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Regain de tensions à La Havane. Obama répond à Yoani Sanchez sur le blog Generacion Y

Je reçois des nouvelles plutôt alarmantes de Cuba. Un de mes amis cubains qui parvient à m’envoyer des courriels depuis La Havane – et dont je n’avais pas de nouvelles depuis plusieurs semaines – vient de m’adresser quelques lignes dont j’extrais ce passage : « Ici à Cuba, les choses sont super mauvaises. La surveillance gouvernementale est énorme ces jours-ci. Il y a beaucoup de dangers. Je ne peux pas t’écrire dans une telle situation ». Le même, il y a quelques mois me disait sa nouvelle espérance dans le nouveau régime de Raùl Castro… Il a vite déchanté.

Autre sujet d’inquiétude faisant craindre à un retour du « fantôme de 1980 » lorsque de graves tensions avaient opposé adversaires et partisans du régime, et que ces derniers organisaient des « répudiations publiques » à l’encontre des premiers. Il s’agissait alors de dénoncer publiquement les opposants repérés et d’organiser autour d’eux des manifestations hostiles, voire violentes.

yoani_reinaldo.1259085801.jpgUne manifestation de ce genre s’est produite vendredi dernier dans les rues de La Havane à l’encontre de Reinaldo Escobar, le mari de Yoani Sanchez [photo], cette résistante blogueuse dont j’ai parlé ici dernièrement. Reinaldo a adressé une lettre ouverte « à l’ex-dictateur Fidel Castro » au sujet des libertés bafouées. Il s’est ensuite rendu à l’endroit même où, la semaine dernière, sa femme Yoani avait été enlevée et molestée par des flics en civil. Il était attendu par un cortège hostile monté « spontanément » avec fanfares, forces flics en civil et quelques dizaines de manifestants criant des slogans de soutien à Fidel et Raùl, proférant des injures à l’encontre de Reinaldo, le traitant comme d’habitude de vermine [gusano] et le menaçant physiquement. Finalement il a été extirpé par des flics en civil qui l’ont ensuite relâché.

De son côté, à partir de son blog, Generacion Y, Yoani a adressé deux séries de sept questions à Raul Castro et à Barack Obama sur les conditions d’un rapprochement politique cubano-américain. Si l’un n’a pas répondu (devinez qui), l’autre si – certes en termes fort pesés, mais qui ont fait sensation dans les milieux cubains informés – ceux du pouvoir, bien sûr. Les réponses du président US se trouvent sur le blog de Yoani Sanchez . Elle et son mari deviennent des opposants d’autant plus encombrants que leur notoriété est désormais considérable, surtout à l’étranger. Cette jeune femme fait montre d’un grand courage, à l’égal des opposants historiques qu’ont été, sous d’autres cieux du communisme radieux, les Havel, Walesa, Pliouchtch, Boukovski, Grigorenko... sans oublier, à Cuba cette fois, les innombrables Valladares, Matos, Reinaldo Areinas et jusqu’à la propre fille de Fidel, Alina Fernandez.

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2 réflexions sur “Regain de tensions à La Havane. Obama répond à Yoani Sanchez sur le blog Generacion Y

  • entxus

    Il n’y a pas de socié­té par­faite. Cette véri­té pre­mière reste la grande oubliée quand on parle de cer­tains pays tels que Cuba. Quand on se per­met de cri­ti­quer ou de faire des juge­ments de valeur, quand on cherche a faire pas­ser un mes­sage, on le fait en oppo­sant deux réa­li­tés : La leur et la notre :

    -Société sous sur­veillance ou le manque de liber­té d’expression est omniprésent.
    ‑Discrimination de tout type (à l’encontre des artistes, des homos, des pri­vi­lé­giés ayant accès à des richesses ou à des privilèges…et tant des choses encore).

    Mais qui pour­rait devi­ner le pays dont on parle ?

    -Ces jours ci aura lieu la col­lecte des den­rées non péris­sables des­ti­nées aux plus néces­si­teux (tache qui nous concerne tous en tant que soli­daires avec « LES AUTRES »
    ‑Demain aura lieu la col­lecte des dons pour aider la recherche médi­cale, TELETON.
    ‑Nous pou­vons voya­ger libre­ment sur inter­net en pre­nant soin de ne pas uti­li­ser cer­tains mots qui déclen­che­raient la chasse à l’opposant ou tout sim­ple­ment la chasse au client.
    ‑Certes, nous pou­vons voter mais nous trou­vons avec des taux de abs­ten­tion tel­le­ment impor­tants que on peut se deman­der à l’issu de celles-ci qui repré­sentent nos dirigeants.
    ‑Nous avons accès à l’enseignement. Est-ce qu’il faut rajou­ter les détails navrants des recou­pe­ments des postes d’enseignant etc. ? Pour les hôpi­taux c’est la même chose.
    ‑Avons-nous oublié qu’on pra­tique la chasse à l’opposant poli­tique et que le fait de fer­mer des médiats ou d’interdire des par­tis poli­tiques est une réa­li­té « vivante »
    ‑Que dire du consu­mé­risme accé­lé­ré qui fait s’endetter beau­coup des familles pour pou­voir ‘être comme les autres’.
    Avons-nous oublié les ghet­to des cités condam­nées au déses­poir et dont l’exutoire reste ces quelques voi­tures brû­lées les fins de semaine et la drogue tous les jours.
    Savez vous ce qu’est le quart monde ?
    Combien de per­sonnes vivent dans des voi­tures, dans la rue mal­gré le fait d’avoir un tra­vail faute de pou­voir se payer un logement. ?

    Et encore un grand ETC.

    La réflexion qui m’inspire les com­men­taires de ces oppo­sants c’est qu’il s’agit uni­que­ment de l’intoxication.

    Certainement on peut repro­cher au gou­ver­ne­ment cubain de ne pas être par­fait et sans doute d’avoir un coté obs­cur parce que secret ou auto défen­sif. Il s’agit d’un pays atta­qué conti­nuel­le­ment éco­no­mique, poli­tique, média­tique et ‘ter­ro­ris­te­ment’. Que serait deve­nu CUBA POST REVOLUTIONNAIRE si elle avait pu mener à bien son pro­jet d’avenir, si on ne s’était effor­cée de luter contre l’ennemi rouge au lieu de consi­dé­rer l’avancée humaine que sup­po­sa pas­ser des oppres­sions colo­nia­listes à une socié­té éga­li­taire, avec autant de défauts que le fait d’être un ‘pro­to­type’ peut entraîner.

    Malgré tout, Cuba a obte­nu des résul­tats IMPRESSIONNANTS qu’on devrait admettre et respecter.

    Viva le peuple cubain aus­si débrouillard, tri­cheur et ancon­for­miste qu’il soit. Qu’il n’oublie jamais d’où il vient

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    • Gérard Ponthieu

      « il s’agit uni­que­ment de l’intoxication. », dites-vous, à l’ins­tar des néga­tion­nistes de tous temps. Et pour pré­ci­ser des temps fas­cistes dont le propre est pré­ci­sé­ment le déni du réel et du vécu au pro­fit, si on ose dire, de l’i­déo­lo­gie mys­tique et mortifère.

      Allez aus­si voir là, sait-on jamais : http://c‑pour-dire.com/?p=2737

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