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EPR, Bayer-Monsanto, Alteo, Sarko… N’en jetez plus !

Il y a des jours… Des jours où le ciel s’assombrit au plus noir : relance de l’EPR franco-chinois en Grande-Bretagne ;  mariage monstrueux de Bayer et de Monsanto – Monsieur Pesticide avec Madame OGM, bonjour la descendance ! Alteo et ses boues rouges en Méditerranée. Et en prime, le péril Sarko en hausse sondagière, sur les traces de Trump (il avait bien singé son ami Bush) et son négationnisme climatique…

L'affaire Alteo est loin d'être jouée !  L'usine de Gardanne est l'objet d'une mise en demeure de la préfecture des Bouches-du-Rhône, suite à un contrôle inopiné de l'Agence de l'eau. Celle-ci a en effet détecté des effluents hors normes dans les rejets actuels en mer. Un comité de suivi doit trancher ce 26 septembre.

Restons-en à la « Grande nouvelle ! », la « nouvelle extraordinaire! ». Ils n’en peuvent plus, côté français, d’exulter : la dirigeante britannique, Theresa May, vient de valider « sous conditions » le projet d’EDF de construire deux réacteurs nucléaires EPR à Hinckley Point, dans le sud de la Grande-Bretagne. Reste, il est vrai, à connaître lesdites « conditions » de la « perfide Albion ». On verra plus tard. Ne boudons pas la joie « exultante », donc, du secrétaire d’État à l’industrie qui va jusqu’à évoquer « un nouveau départ » pour la filière nucléaire française ; Hollande n’est pas en reste, et même son de cloche, c’est le mot, du patron d’EDF qui joue là, cependant, l’avenir financier de sa boîte surendettée et accessoirement l’avenir de ses salariés.

Le sujet est claironné sur les télés et radios, sans grand discernement comme d’habitude, c'est-à-dire sans rappeler la question de fond du nucléaire, sous ses multiples aspects :

sa dangerosité extrême, éprouvée lors de deux catastrophes majeures (Tchernobyl et Fukushima)– et plusieurs autres accidents plus ou moins minorés (Threee Miles Island aux Etats-Unis, 1979), ou dissimulés (catastrophe du complexe nucléaire Maïak, une usine de retraitement de combustible en Union soviétique, 1957, l'un des plus graves accidents nucléaires jamais connus).

sa nocivité potentielle liée aux risques technologiques, sismiques, terroristes ; ainsi qu’à la question des déchets radioactifs sans solution acceptable ; sans oublier les risques sanitaires et écologiques liés à l’extraction de l’uranium et au traitement du combustible usagé (La Hague, entre autres) ;

son coût exorbitant, dès lors que sont pris en compte les coûts réels d’exploitation, des incidents et accidents, de la santé des populations, des économies locales ruinées (Ukraine, Biélorussie, préfecture de Fukushima-Daïchi) , du traitement des déchets, du démantèlement si complexe des centrales en fin d’exploitation ;

ses incertitudes technologiques spécifiques aux réacteurs EPR en construction problématique – Finlande, Flamanville et Chine –, toujours retardés, selon des budgets sans cesses réévalués.

Cocorico ! L’annonce est portée sur le ton triomphal, glorifiant l’ « excellence française » et les retombées promises avec des emplois par milliers ! Certes.

Mais les énergies renouvelables, ne devraient-elles pas créer aussi des milliers d’emplois – de la recherche à la production ? Selon des critères autrement écologiques et éthiques que ceux du nucléaire – rappelons en passant que l’extraction et le traitement initial de l’uranium (combustible fossile, limité lui aussi), sont très émetteurs de gaz à effet de serre (engins miniers gigantesques ; transport du minerai jusqu’aux usines lointaines, comme à Pierrelatte dans la Drôme.

Évidemment, la « question de l’emploi » demeure un élément déterminant ; au point de bloquer toute discussion réelle, c'est-à-dire de fond, honnête, qui évite le piège du « chantage à l’emploi ».

