Cosmodiversité. Un message de l’infinie banlieue…
Salut les Terriens ! Voilà : le 30 décembre dernier, en l’an MMX donc, j’ai reçu un message d’un site astronomique. Il annonçait que cinq nouvelles exoplanètes venaient d’être découvertes grâce au télescope Kepler et que ce serait les dernières de l’année. J’en déduisais incidemment que les astronomes devaient être des gens comme vous et moi et qu’ils ne travailleraient pas le dernier jour de l’année. Ce qui ne changerait rien à la valse magistrale des astres, ni à la nôtre, nous les poussières d’étoiles. Quoique.
Car n’avons-nous pas, dès les premières découvertes astronomiques, changé notre rapport au monde et, avec lui, notre regard sur l’univers, les dieux et les hommes ? En fait, les vraies premières découvertes de ce type, ce sont celles que connaît tout humain levant les yeux au ciel. "Ma théorie à moi" sur la question (je me la valide tout seul… même si elle a été émise des millions de fois depuis la nuit des temps…), c’est de situer là l’origine de l’humanité pensante. C’est là, oui, que je vois surgir la conscience chez l’animal humain peinant à se tenir debout et à lever le nez vers l’inconnu astral.
Je pense aussi (donc je suis 😉 ) que les animaux qui tentent un regard vers le ciel, au-dessus d’eux, pas seulement devant et au loin, cheminent insensiblement vers la prise de conscience. Comme Darwin, je pense que les animaux domestiqués par l’Homme, ont profité de ce rapprochement « pédagogique » et que, peu à peu, leur regard s'est levé vers le ciel, ne serait-ce que par brefs instants. Voilà pourquoi aussi nous communiquons avec eux, ayant cela en partage : ce sentiment diffus d’appartenir à l’immensité, à l’inconnu magistral.
Ainsi, de toutes les nouvelles reçues en fin d’année, celle-là me fut la plus belle. Elle me disait : T’as le bonjour de cinq planètes jusque là inexistantes, puisque pas détectées, même pas nommées. Une histoire de rois mages, moins le mythe – qui cache. Ici, la science et la technique de l’homme, m’annoncent une naissance – des quintuplées –, m’adressent un faire-part sans magie voulue, mais magique dans son effet, dans sa levée d’un petit coin de voile sur le grand mystère de l’infini.
Le message disait que les planètes avaient été non pas dénommées mais baptisées « 4b, 5b, 6b, 7b et 8b » – certes on aurait pu craindre le pire, genre : Jessica, Déborah, Jennifer, Loana, Chiara… Mais tout de même, cette idée et le mot lui-même de baptême… On n’en sort pas de la fange ecclésiale, de cette tête pesante qui toujours retombe vers les pieds, le bas, le tréfonds, la noirceur et les peurs ancestrales bien sûr liées à la mort. C’est ainsi.
À moi, cette nouvelle m’a donné l’ivresse du vertige. Une exoplanète, c’est un astre en dehors de notre système solaire, mais toujours dans notre galaxie – notre banlieue en somme, à peine de l’autre côté du périph’. D’autres télescopes ont déjà détecté 415 exoplanètes… la première l’ayant été en 1995 depuis l’observatoire de Saint-Michel-de-Provence, ma banlieue à moi… Et dire qu’on dénombre (provisoirement je présume…) quelque 234 milliards d’étoiles (de soleils) dans notre seule galaxie, laquelle « voisine » avec 130 milliards de « semblables ». Ça, je l’ai piqué à la radio le jour de l’an neuf, sur France Inter quand Denis Cheyssoux (CO2 mon amour) philosophe sur la « cosmodiversité » en compagnie de Jean-Marie Pelt, dans la nuit et la neige de son jardin de Moselle. C’est un grand moment, que j’ai repiqué ici même. Les meilleurs vœux qu’on puisse entendre sur les ondes, nous les « tout petits, tout petits, tout petits ». Un quart d'heure, l'éternité.
[audio:https://c-pour-dire.com/wp-content/audio/1JMPelt20110102 1506.1.mp3|titles=JM Pelt & D Cheyssoux/France inter|autostart=no]PS : Après-demain, j'enterre un cher vieil oncle, rappelé au cosmos. Ça se passe tout près, vraiment tout près de Saint-Michel-l'Observatoire, en Haute-Provence. "C'est la vie".
Paraitrait qu’au miocène l’ouverture des Rift Valley africaines a bloqué les masses pluvieuses arrivant de l’ouest. La forêt tropicale de l’est n’étant plus arrosée s’est transformée en savane. Le ciel autrefois masqué par les arbres est devenu visible depuis le sol. Les grand singes qui peuplaient l’ancienne forêt ont alors pu regarder les étoiles et ils sont devenus des hommes…
« Qu’on ne dise pas moi d’abord, mais qu’on pense aussi aux autres avec de l’amour pour eux…Garder la proximité du « prochain », celui qui est autour de nous ». C’est vrai qu’ils sont très beaux ces voeux de J.M. Pelt.
En hiver, par les soirées très froides et claires de Lorraine, au moment de la dernière promenade avec mon chien, je regarde ce ciel incroyable qui me fait mesurer toute notre insignifiance. Quelques chansons de Jacques Bertin nous accompagnent – il est vraiment gâté mon chien ! – et parmi elles « L’aube à Cassis » (ta banlieue aussi sans doute):
« J’ai confié à un ciel d’hiver
ces chansons faites pour personne… »
Mais c’est vrai que, quand Orion n’est pas visible, le ciel n’est pas tout à fait le même.
C’est étrange que tu associes cette histoire d’étoiles à la mort de ton « tonton ». Connais-tu cette belle chanson de Michèle Bernard évoquant la mort de son père en ces termes :
« Je guette dans la nuit le clin d’œil d’une étoile
Qui m’dirait qu’t’es pas mort, que t’as pas pu rester
Tout seul allongé
Comme un crayon dans son plumier »
Regarde bien les étoiles demain., je suis sûr qu’elles te feront un clin d’œil…
Et en plus tu cites deux poètes-chanteurs que j’aime, dont mon pote Bertin qui vient chanter à Aix-en-Provence ce 14 janvier.
Et çui-là :
« Dors : on t’appellera beau décrocheur d’étoiles !
Chevaucheur de rayons!… quand il fera bien noir ;
Et l’ange du plafond, maigre araignée, au soir,
– Espoir – sur ton front vide ira filer ses toiles. »
Tristan Corbières
La poésie, l’art : quand tout se goupille parfois, malgré la brutalité de ce monde. Résistons !
Service après-« vente »… On en était resté à « 8b ». Une nouvelle alerte m’apprend ce soir que « 10b » vient d’être découverte. (Quid de « 9b » ?) Les astronomes ont donc repris le boulot 😉 La « petite dernière » se porte bien : 4,5 fois la masse de la Terre ; personne à bord (semble-t-il, vu d’ici-bas). Je vous passe les détails.