Scanners corporels dans les aéroports. Contrôle d’identité et négation de l’identité
La politique, de nos jours, c’est comme la médecine : renonçant à attaquer la maladie par ses causes, elle tente de soigner avec des remèdes. Ou bien, plus courant, elle casse le thermomètre pour cacher la fièvre. Ainsi rien n’est-il jamais guéri. De plus, le monde est désormais trop mal en point pour l’acharnement à coups de potion magique. Même le traitement de cheval n’y ferait pas grand chose. Pessimiste, le mec ? Seulement réaliste.
Parlons du terrorisme mondialisé. De ces fanatiques voulant terroriser la Terre entière, au nom et au service de leurs croyances. Qu’y pourront jamais tous les scanners corporels censés les débusquer ? Dans cet éternel « jeu » de Tom et Jerry, version Disney et sado-maso de David et Goliath, les épisodes se suivent sans fin dans leurs courses absurdes. Cette nouvelle génération de terroristes kamikazes diffère des précédentes en ce sens qu’elle n’a rien à échanger, pas même la vie. Qu’est-ce donc qui pourrait arrêter une telle folie meurtrière ? Comment empêcher un kamikaze d’embarquer normalement dans un avion chargé de ses bagages bourrés d’explosif et d’actionner la détonation depuis la cabine avec son téléphone portable ?
S’il n’était sans doute déjà trop tard, on pourrait croire qu’une redistribution dans le grand spectacle géo-politique – en particulier une redistribution des richesses mondiales de manière un tant soit peu équitable – vienne calmer ces ardeurs désespérées… Car toute folie émane de conditions bien particulières – si on écarte les exceptions à caractère « spontané ». Avidité insatiable des riches; arrogance des pouvoirs politiques et économiques ; insolence des dominations culturo-marchandes ; négation concomitante des différences et des altérités ; confiscation des moyens d’expression : voilà, et j’en passe, de quoi alimenter bien des frustrations et des rancœurs. Toutes choses indétectables au scanner !
Comme les autres partenaires du « monde occidental » (= civilisé et puissant puisque riche), le gouvernement sarkozien va se plier à l’injonction états-unienne anti-terroriste d’ajouter une nouvelle couche de technicité poussée. Il faudra donc en passer par les scanners corporels avant de prendre l’avion. La Terreur a encore gagné cette manche : c’est bien elle qui commande.
Depuis le 11 septembre 2002, en particulier, les aéroports sont devenus les lieux du flicage extrême. Procédures et contrôles multipliés, passeports « biométriques », caméras, portiques, détecteurs et flics en surnombre nourrissent une suspicion généralisée. Et voilà que de nouveaux engins rayonnants, au nom du dogme sécuritaire vont fouiller jusqu’au tréfonds de nos tripes. Contrôle d’identité ? Ou négation de l’identité ?
Rendons aux Bush Père & Fils, and Co, la paternité de cette obsession sécuritaire, cette pandémie dont le foyer stagne, quoi qu’on en dise, au Proche-Orient – c'est-à-dire autour du chaudron israélo-palestinien et ses extrémismes. À Obama en premier de retrousser enfin ses manches de ce côté-là. Sinon, il faudra même placer des scanners corporels aux embarcadères du ferry-boate dans le Vieux port de Marseille. A peine une exagération, dans la mesure où les empires, même – et surtout – déclinants ont toujours besoin d’un ennemi extérieur. Ne surtout pas attraper Ben Laden !