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L'usine Alteo de Gardanne (Bouches-du-Rhône) ©alteo

« L’écologie, c’est bien beau, mais ça ne donne pas du boulot ! » : paroles d’un anonyme de Gardanne interrogé par la télé sur l’affaire des boues rouges produites par l’usine Alteo[ref] L'ancienne usine Pechiney de Gardanne, créée en 1893, appartient depuis 2012 au fonds d'investissement H.I.G Capital basé à Miami. Alteo se présente comme le « premier producteur mondial d’alumines de spécialité ». Alteo Gardanne emploie 400 salariés et 250 sous-traitants[/ref]. Argument bien compréhensible, qui oppose une nécessité immédiate à une autre, différée dans le temps et autrement essentielle, cependant : celle des déséquilibres biologiques qui menacent la vie marine et, par delà, humaine.

Cette semaine aussi, sur le même registre, on a vu les syndicalistes de Fessenheim manifester pour leur emploi menacé par la fermeture annoncée de la centrale nucléaire. Des cégétistes, en l’occurrence, vont ainsi jusqu’à dénoncer « une incohérence » dans la volonté politique de vouloir maintenir l’emploi chez Alstom à Belfort tout en « détruisant » ceux de Fessenheim. Ce propos passe totalement à la trappe l’enjeu écologique lié à une centrale nucléaire ayant dépassé la limite de sa durée de vie. On compare deux situations incomparables, de même qu’on oppose ainsi une logique locale « court-termiste » à des enjeux portant sur l’avenir de l’espèce humaine. On pointe là un gouffre d’incompréhension fondamentale opposant le temps d’une vie d’homme à celui de l’espèce humaine.

Concernant précisément l’affaire des boues rouges et des effluents toxiques rejetés dans la Méditerranée, il y aurait cependant une solution technique avérée présentée depuis plusieurs mois à Alteo. Mais la « logique » financière semble s’opposer à cette solution. L’élimination totale des déchets toxiques implique en effet un coût que les actionnaires du fond d’investissement étatsunien dont dépend Alteo refusent par principe – c'est-à-dire par intérêt ! Même opposition symétrique, là encore, entre intérêts individuels immédiats et intérêts relevant du bien commun et de la conscience écologique globale.

On se trouve précisément dans l’enjeu exprimé par le « penser global - agir local », selon la formule de Jacques Ellul[ref] Professeur d'histoire du droit, sociologue, théologien protestant, 1912-1994. Penseur du système technicien, ses idées sont notamment développées en France par l’association Technologos[/ref], reprise et portée à son tour par René Dubos[ref] Agronome, biologiste, 1901-1982 Auteur de nombreux ouvrages, dont Courtisons la terre (1980) et Les Célébrations de la vie (1982)[/ref]. C’est là une dualité de tensions, que recouvrent bien nos actuels errements de Terriens mal en point. En fait, on peut affirmer sans trop s’avancer que le « penser global » de la plupart de nos contemporains se limite à l’« agir local ». Autrement dit, de la pensée de lilliputiens ne voyant guère au-delà de leur bout de nez court-termiste. Et encore ! Car il n’y parfois pas de pensée du tout, une preuve :

 

goudes_2016
La non-conscience écologique, ou l'inconscience de l'homo "peu" sapiens menace l'humanité entière. [Ph. gp]
Un tel outrage à la beauté du monde (voir l’arrière plan : Marseille, plage des Goudes) me rend tristement pessimiste sur l’avenir de l’humanité. Ici, ce n’est pourtant qu’un forfait d’allure mineure, ordinaire – cependant à haute portée symbolique – aux côtés des agressions et des pollutions majeures : mers et océans à l’état de poubelles, agriculture chimique, élevages industriels, déforestation, désertification, surconsommation-surdéjections, atmosphère saturée par les gaz à effet de serre ; dérèglement climatique, fonte des glaces et montée des eaux… Un désastre amplement amorcé – sans même parler des folies guerrières et terroristes. Et j’en passe.

Ainsi à Gardanne, ville doublement rouge : rougie par les poussières d’alumine qui la recouvre, et rougie par quarante ans de municipalité communiste et à ce titre asservie à la croissance et à son industrie, fût-elle dévastatrice de l’environnement naturel et de la santé humaine. Il en va de même ici comme à Fessenheim et pour toute l’industrie nucléaire, soutenue depuis toujours par les communistes et la CGT, tout autant que par les socialistes et toute la classe politique et syndicaliste, à l’exception des écologistes, bien entendu, et d’EELV en particulier.

