Tunisie. « Charlie » et la suite
[dropcap]L’actualisation[/dropcap] du slogan « Charlie » résume tout, hélas. Tout, c’est-à-dire, en référence aux attentats de janvier à Paris, une même analogie dans l’horreur fanatique et mortifère ; un même but destructeur qui s’en prend à l’Histoire – celle de la Tunisie, à travers le musée du Bardo –; à l’Occident, désigné comme Satan à travers ses touristes « dépravés »; et à la Démocratie, assimilée à la déchéance laïque – donc anti-coranique. En prime, si on ose dire, cet odieux attentat – 22 morts, une cinquantaine de blessés – ruine pour longtemps la chancelante économie tunisienne en grande partie basée sur le tourisme.
L’« État islamique » vient ainsi de faire son entrée fracassante dans cette Tunisie qui, depuis quatre ans, parvenait tant bien que mal à sauvegarder sa révolution et ses fragiles acquis. Ainsi contraint à décréter l’« état de guerre », le gouvernement tunisien tombe dans l’engrenage répressif qui s’attaque aux effets et non aux causes. Des causes d’ailleurs si profondes qu’elles outrepassent les capacités réactives d’un petit État et même – c’est tout dire – celles de la « communauté internationale ». Ladite « communauté » qui, par ses membres voyous, ses machines de guerre, son économie de la Finance et du tout-Marchandise, a largement contribué à allumer la mèche rampante du fascisme islamiste.
Les reportages d’Envoyé spécial (France 2), notamment les passages tournés à Sidi Bouzid d’où était partie la révolution avec le suicide de Mohamed Bouazizi, montrent un tel clivage haineux entre salafistes et démocrates qu’on peut craindre le pire à court terme. Et comment ne pas voir la menace de ce clivage général dans notre monde en désarroi ? N’en verra-t-on pas les effets « collatéraux » dès dimanche prochain dans les urnes bien de chez nous ?
Et si nous n’en étions qu’au tout début d’une vaste saignée malthusienne, à tout le moins une tentative de régulation automatique ? Certes, à Charlie ou au Bardo se sont surtout quelques Blancs qui meurent. Mais en Méditerranée, au Nigéria, en Syrie, en Irak, en Libye, en Haïti, en RDC et ailleurs, se sont plutôt des familles nombreuses. Y a‑t-il d’autres solutions face au pullulement – et à la destruction de la planète qui va avec – que la mort violente ?
On peut aussi miser sur le développement des connaissances, l’extension de la démocratie : les causes plutôt que les effets quoi… Mais ça demande plus de temps et d’énergie (nous, on n’en saura rien…)
Certes, mais procréer, ça va bien plus vite qu’apprendre. Et très souvent le vase incubateur n’a pas voix au chapitre…
Nous sommes choqués et meurtris mais nous n’avons, si j’ose dire, que les éclaboussures, sanglantes, mais éclaboussures seulement de la guerre qui se joue entre chiites et sunnites d’une part puis entre sunnites eux-mêmes (Daech-Salafistes) entre autres, même si les multiples composantes et sous composantes de l’islam nécessiteraient une analyse beaucoup plus fine de ce qui est en train de se jouer dans « l’Orient compliqué »
Les schismes religieux dépassent en irrationalité ceux du monde politique. Les uns et les autres ont cependant en commun de se référer aux Dogmes et à la « pureté » des coreligionnaires, notamment par rapport à leur zèle de pratiquants. Le tout en termes de croyances. D’où les complications guerrières… qui, au fond, sont celles de toutes les luttes de pouvoir. Il me semble.