Une République qui s’envoie en l’air, ça retombe comment ?
Si vous suivez un peu « C’est pour dire » , vous êtes au courant de l’escapade bruxelloise de Sarkozy avec ses deux avions officiels, "Air Sarko One" et "Carla One". On comprend mieux aujourd’hui le pourquoi de la présence du Falcon 7X présidentiel, ainsi que l’a révélé France Inter. Le chef de l’État a utilisé cet appareil de luxe de seize places (la République a de grands besoins) pour un déplacement privé à New York, un voyage éclair de 48 heures, le temps de faire notamment quelques emplettes dans des boutiques de luxe de la Cinquième avenue.
Ce genre de révélation n’est pas pour plaire à la présidence de la République, certes, qui a réagi mardi en précisant que Nicolas Sarkozy "s’est acquitté d’un billet au tarif commercial, lors d'un voyage privé à bord d'un avion appartenant à l'Etat. » Selon la présidence, citée par lemonde.fr , le chef de l’Etat s’acquitte toujours, dans ce cas de figure, du prix d’un billet en classe affaires, soit un tarif compris entre 2.000 et 4.000 euros.
Un tarif sur lequel s’interroge le site du quotidien qui précise que le prix d’un vol en Falcon 7X n’est pas le même que celui sur un avion de ligne. Si un vol régulier en classe affaires coûte entre 1.000 et 4.000 euros, une heure de vol en Falcon 7X coûte, elle, 7.000 euros et surtout la location d’un tel appareil par un particulier l’obligerait à débourser des centaines de milliers d'euros.
C’est en fait la Cour des comptes qui justifie une telle pratique. Dans son rapport de 2009, elle avait souligné que le chef de l’Etat – en fonction 24 heures sur 24 – ne peut faire autrement que de prendre un appareil gouvernemental, même dans le cadre de déplacements privés pour des raisons de coûts. Le président de la Cour des comptes avait expliqué, à l’époque, qu’il était, en effet, plus coûteux de le faire voyager sur un avion de ligne que sur un avion de l’ETEC - l'Escadron de transport, d'entraînement et de calibration - en raison du dispositif de sécurité nécessaire à la protection du président de la République. Ainsi, en payant entre 2.000 et 4.000 euros pour voler à bord du Falcon 7X, Nicolas Sarkozy n’a fait que suivre les recommandations de la Cour des comptes… Et toc !
La question qui demeure est tout de même celle de la nécessité pour un président, de la stature que l’on sait, d’aller, en pleine crise géopolitico-économique, faire des emplettes de riche dans des magasins newyorkais de luxe et au moyen d’un avion de luxe payé par le bon peuple.
Comme pour Fillon, MAM et le faux ravi de Woerth (pour ne citer qu'eux), le problème est précisément qu’ils ne voient pas où se situe le problème. Tant les questions d’éthique et, disons seulement de décence, leur sont étrangères. Ils ne vivent pas dans le même monde que la population – la populace confrontée aux incertitudes du lendemain quand ce n’est pas à celles du jour même.
Ça nous ramène une fois encore à cette décence commune chère à George Orwell. Et ça me renvoie à ce que j’en disais en juin dernier, à propos de cette insupportable impudence : « Ce goût du luxe jusqu’à la luxuriance, cette avidité pour la « clinquance » (on en est à inventer des mots !), la cherté obséquieuse du bling-bling, le jamais assez et donc toujours plus, voilà la névrose obsessionnelle des puissants de ce monde qu’ils mettent en coupe réglée ! La question est bien celle du pognon exorbitant dont certains se goinfrent avec une avidité encore jamais vue. Je dis bien « vue », en ce sens où le caché d’avant, sans doute, valait bien l’étalage actuel, devenu indécent jusqu’au porno ! »
Un petit air pour l'envol… Merci Boris Vian et Serge Reggiani pour ce "Maxim's" qui rime tant avec Fouquet's.
[audio:https://c-pour-dire.com/wp-content/audio/1maxim's.mp3|titles=Maxim's|autostart=no]On peut savourer aussi ce couplet là, terriblement moqueur :
UMP - Je veux une République irréprochable
envoyé par ump. - L'info internationale vidéo.
Les Français n’ont pas encore compris, puisqu’apparemment (si le sondage est bien représentatif, ce qui reste à prouver…) ils ne sont « que » 52 % à désirer la démission de MAM.
Moi je dis, comme Mélenchon : « Qu’ils s’en aillent tous!!! »
De ces 48% de Français qui ne voient pas la nécessité de demander la démission de MAM, on peut supposer qu’hélas, s’ils étaient à un tel poste, ils feraient pareil… Le sens civique ne doit pas représenter grand-chose pour eux!!!
Heureusement, les magistrats de droite comme de gauche ont conscience, eux, de l’hypocrisie arrogante des dirigeants actuels !
Les dessinateurs de presse vont bientôt pointer à pôle emploi. Car comment dessiner un tas de merde qui s’exprime ? Comment caricaturer la caricature ? Hein ? Je jette crayon et souris et m’en vais bêcher le jardin, hop ! C’est quelle année 2012 déjà ?