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Gerard Ponthieu

Journaliste, écrivain. Retraité mais pas inactif. Blogueur depuis 2004.

14 réflexions sur “<span class="caps">EPR</span>, Bayer-Monsanto, Alteo, Sarko… N’en jetez plus !

  • Gérard Bérilley

    Très bon article.
    Sur l’op­po­si­tion pro­tec­tion de la nature /​ ques­tion de l’emploi « L’écologie, c’est bien beau, mais ça ne donne pas du bou­lot ! » peu de gens se rendent compte que nombre d’emplois ne créent pas de richesses réelles (ils servent avant tout à la cir­cu­la­tion de l’argent, à avoir un salaire), voire les détruisent (le pro­fit se fait sur la des­truc­tion de la Nature et non sur sa pré­ser­va­tion). En fait, le « bou­lot » n’est et ne devrait être qu’un moyen pour vivre, auquel cas nombre de « bou­lots » devraient dis­pa­raître ! La ques­tion n’est pas dans l’emploi à tout prix mais dans le par­tage des richesses. C’est pour­quoi il faut ins­tau­rer une véri­table garan­tie incon­di­tion­nelle de reve­nu. Il faut payer les ouvriers et tech­ni­ciens de Fessenheim pour ne pas faire fonc­tion­ner la cen­trale : la socié­té entière et eux-mêmes en seraient gagnants, de même que la socié­té, par exemple, devrait payer les bura­listes pour vendre moins de tabac, pour par­ti­ci­per à la réduc­tion de sa consom­ma­tion, avec donc une garan­tie sociale de leurs reve­nus en contre­par­tie. Encore une fois je ne peux que citer Robert Hainard qui écrivait :
     » Le niveau de vie n’est plus la conquête du bien-être, mais il est sim­ple­ment le pré­texte de la course à la puis­sance. Il faut une socié­té sans expan­sion et cette socié­té sans expan­sion ne peut être qu’une socié­té sans concur­rence : c’est la clef de tout. Je crois que le moyen le plus inno­cent pour sup­pri­mer la concur­rence ce serait de payer les gens non pour faire un tra­vail, mais pour que le tra­vail soit fait, c’est-à-dire que le char­pen­tier ait pour fonc­tion que cha­cun ait un toit et puis ce toit fait et entre­te­nu, d’aller à la pêche sans se deman­der si le concur­rent n’est pas en train de faire un deuxième toit à moi­tié prix. Il aurait pour fonc­tion que cha­cun ait un toit et non pas de faire des toits, quitte à ficher le feu aux toits qui existent. Cette socié­té serait basée sur le ser­vice et non sur le profit. »
    Robert Hainard, Recours à la nature sau­vage, Editions Utovie.

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  • Comment enrayer cette déme­sure mor­ti­fère et capitaliste ?
    Il y avait un excellent et ter­ri­fiant docu­men­taire à pro­pos du plas­tique hier soir sur Arte…

