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Fukushima, quatre ans après – le désastre sans fin

Samedi 14 mars, réaction en chaîne humaine dans la vallée du Rhône – Provence-Alpes-Côte d’Azur

Pour la transition énergétique sans nucléaire !

Programme et itinéraire :

http://chainehumaine.fr/trajet-previsionnel-de-la-chaine-humaine-du-14-mars-2015/ 

Sinistre anniversaire que ce quatrième marquant la catastrophe de Fukushima. À 14 h 46, ce vendredi 11 mars 2011, un tremblement de terre d’une magnitude 9 se produit, endommageant la centrale nucléaire de Fukushima Daini dès ce moment. À 15 h 30, une vague de 15 mètres générée par le séisme atteint la centrale de Fukushima Daiichi, construite à une hauteur de 6,5 à 10 m au-dessus du niveau de la mer. Pour Fukushima-Daini, l’exploitant Tepco avait construit un mur qui ne pouvait résister qu’à un tsunami de 5,7 mètres de haut maximum. Trois des six réacteurs se mettent à l’arrêt automatique. Tandis que les systèmes de refroidissement tombent en panne, ainsi que les groupes électrogènes de secours.

Et c’est la catastrophe majeure : fusion des réacteurs, explosions ou incendies des enceintes 1 à 4, dispersions radioactives dépassant 300 fois la norme admissible, contamination sur un rayon de plus de 80 km, déplacement de milliers de riverains, rejet d’eau fortement radioactive dans le Pacifique, situation incontrôlable de l’ensemble des installations – et nullement stabilisée aujourd’hui. Tandis que des milliers de travailleurs ont depuis été amenés sur place – dans des conditions critiques, et très critiquées – pour tenter de “colmater les brèches” d’un chantier désormais sans fin, sans horizon. Voici un instantané concernant la situation des “lquidateurs” de Fukushima, telle que rapportée par le blog Fukushima 福島第 consacré entièrement à la catastrophe nucléaire et à ses répercussions au Japon et dans le monde.

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L’étendue du sinistre

Le 19 janvier, à la centrale nucléaire n°1 de Fukushima, un travailleur est tombé du bassin et il est mort, et à la centrale nucléaire n° 2, le 20 janvier, un autre travailleur est mort également, écrasé sous une machine. En 2014, jusqu’à fin novembre, 40 travailleurs ont été blessés. Ce chiffre est trois fois plus important que l’année dernière.

Maintenant, dans la centrale nucléaire n°1, travaillent chaque jour 6.000 personnes. Il manque non seulement des forces de travail, mais aussi la qualité du travail. Un travailleur témoigne : “Il manque certes des travailleurs, mais tout aussi grave est le manque de travailleurs expérimentés. Déjà sont partis la plupart des ouvriers expérimentés qui travaillaient avant l’accident, car leur norme d’exposition était dépassée. Maintenant, la politique de Tepco est que nous finissions le travail donné  le plus rapidement possible et à moindre coût. Sa politique axée sur le seul profit engendre des accidents.”

Extrait d’un article paru dans le journal Fukushima Minjū le 11 décembre 2014 :

«Je suis sans famille, donc je peux subvenir à mes besoins, mais si j’avais  de la famille, il me serait difficile de la nourrir”, a déclaré un homme de 50 ans qui travaille à la centrale n°1 depuis trois ans déjà. Auparavant, il s’occupait d’enlèvement de déchets et de construction de réservoirs pour l’eau contaminée, mais maintenant il transporte l’eau contaminée qui s’est accumulée sous les bâtiments des réacteurs. Son salaire est de 200.000 yens  (1.500 euros) par mois.

“La radioactivité dans la centrale est encore si forte qu’il porte un vêtement de protection et un masque qui lui couvre toute la tête. Il est si lourdement couvert qu’il ne peut pas se déplacer facilement, c’est pourquoi un travail d’une heure et demie est sa limite mais, en raison de la longueur des procédures pour pénétrer dans l’usine et en sortir et à cause des préparatifs, il prend la route à 5 heures du matin, depuis son appartement à Iwaki, à 40 km de la centrale, et il rentre chez lui seulement dans la soirée. Il partage sa chambre avec quelques personnes. […]

Au cours du dernier mois, il a été exposé à 1,8 millisievert de radioactivité. Il est légalement permis aux travailleurs d’être exposés à un maximum de 50 millisieverts par an, cependant de nombreuses entreprises ont leur propre norme par exemple de 20 millisieverts, donc s’il travaille et se trouve exposé à ce rythme, il devra quitter son lieu de travail au bout d’un an. «Je sens que le public a commencé  à se désintéresser de l’accident nucléaire, mais des travaux plus dangereux se multiplieront certainement dans les bâtiments des réacteurs. Je souhaite que l’on puisse connaître ce fait “.”

