Les révoltes du monde arabe interpellent l’Afrique noire
On a peut-être parlé un peu vite de contagion. Les événements de Tunisie ont agi comme éveilleurs dans ce monde arabe que l’on a cru condamné à l’errance fondamentaliste ou, au mieux, à l’immobilisme. Éveilleurs mais non nécessairement déclencheurs, car les mouvements sociopolitiques n’obéissent pas à la simple mécanique des dominos. Et la question demeure dans sa dimension géopolitique : Comment inventer un modèle affranchi de la tyrannie mafieuse ou religieuse ?
Éléments de réponse intéressants avancés dans Le Monde [5/02/11] par Hasni Abidi, politologue, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam) à Genève. À la fin de son article intitulé « Vers la fin de l’exception arabe », il conclut : « Nul ne peut prévoir l'avenir, mais les événements en Tunisie ont pris tout le monde de court. La première victime de ce mouvement de révolte dans l'espace arabe est le paradigme culturaliste. Longtemps, la politologie a baigné dans l'idée d'une particularité culturelle du monde arabe pour en expliquer les déficits chroniques en matière de démocratie. La rue a eu raison du différentialisme arabe. »
Un autre différentialisme reste à abattre : celui de l’Afrique noire, qu’un certain « discours de Dakar » d’un certain président bien téméraire et ignorant a commis en 2007. Les événements de Tunisie l’ont à jamais décrédibilisé. Il est vrai que Sarkozy se référait plutôt à l’Afrique subsaharienne.
Va pour l’Histoire, il n’empêche que les interrogations se tournent aujourd’hui vers l’Afrique et sa cinquantaine de pays aux régimes bien peu reluisants – sauf à chercher à la loupe, dans certaines circonstances ou à bien des réserves près…
Au Sénégal aussi, le vieux chef mouride Wad cherche à installer son fils pour continuer sa dynastie. Faudrait aussi qu’il dégage !