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    • Gérard Bérilley

      « Comment enrayer cette déme­sure mor­ti­fère et capi­ta­liste ? » deman­dez vous. Toute la ques­tion est là. Il faut trou­ver des voies jouables, pos­sibles, et qui rompent avec la logique capi­ta­liste du pro­fit. L’une d’entre elles, j’en suis per­sua­dé, hor­mis toutes les avan­cées démo­cra­tiques véri­tables et néces­saires qu’il nous fau­dra gagner, est sur le plan éco­no­mique dans l’at­tri­bu­tion d’une garan­tie de reve­nu incon­di­tion­nelle, indi­vi­duelle, pour tous. Il faut faire en sorte qu’une per­sonne ne soit pas contrainte de vendre sa force de tra­vail dans n’im­porte quel tra­vail, même des­truc­teur de sa san­té, de sa vie, et de celle de la Planète. Autrement dit, il faut faire en sorte que des gens soient payés pour ne pas tra­vailler dans un tra­vail des­truc­teur des véri­tables richesses contre l’ob­ten­tion de la seule richesse moné­taire, le salaire. Les mili­taires sont bien payés en temps de paix, quand il n’y a pas la guerre, et on pré­fère la paix, les pom­piers quand il n’y a pas le feu, et l’on pré­fère qu’il n’y ait pas le feu, etc.
      Je reprends l’exemple de mon bura­liste. On pour­rait sup­po­ser que la socié­té entière, démo­cra­ti­que­ment, décide de deman­der aux bura­listes de par­ti­ci­per à une vraie pré­ven­tion contre les méfaits du tabac. Dans le sys­tème capi­ta­liste actuel, les bura­listes vont s’y oppo­ser car ils vont subir une perte de reve­nus. Or l’argent éco­no­mi­sé par la Sécurité Sociale, etc;, pour­rait et devrait pour une part leur reve­nir comme garan­tie de reve­nus. L’argent qu’ils n’au­raient pas par la vente de tabac, ils l’au­raient sous forme de garan­tie de reve­nus en contre­par­tie de leurs actions anti tabac. Tout le monde serait à terme gagnant d’une telle poli­tique. De même les tra­vailleurs du nucléaire ne renon­ce­ront au nucléaire, à leurs emplois actuels, que s’ils sont surs d’a­voir un reve­nu équi­valent à l’ac­tuel même en cas de fer­me­ture des centrales.
      Je suis stu­pé­fait, depuis des années, que per­sonne dans le monde poli­tique et éco­no­mique ne dis­so­cie intel­lec­tuel­le­ment la richesse moné­taire de la richesse réelle comme le fai­sait Pierre Kropotkine (1842 – 1921) dans sa Conquête du Pain par exemple ou Jacques Duboin le théo­ri­cien de l’é­co­no­mie dis­tri­bu­tive dans toute son oeuvre.
      Je reprends un seul exemple pour illus­trer mon pro­pos. Dans le sys­tème capi­ta­liste il faut, et c’est de plus en plus rapide, que tourne Argent-Marchandise-Argent et Marchandise-Argent-Marchandise comme l’a mon­tré Marx dans le Livre I du Capital. Le sys­tème pour faire tour­ner cela au plus vite a inven­té l’ob­so­les­cence pro­gram­mée. Imaginons une socié­té éco­lo­gique ou vou­lant le deve­nir. On peut, avec la tech­no­lo­gie actuelle, inven­ter des machines à laver le linge dont la durée de vie serait supé­rieure à 25 ans, et dont tous les élé­ments défaillants pour­raient être faciles à répa­rer ou à rem­pla­cer par le com­mun des mor­tels, des bri­co­leurs. Dans le sys­tème actuel, beau­coup y per­draient : les ouvriers qui pro­dui­raient donc moins de machines et se retrou­ve­raient au chô­mage, les reven­deurs, les com­mer­ciaux, etc. Donc le sys­tème va faire vendre des machines dont la durée de vie sera moindre, voire la moi­tié, ou encore moins. Mais dans les deux cas, la richesse réelle est la même : la valeur d’u­sage de la machine qui lave le linge pen­dant 25 ans ou deux ou trois machines suc­ces­sives pen­dant le même laps de temps. Mais les consé­quences sociales et éco­lo­giques ne sont pas les mêmes. Pour pou­voir pas­ser à des machines viables, 25, 30 ans, ou plus, il faut donc garan­tir un reve­nu à ceux qui ne pro­dui­ront plus autant de machines, donc qui dans la logique actuelle auront moins de salaire . Il faut une garan­tie de reve­nu pour que ces gens là puissent conti­nuer à ache­ter ce qu’il leur faut d’autres pour vivre. Pour copier Robert Hainard : il faut que ces gens soient payés pour que tous aient des machines à laver et non pour les faire.
      Ce n’est pas un hasard si la ques­tion d’un reve­nu d’exis­tence garan­ti, incon­di­tion­nel, indi­vi­duel, inalié­nable, suf­fi­sant pour satis­faire les besoins fon­da­men­taux, tra­verse main­te­nant les débats idéo­lo­giques dans les pays riches, et non seule­ment les pays riches. C’est une des voies incon­tour­nables du dépas­se­ment du capitalisme.