Craintes de maladies

“Tepco a enquêté chez 4.587 travailleurs à la centrale nucléaire n°1 en août et septembre 2014. 2.003 travailleurs (43,7%) ont peur en raison du travail à la centrale, et leur plus grande crainte était l’éventualité d’une maladie due à la radioactivité. Le ministère a fait savoir que les travailleurs des centrales ont davantage de risques de cancers de la vessie, du poumon et du pharynx lorsqu’ils sont exposés à plus de 100 millisieverts.

“Cependant il est étrange que l’Autorité de régulation nucléaire prévoit d’augmenter la norme maximale d’exposition des travailleurs, en passant de  100 à 250 millisieverts. Le responsable a dit: “La norme internationale est comprise entre 250 et 500 millisieverts par an, mais plus le niveau est bas mieux c’est. S’il arrive un accident de même niveau qu’à Fukushima, les travailleurs pourront s’occuper des réparations avec une exposition maximale de 250 millisieverts.”

Prolifération des déchets contaminés

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L’étendue des déchets

“Maintenant, on a commencé à démanteler les quatre réacteurs de la centrale nucléaire n°1. Tous les déchets, tels que morceaux de béton des réacteurs détruits et arbres abattus pour faire place aux réservoirs sont fortement radioactifs. On n’a pas le droit de les transporter à l’extérieur, de sorte que tous les déchets s’accumulent sur le  site. Tepco  prévoit que jusqu’à 2027 s’amasseront 560.000 tonnes de déchets contaminés. Déjà 200.000 tonnes de déchets ont commencé à arriver, qui occupent 60% de l’espace de stockage.

“Les travailleurs des centrales portent un casque, un vêtement de protection, des gants et plusieurs autres effets. On réutilise casques,masques et chaussures, mais on jette les autres articles. On les met  dans de grandes caisses et on en fait des monticules à huit endroits sur le terrain. Tepco prévoit de les brûler et d’en réduire la quantité, mais n’y parviendra pas, car le nombre de travailleurs est de plus en plus grand.”

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3 réflexions sur “Fukushima, quatre ans après – le désastre sans fin

  • Denis Guenneau

    Merci Gérard pour cet article qui met à l’honneur ta profession des journalistes d’investigation.

    A bientôt

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  • Les radionucléides sont pire que de la glu : la glu, à la limite, on peut se couper le doigt, la radioactivité, elle, s’immisce partout sans qu’on puisse s’en défaire, sinon que la mort qui arrive avec souffrances. C’est le monde d’enfer, de l’enfer remonté sur terre, ici et maintenant. Et nos crétins de gouvernants, paré de leur progrès, de n’en rien voir… qui possèdent tous les pouvoirs de décision, sur ce sujet ou un autre (cette putain d’heure d’été qui arrive à grand, une mort dans la dignité, etc.) en se disant les “représentants” du peuple alors qu’ils ne représentent qu’eux-mêmes, leurs idées médiocres et leurs loggies, pouvoirs obtenus par des moyens “légitimes”, “démocratiques”.

    Ce sont les gens qui, en premier lieu, leur donnent ce “pouvoir”. Le leur rappeler sans cesse et sans fin par les résultats (ici Fukushima) de cette “délégation” idiote, du fait qu’ils ont oublié de savoir s’organiser eux-mêms par eux-mêmes. Rappeler l’état de catastrophe de l’état de cette planète unique qui arrive au bout de cette insupportable humanité délétère.

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  • A Tchernobyl, les animaux de petite taille ont mieux survécu et ont moins muté que ceux de gros calibre. A défaut de pouvoir faire autre chose qu’un minimum survivaliste, prenons-en de la graine : optons pour la frugalité heureuse !

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