Michel Serres, philosophe confiant et rayonnant

Avec Le Contrat naturel (1990), notamment, il a alerté sur l’urgence écologique, n’y voyant cependant pas vraiment la grande menace sur l’humanité. Pas plus qu’il ne s’alarmait sur l’extension du monde numérique et, en général, de la technique. Il pariait plutôt sur « l’humanisme universel qui vient », qu’il inscrivait dans un grand récit des origines et de l’évolution.
Cet optimisme lui a valu des critiques, le taxant de naïveté, de scientisme et d’approximations. Les physiciens Alan Sokal et Jean Bricmont, l’ont critiqué dans leur livre polémique Impostures intellectuelles en lui reprochant ses mélanges théoriques et métaphoriques.
N’empêche, Michel Serres aura hissé la philosophie à hauteur populaire, ce qui n’est pas si courant, montrant avec chaleur rayonnante que les personnages et les récits peuvent être aussi parlants que les concepts pour appréhender la complexité du monde.
Avec tout le respect etc…avec sa “Petite Poucette” Serres l’optimiste s’est laissé aller à une technolâtrie débridée. Je ne me souviens pas que dans ses brillants décryptages des expressions de notre langue, il ait jamais traité la suivante :”On n’arrête pas le progrès”. Voyez Jacques Ellul. “Exégèse des nouveaux lieux communs”.( Collection La petite vermillon (n° 38), La Table Ronde).