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      • Entièrement d’ac­cord ! De même qu’a­vec votre pré­cé­dent com­men­taire, que celui-ci pro­longe et appro­fon­dit. On touche là, sans nul doute, un aspect fon­da­men­tal du sys­tème éco-poli­tique et tech­ni­cien en crise (crise finale ? = son ago­nie ?…) Cette idée pro­pre­ment révo­lu­tion­naire de garan­tie de reve­nu uni­ver­sel a été étouf­fée aus­si­tôt émise ou, au mieux, ran­gée dans le tiroir aux uto­pies – donc irréa­liste et irréa­li­sable ; ou irréa­li­sable parce qu’ir­réa­liste. Irréaliste ? Si, en effet, on renonce à trans­for­mer le réel, à agir sur lui – qu’est-ce que l’ac­tion, sinon ? Or, l” « action » poli­tique est deve­nue un oxy­more ; elle se réduit désor­mais à des consi­dé­ra­tion de ges­tion comp­table sur le modèle de l’en­tre­prise capi­ta­liste. Au point que la plu­part des poli­ti­ciens – et notam­ment des maires – n’ont que l’en­tre­prise comme modèle et « idéal » poli­tique ; aus­si ne parlent-ils que le lan­gage bud­gé­taire. On est loin des visions de Kropotkine et de Duboin – ou même de Jaurès, sur un registre plus réfor­ma­teur. Ces idées-là, oui, devraient être relan­cées. Mais com­ment les rendre audibles dans la caco­pho­nie actuelle ? – d’au­tant, il est vrai, que même au début du XXe siècle, elles n’ont tou­ché que bien peu de monde, dans les milieux anar­chistes sur­tout. C’était le cas de mon père, qui n’a­vait pas lu beau­coup de livres, mais par­mi ceux-là figu­rait « La Grande révo­lu­tion qui vient » de ce Jacques Duboin que vous citez, livre que j’ai gar­dé de lui dans son édi­tion de 1935, juste avant le Front popu­laire. Je suis d’au­tant plus tou­ché de cette réfé­rence, et évi­dem­ment, de son conte­nu, avec des pro­po­si­tions aus­si per­ti­nentes sur la redis­tri­bu­tion des richesses, sujet ô com­bien actuel, puisque, a contra­rio, c’est de nos jours l’hy­per-concen­tra­tion des richesses qui cause les plus gros désordres du monde : guerres innom­brables et inces­santes ; désastres éco­lo­giques, sani­taires, humains en géné­ral ; dérè­gle­ments cli­ma­tiques et dérè­gle­ments géné­raux tou­chant toute la bio­sphère et en par­ti­cu­lier l’hu­ma­ni­té en termes sexuels, psy­cho­lo­giques, spi­ri­tuels et reli­gieux. Dépasser le capi­ta­lisme dans un tel contexte revient à dépla­cer des mon­tagnes – ce qui nous place en plein dans le temps long, le temps géo­lo­gique… Je sais : c’est mon pes­si­misme qui parle…

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        • graille bernadette

          jacques Duboin est – il uto­piste ou en avance sur son temps…
          Sa fille Marie Louise a repris le flambeau.
          Est- il temps encore de dis­tri­buer les divi­dendes et les richesses ?
          Dans son livre « Mais où va l’argent ? elle pré­co­nise d’a­jus­ter la masse moné­taire à la réa­li­té afin de pas­ser d’une logique de capi­ta­li­sa­tion à une logique de répartition.….Mais quelle volon­té col­lec­tive pour­rait trans­for­mer la mon­naie pour qu’elle cesse d’être un fac­teur d’ac­cu­mu­la­tion mais un flux qui s’é­coule afin que l’é­co­no­mie pro­duise des biens et non des pro­duits financiers.
          Une asso­cia­tion de béné­voles pour une éco­no­mie dis­tri­bu­tive s’est crée avec un jour­nal « La Relève « .…
          répa­rer cette machine infer­nale en se ressourçant
          dans l’œuvre abon­dante d’é­co­no­mistes qui voi­là un quart de siècle, oeu­vraient pour une alter­na­tive contre le pire…
          La chance pour­rait se pré­sen­ter à nou­veau de refon­der une vie civilisée..
          Pierre Rhabi et son mou­ve­ment « Le colibri »…
          Le film  » Demain »
          L’association crée par Marie louise Duboin Sont ce des utopies??
          Mais peut être aus­si des éclai­reurs qui ne baissent pas les bras;;;;

