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Road chronique américaine – 2 – Pèlerins à Gettysburg

Suite du périple états-unien de Robert et Gérard

Lundi 20 avril 2015

[dropcap]Nous[/dropcap] filons plein sud, dans notre barque à roues, ce qu’en bon français on nomme un camping-car. Plein sud pour mieux emboucher le plein « far west », la route de la conquête.

Hier, traversée de l’État de New York, puis celui de la Pennsylvanie, objectif Gettysburg, lieu fondateur s’il en est, là où les sécessionnistes esclavagistes du Sud ont été définitivement battus par les Nordistes. C’est là que, par contrecoup est né le concept d’Union, celui même des Etats-Unis ; c’est là qu’a été mis fin, dans le principe, à l’esclavagisme. Bref, c’est de la bataille de Gettysburg que date (1er-3 juillet 1863, plus de 50.000 morts des deux côtés) l’ère moderne de cette nation naissante. Le 19 novembre, lors de la cérémonie de consécration du champ de bataille, Lincoln y prononça son fameux discours, une adresse de deux minutes. En dix phrases, il replace son pays dans la ligne historique de la Déclaration d’indépendance des États-Unis et la guerre de Sécession comme une guerre pour la liberté et l’égalité et contre l’esclavage. Dans la dernière de ces dix phrases, Lincoln crée le concept de « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » repris entre autres en 1946 dans le dernier alinéa de l’Article 2 de la Constitution de la quatrième république française.

La colline est ponctuée des actes de bravoure et de sacrifice, parsemée de monuments érigés au nom de régiments militaires de tout le pays. Là encore, les faits d’arme, mêlés aux valeurs morales, rejoignent le flux mythologique et l’Histoire.

Évidemment, c’est un lieu de pèlerinage dont la petite ville très coquette et bourgeoise a tiré parti et profits en de multiples musées et boutiques de souvenirs. Depuis 1818, « The Dobbin House Tavern » maintient la flamme du souvenir. Six générations se sont employées à abreuver soldats et voyageurs. Aujourd’hui, les touristes y sont accueillis par le personnel en costumes à l’ancienne. La photo de Lincoln côtoie les bouteilles de bourbon et, au fond, une réplique de drapeau d’avant l’indépendance symbolise cette phase de l’Histoire où l’Union Jack se trouvait encadré par les « stripes », bandeaux rouges, sans les « stars » des futurs États.

Petit retour en Pennsylvanie, État fondé par les quakers, aussi puritains que tolérants, ce qui, du coup, attira des légions de religieux de toutes obédiences – même si l’ombre de Luther demeure très prégnante, on en dénombre plus de cent. Dans la catégorie des bizarreries, c’est ici que sont installées les communautés d’Amishs avec leurs carrioles désuètes, leurs barbes immuables, pantalons à bretelles et robes longues des dames. Ces écolos-bigots s’interdisent l’électricité et l’usage des machines en général. Ils dénotent à peine dans le paysage très forestier (Sylvania était le premier nom donné au pays par son fondateur William Penn) agrémenté, au bord des routes, de fières croix de bois façon Golgotha, si vous voyez un peu le tableau. Des signes plus visibles, certes, que les forages de gaz de schiste pourtant très nombreux dans l’État.

(À suivre)

Désolé, pas moyen d’insérer des photos.

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Gerard Ponthieu

Journaliste, écrivain. Retraité mais pas inactif. Blogueur depuis 2004.

5 réflexions sur “Road chronique américaine – 2 – Pèlerins à Gettysburg

  • faber

    Ah la vache ! Gérard, tu l’as fait ! Tu le fais, toi et ton pote et ça doit schlinguer la grotte de Chauvet dans la casba. C’est marrant, je vous accompagne en pensées avec “On the road again” des Canned Heat. Le truc qui balance genre laminoire. Indispensable quand on bouge. Et hop et bonne route et hop et hop.

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  • HEROUARD

    Belle plume de reporter, t’as pas perdu la main camarade. J’aurais aimé un peu plus sur l’excavation schisteuse en Pennsylvanie, qui me semble autrement redoutable que l’élévation christeuse en bord de route.

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  • la pie

    Agréable de retrouver dans tes écrits,fort bien écrits, les lieux où j’ai posé mes pieds et mes yeux il y a 2 ans. Bien amusée par les pantalons à bretelles et les grandes robes en tabliers à qui j’achetais les fruits et les légumes. C’était l’été et les grandes robes se déplaçaient pieds nus, les pantalons à bretelles étaient ornés de chapeaux de paille comme j’en posais sur mes épouventails.Mais devant les chutes du Niagara j’ai vu des Amishs en voiture comme le commun des mortels! Sans doute avaient-ils été contaminés par des vapeurs de gaz de schiste.Tout se perd mon bon monsieur!

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