Nucléaire civil : Des centaines de milliards d’euros… à quel prix ?
Retour en force du nucléaire, suite (et pas fin !). J’alertais ici il y a quelques jours sur le retour annoncé du nucléaire dit civil (comme civilisation…) à la faveur du réchauffement claironné. Rien de prophétique là-dedans, alors qu’il s’agit tout bonnement, si on ose dire, d’un effet direct de la main visible du Marché.
AFP du 8/3/10 :
«Paris accueille, lundi 8 et mardi 9 mars, une conférence ministérielle, réunissant 65 pays, sur le thème de la "renaissance" du nucléaire civil dans le monde, et les moyens de s'assurer que les Etats qui partent de zéro en la matière pourront se doter de cette source d'énergie dans les meilleures conditions de sûreté.
"Le président Nicolas Sarkozy a annoncé la création d'un Institut international de l'énergie nucléaire regroupant les meilleurs enseignants et chercheurs français, dans le cadre d'un réseau international destiné à former des spécialistes du nucléaire civil dans le monde. Cet institut fera partie d'un réseau international de "centres d'excellence" spécialisés, dont le premier sera mis en place en Jordanie, a précisé le président français lors de l'ouverture d'une conférence internationale sur l'accès au nucléaire civil.
« Quelque soixante-cinq pays, dont une majorité d'émergents, sont conviés à Paris lundi et mardi dans le cadre de cette conférence. En ligne de mire, un marché très prometteur de plusieurs centaines de milliards d'euros. Cette conférence intervient alors que la filière française du nucléaire (EDF, Areva, GDF-Suez...) a subi un revers majeur en décembre en laissant échapper un contrat de 20 milliards de dollars (14,6 milliards d'euros) pour la construction de quatre réacteurs aux Emirats arabes unis. »
Au fond, la question du nucléaire relève d'une équation simplissime : le profit sans la prolifération. Sauf qu'il s'agit d'une contradiction, aussi insoluble que sa dissimulation est éhontée. Comment pourrait-on, par quel miracle? multiplier le nombre d'installations nucléaires sans augmenter le risque de dissémination des produits radioactifs hautement dangereux ? Par des règlements pardi ! répondent nos irresponsables politiciens – notons qu'il s'agit là de l'exact pendant à la politique intérieure sarkozienne consistant à empiler des lois toujours plus coercitives pour régler le… dérèglement de la société – que ladite politique ne cesse d'aggraver. C'est tout connement la politique de Gribouille doublée de celle du sapeur Camember, lequel étant passé maître dans l'art de creuser un trou pour en boucher un autre. Mais ici on ne joue plus dans le cocasse. Sans craindre de paraître pompeux (sapeur), il ne s'agit rien de moins que de l'avenir de l'humanité.
La dernière, publiée hier sur lemonde.fr ce matin : Des documents internes d’EDF évoquent la sûreté de l’EPR –
Transmis par une source anonyme, des documents internes d’EDF ont été rendus publics, samedi 6 mars, par le réseau Sortir du nucléaire. Ces données révèlent que, par conception, le réacteur EPR en construction à Flamanville (Manche) « implique un sérieux risque d’accident majeur ». Ces documents, qui couvrent la période 1999 – 2007, analysent les marges de sûreté du réacteur en cas d’éjection des « grappes » qui servent à piloter le réacteur. EDF indique que ces analyses de risque font partie des études habituelles permettant de constituer le dossier de mise en service de l’EPR, qui sera soumis à l’Autorité de sûreté fin 2010. Pour Sylvie Cadet-Mercier, de la direction de la sûreté des réacteurs de l’Institut pour la radioprotection et la sûreté nucléaire (IRSN), les documents mis en ligne par Sortir du nucléaire ne constituent pas un motif d’inquiétude.
On se frotte les yeux : « Pas un motif d’inquiétude » ! L’art de masquer les problèmes par l’apparente placidité nucléocratique.