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          • Gérard Bérilley

            Jacques Duboin était un homme génial, à n’en pas dou­ter. Certes, le fond de son constat on peut le trou­ver déjà dans plus d’une page de Kropotkine et aus­si dans « Le droit à la paresse » de Paul Lafargue. Duboin montre qu’il y a une « grande relève des hommes par la machine » à cause et grâce au déve­lop­pe­ment incroyable de la tech­nique. (J’ai vu hier un repor­tage au JT de France 2 je crois sur les « cobots », robots col­la­bo­ra­tifs. Duboin aurait par­lé de cela et pen­sé à par­tir de cette réalité.)
            Une des idées de génie de Duboin (mais est-ce lui qui l’a eu en pre­mier ?) c’est son idée de mon­naie fon­dante. La mon­naie en cir­cu­la­tion serait gagée sur la pro­duc­tion et serait dis­tri­buée à part égale à tous, chaque mois, en échange d’un tra­vail utile à la socié­té. Cette mon­naie serait émise comme les billets de che­min de fer actuel­le­ment ou de métro, et dis­pa­raî­trait donc avec son uti­li­sa­tion. Ce qui fait qu’au­cun cumul de capi­tal ne serait pos­sible (car au bout d’un temps déter­mi­né cette mon­naie, même encore inuti­li­sée, ne vau­drait plus rien). Pour moi, c’est un genre d’i­déal à atteindre. C’est la récon­ci­lia­tion de la richesse réelle avec sa mesure sociale financière.
            Ceci étant dit, il faut trou­ver des voies vers cette « éga­li­té éco­no­mique et sociale » qui était la défi­ni­tion même du socia­lisme pour l’im­mense Bakounine (1814 – 1876), (Je ne connais per­son­nel­le­ment aucune autre défi­ni­tion aus­si juste de l’i­déal socia­liste du 19ème siècle, Les socia­listes de nos jours n’ont de socia­listes que le nom.) Pour Duboin aus­si il était ques­tion de cette éga­li­té car il était pour l’é­ga­li­té de tous les salaires, de tous les reve­nus. (Mais com­bien de femmes et d’hommes, dits de « Gauche », se pré­ten­dant pour l’é­ga­li­té, sont-ils vrai­ment pour une telle éga­li­té réelle, à part les anar­chistes et les rares par­ti­sans de Duboin, et un ami à moi qui a trou­vé cette phi­lo­so­phie de jus­tice tout seul ?)
            Les enjeux et les futurs débats autour d’un Revenu de Base uni­ver­sel, indi­vi­duel, incon­di­tion­nel et inalié­nable, qui vont adve­nir dans les années futures (c’est obli­gé) amènent à repo­ser la ques­tion d’une éco­no­mie dis­tri­bu­tive des richesses, bien sûr en tenant compte main­te­nant des limites et des exi­gences éco­lo­giques. La mise en place d’un tel Revenu de Base serait une avan­cée consi­dé­rable et incon­tour­nable pour orien­ter la socié­té vers le véri­table idéal socia­liste. Il y aurait un chan­ge­ment de civi­li­sa­tion, car pour la pre­mière fois le Revenu – la pos­si­bi­li­té de vivre digne­ment – serait anté­rieur au tra­vail four­ni. Pour une pre­mière fois il serait admis que nous avons tous droit au par­tage des richesses accu­mu­lées par les géné­ra­tions anté­rieures et pro­duites au pré­sent. Les consé­quences de la mise en place de ce Revenu seraient immenses dans de nom­breux domaines.

