21 mars, journée de lutte contre le racisme
La Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale est célébrée chaque 21 mars, pour commémorer ce jour de 1960 où, à Sharpeville (Afrique du Sud), la police a ouvert le feu et tué 69 personnes lors d’une manifestation pacifique contre les lois relatives aux laissez-passer imposées par l’apartheid. En proclamant la Journée internationale en 1966, l’Assemblée a engagé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour éliminer toutes les formes de discrimination raciale.
Certes, il ne faut pas attendre de miracles de ces journées. Mais elles peuvent contribuer à dénoncer le racisme, dont les racines sont ancrées profondément dans les cultures et dans les structures psychologiques, elles-mêmes nourries par l'Histoire.
"Strange Fruit" est une chanson fameuse que Billie Holiday interpréta pour la première fois en 1939, au Café Society à New York. Ce poème écrit en 1937 par Abel Meeropol compte parmi les réquisitoires artistiques contre les lynchages couramment pratiqués dans le sud des États-Unis ; elle est en outre considérée comme l’une des premières manifestations du mouvement des droits civiques dans ce pays
Paroles et traduction de «Strange Fruit»
Paroles et musique de Abel Meeropol
Strange Fruit (Fruit Etrange)
Southern trees bear strange fruit
Les arbres du Sud portent un fruit étrange
Blood on the leaves and blood on the root
Du sang sur leurs feuilles et du sang sur leurs racines
Black bodies swinging in the southern breeze
Des corps noirs qui se balancent dans la brise du Sud
Strange fruit hanging from poplar trees
Un fruit étrange suspendu aux peupliers
Pastoral scene of the gallant South
Scène pastorale du vaillant Sud
The bulging eyes and the twisted mouth
Les yeux révulsés et la bouche déformée
Scent of magnolia sweet and fresh
Le parfum des magnolias doux et printannier
Then the sudden smell of burning flesh
Puis l'odeur soudaine de la chair qui brûle
Here is a fruit for the crows to pluck
Voici un fruit que les corbeaux picorent
For the rain to gather, for the wind to suck
Que la pluie fait pousser, que le vent assèche
For the sun to ripe, to the tree to drop
Que le soleil fait mûrir, que l'arbre fait tomber
Here is a strange and bitter crop !
Voici une bien étrange et amère récolte !
L'auteur de la chanson, Abel Meeropol, était un enseignant juif d’origine russe vivant dans le Bronx et membre du Parti communiste des États-Unis d'Amérique. En 1937, très choqué après avoir vu des photos du lynchage de Thomas Shipp et d'Abram Smith, il écrivit le poème, qu’il publia sous le pseudonyme de Lewis Allan ( les deux prénoms de ses enfants) dans le magazine New York Teacher et le journal communiste New Masses. Un peu plus tard, il mit le poème en musique.
Lire aussi :
Pourquoi distingue t‑on racisme et antisémitisme ? Une autre forme de racisme ? En attendant, ces tristes fruits chantés par Billie Holiday nous renvoient également à la ballade des pendus de François Villon. Une journée, c’est bien court pour décrocher ces malheureux.
L’antisémitisme est une forme de racisme dans le sens où il vise un ensemble d’êtres humains en raisons de leurs origines : géographiques, linguistiques, religieuses, culturelles, et même « ethniques » (au sens anthropologique). Donc un ensemble disparate. D’autant plus qu’il n’y a pas de « race juive », ce qui distingue l’antisémitisme du racisme. Mais, du fait de la généralisation qui le commande, il vaut tous les racismes : « tous les Noirs sont… », « tous les Arabes sont… ». Et pour reprendre Desproges : « tous les Juifs sont juifs » !
Le racisme mine le monde moderne (entre autres calamités). C’est le rejet de l’autre quand cet autre me paraît trop différent de moi, ou qu’il représente une menace pour ma propre existence (ceux qui viennent manger mon pain…). Il opère aussi à l’intérieur d’un même groupe, je veux dire d’une même « couleur ».
Nier la notion de race, comme le veut aujourd’hui le politiquement correct, et même si la science biologique le justifie, me semble regrettable. Elle voudrait du même coup nier ces différences, pourtant réelles sur le plan des apparences physiques – et aussi sur le plan des réalités culturelles –, là où il s’agirait précisément d’élever la diversité au niveau de la richesse humaine.
Qu’en penses-tu, mon camarade Faber ? Et qu’en pense-t-on, les penseurs ?
Les esclavagistes aux ztazunis étaient (sont) de bons chrétiens…
Les marchands de « nègres » en afrique : de bons musulmans…
Et toujours une grand partie de l’Afrique dans l’impasse.
Finalement, les Bons Blancs n’aiment pas leurs origines…
Et n’oublions pas non plus qu’Abel Meeropol a également recueilli les deux enfants Rosenberg après l’exécution de leurs parents aux États-Unis pour avoir transmis aux Russes les secrets de la bombe A (ce qui était faux, les renseignements en question étant insuffisants).
Le racisme contemporain me semble plus que jamais une conséquence inéluctable du pullulement démographique. Que faire d’autre, face à celui qui procrée à tour de sexe, que de le haïr pour chercher à l’éliminer ? Peut-on réduire l’excroissance humaine sans violence, et donc sans détestation de ceux qui sont différents ?
On ne parle plus trop de la « bombe P », – P comme Population. C’est toute la question de l’avenir de l’humanité (posée ainsi au moins depuis Malthus – et Darwin !), et des positions optimistes ou pessimistes, notamment selon les projections démographiques. Seize milliards d’humaines à la fin du siècle ? De quoi débattre ! J’ai prévu d’y revenir un de ces quatre.
Cher Ponthieu, je reviens du salon du livre de Paris, les 16 milliards d’humains y sont, j’ai compté le nombre de guibolles et divisé par 2. Et il manque déjà cruellement de paninis et pissotières pour tous.
Ça ne m’étonne pas : nous sommes foutus !
Et ton bouquin ? Épuisé, comme l’auteur ?