Mort d’Eddy Louiss. Un grand de l’orgue Hammond, mais pas seulement
Organiste, pianiste, chanteur ; et aussi trompettiste, percussionniste , chef d’orchestre et compositeur : Eddy Louiss vient de mourir à l'âge de 74 ans et avec lui disparaît une grande figure du jazz, du jazz français en particulier. Il était malade depuis quelques années et, ces derniers temps, ne répondait même plus aux appels téléphoniques de ses amis, comme Bernard Lubat notamment, avec qui il avait joué et chanté surtout dans le groupe des Double Six, aux côtés de sa fondatrice Mimi Perrin, de Roger Guérin, Ward Swingle et Christiane Legrand. [Voir ici à propos de Mimi Perrin, morte en 2010 : Mimi Perrin, comme un pinson du jazz ]
"Toujours les meilleurs qui partent", comme il se dit bêtement… Dans cette catégorie, j'ai "raté" le départ, le 11 juin dernier, d'Ornette Coleman, un historique du jazz s'il en est. Rattrapage avec cet article sur CitizenJazz
Musicien de tous les registres, ainsi qu’il a été souvent qualifié, à l’image de son ouverture « multicolore » – rappelons sa série de concerts intitulée Multicolor Feeling. Il s’était donné aussi bien dans les improvisations avec les John Surman, Michel Portal et Bernard Lubat, que dans les rythmes afro-caraïbéens ou les enregistrements en re-recording au clavier (Sang mêlé). Il était aussi un des continuateurs de Jimmy Smith, maître du Hammond, instrument de finesse et de fougue (pour ne pas dire de fugue…) qui va si bien au jazz, où il est devenu plutôt rare. La disparition d’Eddy Louiss ne va rien arranger.
Un document de l'Ina du 26 mars 1970 : Eddy Louiss à l'orgue et Daniel Humair à la batterie interprètent "Tristeza". Diffusé par l'ORTF dans l'émission Jazz en France, présentée par André Francis. Tout le monde avait 45 ans de moins… Le son laisse à désirer. Cet extrait de Caraïbes (Dreyfus Jazz), avec Michel Petrucciani, est meilleur :
Au passage : il était le maestro des orgues enchanteresses !
Putain, ça nous rajeunit pas. L’élégant métis des Double Six devenu un gros barbu. Heureusement restent disques superbes. Un de mes préférés : le double album live au Caméléon de 68, yes, avec Humair et Ponty, ces 3 jeunes gens cravatés, autre époque. Constamment inspirés dans l’impro, avec une joie de jouer et une entente époustouflantes. un solo monstrueux de Humair. Et une perle ou deux pour aficionados avec Kenny Clarke et René Thomas, flemme de fouiller dans mes disks because canicule, mais ça doit se trouver sur You tube. Salut bel Eddy, fais danser la biguine aux anges.