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            • Oui. Je vois là, cepen­dant, quelque matière à objec­tion. Il s’a­git de la ques­tion de l’é­ga­li­ta­risme comme frein au « pro­grès ». Autrement dit au règne du « glan­dage » géné­ral qui serait celui du déclin. Bien sûr, on retrouve là les vieilles oppo­si­tions entre libé­ra­lisme et socia­lisme, entre ini­tia­tive et assis­ta­nat, entre pro­grès, jus­te­ment, et régres­sion, etc. Et quid de l’u­to­pie, dès lors tuée dans l’œuf et avec elle ce moteur de l’i­déa­lisme, ou même du prag­ma­tisme ? Quid de la créa­ti­vi­té, du dépas­se­ment, de la belle ouvrage et des chefs d’œuvre ? Autrement dit encore, quid de l’é­vo­lu­tion au sens de Darwin – et non pas au sens per­ver­ti du « dar­wi­nisme social » ? Et encore : quid de notre ami Nietzsche, de la volon­té de puis­sance et du sur­homme – là encore, au sens non perverti ?
              Il y a là un beau sujet de réflexion autour de l’in­ven­tion d’une notion d’i­déal, qui ne serait pas reli­gieux, bien que spi­ri­tuel, et appel­le­rait en effet à une élé­va­tion de la condi­tion des humains.
              Au lieu que le tra­vail se trouve coin­cé entre une sacra­li­té (dans le libé­ra­lisme comme dans le socia­lisme) et une souf­france impo­sée – et sou­vent les deux à la fois comme aujourd’hui – lais­sons ça aux robots qui s’ap­prêtent à débou­ler avec leur « intel­li­gence arti­fi­cielle » pour édi­fier enfin un monde d’a­mour et de créa­ti­vi­té – prière de ne pas s’es­claf­fer ! Car, en effet, il fau­drait aus­si réha­bi­li­ter ces notions tant abî­mées, jus­qu’à leur des­truc­tion, par les valeurs morales et spé­cia­le­ment religieuses.
              La dis­cus­sion est ouverte, on ne peut plus ouverte !

              PS – J’avais déjà un peu abor­dé le sujet ici : http://c‑pour-dire.com/feter-le-travail-cette-etrange-folie/

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              • Gérard Bérilley

                Merci pour vos réponses, pour ce dia­logue. J’ai lu votre article dont vous don­nez le lien. Très bien.
                Sur la « ques­tion de l’é­ga­li­ta­risme comme frein au pro­grès, à la belle ouvrage et aux chefs-d’oeuvre », je ferai juste remar­quer ce qui suit. Je pense qu’ac­tuel­le­ment la recherche du pro­fit immé­diat, la concur­rence for­ce­née, etc., sont les obs­tacles majeurs à de véri­tables tra­vaux, réa­li­sa­tions de qua­li­té. L’on a tous en tête je pense un nombre incroyable d’exemples de tra­vail bâclé par des arti­sans du bâti­ment, de diag­nos­tics bâclés par des méde­cins, etc., etc. car il faut que tout aille vite, encore plus vite ! Par contre au Moyen Âge, de la belle ouvrage, des chefs-d’oeuvre ont été réa­li­sés par des gens si peu payés : un sculp­teur che­vron­né était payé et consi­dé­ré comme un maçon, il n’y avait nul­le­ment, ou si peu, la dis­tinc­tion entre artiste et arti­san ; Ce plus d’é­ga­li­té n’a été en rien un obs­tacle à la créa­tion de beau­té, alors que la recherche effré­née du pro­fit enlai­dit le Monde. Il y aurait tant à dire sur tout cela ! Dans un monde éga­li­taire, cha­cun serait beau­coup plus à sa place, alors que dans le sys­tème actuel les pro­fes­sions sont choi­sies (par­ti­cu­liè­re­ment par les classes riches) non en fonc­tion des goûts véri­tables et des apti­tudes mais en fonc­tion de la situa­tion sociale, de la consi­dé­ra­tion sociale, et des reve­nus escomp­tés. A salaire égal pour tous, les gens qui feraient méde­cine ou phar­ma­cie ne seraient peut-être pas du tout les mêmes qu’actuellement !

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        • graille bernadette

          Soulager la misère est un pro­blème, la gué­rir en est un autre.
          L’économie dis­tri­bu­tive sub­sti­tue la jus­tice à la charité.…

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  • Gian

    Ta pho­to de la non-conscience éco­lo­gique, Gé, est pour moi aus­si signi­fi­ca­tive de l’incivisme/​courte vue de cons-sots-mateurs béats que de l’in­ca­pa­ci­té des « pou­voirs » publics à anti­ci­per les manières com­pul­sives des citoyens por­tés à consom­mer des mar­chan­dises dont les embal­lages vont lar­ge­ment au-delà de ce que le sys­tème peut trai­ter. Du micro-déchet nucléaire, en quelque sorte, mais mul­ti­plié par des mil­lions de fois dans un grand épar­pille­ment, ce qui en rend sa dan­gé­ro­si­té peu perceptible.

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