’extinction ! Garde à vue du délinquant (l’enseignant…) envoyé en correctionnelle !

Les médias, là-dessus, se chargeront de la boursouflure que l’on sait.

Réflexion subsidiaire 1. A propos de ce qu’on voit à longueur d’ « info » – toujours merci les médias – où l’Insécurité plane sur nos têtes comme le Péril majeur, où les Héros et Martyres modernes sont désormais les pompiers, policiers et gendarmes ; où la mort de trois d’entre eux dans un déplorable accident du travail provoque le déplacement compassionnel du président et de deux ministres, pas moins ; où les autres accidents du travail sur les chantiers, dans les usines ne dérangent que les proches des victimes, pas plus ; où les enseignants, justement, ne valent pas un curé dans les valeurs d’un président… de la République – j’en perds mon souffle et ma phrase exaspérée !

Réflexion subsidiaire 2. Ce gamin de gendarme est d'abord un mal élevé. L'école a justement mission d'arranger ça: on lui confie des enfants, ils en font des élèves. Aux parents le… possible, aux enseignants la pédagogie. Aux gendarmes les criminels. Et aux journalistes le discernement, par exemple.

Réflexion subsidiaire 3. Un gendarme venant porter plainte pour une gifle au commissariat scolaire, ça fait cocasse. On supposera que, bien sûr, l'agent de la maréchaussée n'a jamais péché dans l'exercice de ses nobles fonctions.

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Une réflexion sur “Une gifle, une baffe, que dis-je ?, un crime !

  • Et aucun de vous ne s’est deman­dé pour­quoi l’é­lève avait trai­té son prof de connard ?
    La réponse : parce que le prof venait de le pla­quer vio­lem­ment contre le mur. Ha oui, dis comme ça, ça change tout. C’est pour ça qu’on vous l’a pas dit. Voici la ver­sion du Procureur de la République :

    « Il ne s’agit pas du tout d’une simple gifle, mais bien d’une vraie scène de vio­lence longue de 1 minute qui dépasse lar­ge­ment les bornes. La classe entière a été cho­quée par ce qui s’est pas­sé, et ce sont deux élèves trau­ma­ti­sées qui, à la fin du cours, se sont ren­dues à l’infirmerie pour racon­ter ce à quoi elles venaient d’assister.
    A aucun moment le pro­fes­seur n’a deman­dé à l’élève de débar­ras­ser son bureau. L’enseignant a tout ren­ver­sé sans un mot et c’est alors que l’élève de 11 ans, qui en paraît 8 phy­si­que­ment, lui a deman­dé pour­quoi il avait fait cela. Le pro­fes­seur l’a sai­si par le col et pous­sé contre le mur, l’enfant l’a insul­té, la gifle est par­tie. Le pro­fes­seur a ensuite traî­né l’élève en larmes, qui ne tou­chait pas terre, jusqu’à son bureau, puis dans une salle atte­nante où il a exi­gé des excuses qu’il a obte­nues avant de rame­ner l’enfant dans la classe en lan­çant que la paren­thèse était refer­mée et que per­sonne ne devait par­ler de ce qui s’était passé… »

    Une simple gifle, disiez vous ?
    Au pas­sage, le gamin « mal éle­vé » est un enfant de 11 ans, sco­la­ri­sé en 6ème : avec 16 de moyenne, c’est plu­tôt un élève modèle : il n’a d’ailleurs pas une seule éva­lua­tion néga­tive de ses pro­fes­seurs : tout juste l’un d’entres eux exhorte-t-il le petit Alexandre « à “prendre d’a­van­tage confiance en lui ». Ben pour le coup, c’est raté. Frappé, humi­lié, puis conspué par la France entière, vous y com­pris, sur la foi d’une ver­sion par­ti­sane don­née par des syn­di­cats cor­po­ra­tistes. Enfin, exclu et for­cé à chan­ger d’établissement.

    Je crois qu’un cer­tain nombre d’entre vous devez des excuses à cet enfant.

    Je vous sug­gère de signer la péti­tion pour la réta­blis­se­ment des faits et le sou­tien à cet enfant.
    http://​peti​tion​.et​-pour​tant​.org

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