La Côte d’Ivoire en proie à la guerre civile
Voilà la Côte d'Ivoire à nouveau entraînée dans le gouffre. En proclamant aujourd’hui [3/12/10] « la victoire de Laurent Gbagbo » à l'élection présidentielle du 28 novembre, le conseil constitutionnel à la botte du président sortant vient d’enclencher le pire. C'est-à-dire, probablement et hélas, le début (ou la reprise) d’une guerre civile et peut-être aussi la partition du pays.
Ces résultats du conseil constitutionnel (51,45 % des voix à Gbagbo) contredisent, et invalident, les résultats provisoires annoncés jeudi par la commission électorale indépendante (CEI), qui ont donné le candidat de l'opposition et ex-premier ministre, Alassane Ouattara, gagnant du scrutin avec 54,1 % des voix contre 45,9 % au sortant.
Laurent Gbagbo, cet ancien prof d’histoire marxisant, ancien opposant au dictateur « éclairé » Félix Houphouët-Boigny dans les pas duquel il s’est empressé de mettre les siens, aggravant ainsi le schisme entre le sud et le nord du pays. De ce nord érigé en forteresse anti-Gbagbo, autour d’Alassa, ex-directeur général adjoint du FMI et chantre d’un modernisme africano-libéral.
Ce n’est là, en quelques mots, qu’une image réductrice face à une réalité des plus complexes dans laquelle s’entremêlent l’histoire coloniale et, par delà, les luttes tribales et même confessionnelles – le concept d’ « ivoirité » marquant cette frontière scabreuse entre un nord tourné vers l’influence musulmane et un sud « de la forêt », plus animiste et aussi christianisé.
> > Articles sur « C’est pour dire » en tapant « Côte d’Ivoire » dans la case Recherche. Et aussi un reportage de février 2008, « Jour tranquille à Petit- Danané ", un trop rare moment de paix.
Il n’était pas besoin d’être grand clerc pour prédire le coup de force de Gbagbo, qui n’était nullement disposé à laisser son trône …
Je me demande si, au fond, la moins mauvaise solution ne serait pas cette partition que tu évoques …
Aspect corolaire de la situation, la réaction de nos solfériniens, qui, au nom de vieilles solidarités, continuent de soutenir un potentat insoutenable (et je crains bien que ce ne soit aussi la position de Méluche …) !
Oui, espérons que ça ne tourne pas à la catastrophe humaine que tout le monde craint. Ce serait aussi un nième echec en Afrique de la démocratie à l’occidentale, dont le couperet au dixième de pourcent près laisse peut-être trop de possibilités de tricher et pas assez de place pour négocier… Quant à Houphouët et Gbagbo, ils ont une différence fondamentale : le premier a assuré à la Côte d’Ivoire 40 ans de paix et de prospérité (même s’il s’est largement servi le 1er), alors que le second ne cesse de pousser le pays dans la guerre et la ruine… Ce n’est tout de même pas pareil !