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Pour saluer Pierre Péan

[dropcap]Enquêteur[/dropcap] au long-cours, tel était Pierre Péan, mort ce 25 juillet à 81 ans. À l’image de l’antique Hérodote, inventeur de l’enquête, il magnifia ce genre journalistique premier. Rejetant, à ce titre, le terme et la notion d’investigation qu’il trouvait à la fois inquisitoire et trop « yankee » - son marqueur états-unien datant de l’affaire du Watergate. Péan cherchait moins l’effet redresseur de tort... tout en y parvenant. Ainsi son livre sur Bernard Kouchner, Le Monde selon K, dans lequel il dénonce les conflits d’intérêt impliquant l’ancien ministre de Sarkozy. 

Le journaliste-écrivain se retrouve alors sur ses sujets de prédilection : les affaires africaines et coloniales ainsi que leurs traitements médiatiques, au centre desquels le Gabon et le Rwanda, sans oublier, bien entendu, le Centrafrique de Bokassa, ses diamants... et un certain Giscard d’Estaing, acteurs fameux du feuilleton alors alimenté par Pierre Péan dans Le Canard enchaîné.  

De la quarantaine de livres qu’il publia on retiendra surtout La Face cachée du Monde qui fait apparaître le « quotidien de référence » comme un marigot affairiste et lobbyiste bordé par le trio dirigeant de l’époque : Minc, Colombani et ...Edwy Plenel. L’ouvrage, co-écrit avec Philippe Cohen, connaît un énorme retentissement dans la « médiasphère » et au delà (200 000 exemplaires). Le procès qui s’ensuit se solde par une sorte d’accord à l’amiable mais qui laissera des traces, à la fois en montrant Le Monde, alors parangon du journalisme, lié à des réseaux de pouvoir, d’affaire et aussi de police. Où l’on retrouve, sur ce dernier point, l’inimitié opposant Eddy Plenel, désormais patron de Médiapart, à Pierre Péan - affaires personnelles et de principe quant aux conceptions du journalisme ; Péan s’inquiétait en effet de la dérive des médias, de ce qu’il appelait le « pilori de l’instantané ». Comme l’a souligné Serge Raffy dans L’Obs, il part dans un moment où la question ne s’est jamais autant posée.

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Gerard Ponthieu

Journaliste, écrivain. Retraité mais pas inactif. Blogueur depuis 2004.

3 réflexions sur “Pour saluer Pierre Péan

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