Ciné. Misère des Misérables
Par André Faber
[dropcap]Ai[/dropcap] vu le film Les Misérables, de Ladj Ly. Suis assez mitigé. Pour le coup, pas de bécots ni tél. portables pendant la séance. Un beau dimanche de pluie en province dans une vraie salle à l’ancienne. Beaucoup de monde. Le sujet : on est dans le 93, les barres, la crasse, la merde, c’est moche et ça craint, genre La Haine de Kassovitz.
Mais, mais, c’est assez mal filmé, je trouve, avec une caméra qui se cherche avec trop de gros plans et une certaine bougeotte. Ou ces foutus plans à hauteur de drone. Bon. Un brave flic déboule dans le merdier, accueilli par un sale flic et un moyen flic, genre flic qui va temporiser entre le bon flic et le méchant flic. Nous voilà confronté au merdier sociétal. Pas un blanc-blanc dans les parages. Nous sommes à Istanbul. Les imams pleins de sagesse contiennent la cité (semble-t-il). Le sale flic fait chier tout le monde, le bon flic au grand pif fait de la morale. Il y a une bavure, un gosse se prend un flash-ball dans la tronche. Tout cela est assez mal foutu et surtout très démonstratif. Au point que Macron qui a vu le film veut faire quelque chose pour sauver ces quartiers abandonnés.
Mais voilà que le film repart. Le trio de flics se trouve cerné par une horde de gosses en furie. Et, et… Les auteurs s’arrêtent là. Car ils n’auraient pas eu l’avance sur recette, je pense. Film bien pensant dans l’ensemble et assez mal filmé. J’aurais aimé un film qui ne pense pas à ma place. Oser un cinéma plus audacieux sur un sujet aussi difficile. Sans narration, peut-être. Enfin, voilà, c’est dimanche et il pleut.
Et …à quoi vous attendiez-vous ?