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Pédophilie. Le beau-père Duhamel et l’effet Zézette

Temps de lecture ± 4 mn

L’affaire Duhamel et ses imbrications. C’est encore un livre de « confessions »[ref]Camille Kouchner, La Familia grande (Seuil).[/ref] qui révèle les coulisses d’une famille « multi- recomposée » et, par-delà, d’une tribu, d’un clan, d’un milieu, d’un monde ethno-centré autour de Saint-Germain-des-Près : là où se concentre l’entre-soi de l’édition, de la presse, de l’économie, de la politique et de la bourgeoisie aisée. Laquelle ne détenant pas pour autant le monopole des déviances, certes. Mais elle possède cette puissance relationnelle, garantie – relative, on le voit – de l’impunité. C’est ainsi : les gens de pouvoir, narcisses enivrés, finissent par se croire intouchables. Des couches protectrices multiples viennent les conforter dans leurs donjons, d’où ils savourent cet air-du-temps qui leur donne si souvent le teint frais, halé aux soleils azuréens ou exotiques, et le regard hautain et faussement modeste des privilégiés.

Sans revenir ici sur les « détails » entourant les faits de pédophilie incestueuse, aujourd’hui qualifiés de pédocriminalité[ref]Comme pour les affaires Haenel, Girard, Matzneff ou Abitbol, le procureur a ouvert une enquête préliminaire pour les « chefs de viols et agressions sexuelles par personne ayant autorité sur un mineur de 15 ans ».[/ref], on relève toutefois une constante dans le genre, à savoir l’omerta familiale – la Familia grande, comme dans les mafias – qui impose la chape d’un silence aussi partagé qu’irrespirable – surtout pour la ou les victimes directes, certes, mais aussi par le cénacle familial resserré autour de sa notoriété menacée. Trop d’enjeux s’y trouvent impliqués. Les vannes se sont pourtant ouvertes : médiatiques, politiques, et même pipoles. Voici la gauche caviar livrée aux dépravations et déviances sexuelles. Il s’en passait de belles dans la villa de Sanary. Camille Kouchner se raconte, enfant de 14 ans qui évolue dans une atmosphère de licence sexuelle, où l’on parle de « baise » devant les plus petits, où le beau-père vénéré se trimballe parfois nu, où la mère, Evelyne Pisier, revendique ses conquêtes – dont celle de Fidel Castro…

Comme pour l’autre affaire fameuse, celle de Matzneff, on retrouve des relents de Mai 68 et ses mantras dont le fameux « interdit d’interdire » autour duquel s’est noué tout un univers permissif, licencieux et faussement libertaire – s’agissant de la liberté des renards dans les poulaillers de l’enfance, certes. Dira-t-on jamais assez les ravages causés par ces dérives emballées de permissivité, diffusant un redoutable « air du temps » placé en surmoi sur tout une partie de la société ?[ref]Si vous ne l’avez pas encore lu, et pour en apprendre davantage sur ces récurrentes questions, commander mon livre Pédophilie : de la chute de Matzneff à une lecture sexo-politique de l’après-68. Dans les bonnes librairies, ou  aux Éditions libertaires : https://editions-libertaires.org/?p=1740[/ref] Un air vicié atteignant en particulier les enfants et adolescents, les condamnant au silence et au refoulement.[ref]En 2006, dans Les Jeunes et le sexe (Presses de la Renaissance), Agathe Fourgnaud alertait sur les fausses libertés de la culture porno-consumériste de masse frappant les jeunes en particulier.[/ref]

Comme pour Matzneff, mais en plus marqué encore en termes politico-médiatiques, Olivier Duhamel entraîne dans sa part d’ombre tout un monde – on sort ici du microcosme – lié à son aura de penseur de la gauche[ref]Avant d’être le mentor du PS, il fut d’abord fils d’un député centriste du Jura, proche d’Edgar Faure, puis ministre de Georges Pompidou.[/ref], constitutionnaliste de renom, pilier de Sciences Po, institution pivotale de l’entre-soi politicien et germanopratin, atteinte en son sein[ref]Olivier Duhamel présidait, jusqu’à sa démission, la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), instance qui détermine l’orientation et le budget de l’institut d’études politiques parisien.[/ref], dont la réputation se trouvait déjà ébréchée depuis la gouvernance Descoings et ses frasques, mais aussi de par ses dérives à la mode gauchisme culturel, gender studies et importation du conflit racial américain…

C’est dire la pression subie par l’actuel directeur de Sciences Po. Frédéric Mion, se déclarant d’abord « sous le choc » et tombant des nues, avant de reconnaître qu’il était au courant des accusations depuis deux ans déjà. Réflexe de survie là encore, au prétexte que son avocat, consulté sur les accusations concernant Olivier Duhamel, les avait repoussées en les qualifiant de « rumeurs ». Un ami si proche et précieux collaborateur ne pouvait relever de telles abominations supputées ! [ref]N’allons pas cependant hurler avec les loups en niant le terrible poison des rumeurs, telles que celles qui ont pu atteindre un Dominique Baudis, ex-maire de Toulouse, victime d’une effroyable machination. De même, s’agissant de l’actuelle affaire Duhamel, gardons-nous du rejet de classe en jetant l’opprobre du « tous pourris », ce qui ne manquera pas, hélas, de se produire.[/ref]

Ainsi, ce petit monde, se tenant par la barbichette de la bonne société, se devait-il de préserver sa façade. Un réflexe vital anti-éclaboussures. Ainsi le père, Bernard Kouchner, sauveur du monde en détresse, trop occupé à tresser son aura et son avenir politique pour s’inquiéter des souffrances du fils. Schéma par trop classique, hélas, là ou ailleurs, ne lui jetons pas trop la pierre.[ref]Feu Guy Corneau avait cerné le sujet dans son Père manquant, fils manqué, 1989, Éd. De l’Homme.[/ref] Ainsi la mère succombant à ses démons autant qu’aux drames familiaux.

C’est là que j’en arrive à cet « effet Zézette » annoncé en titre comme un coup de teasing. Si je me réfère plus précisément au fameux et indémodable Le Père Noël est une ordure, ce n’est pas tant pour blaguer… Souvenons-nous : poussant son caddie, Zézette s’apprête à quitter Pierre quand un coup de fil lui revient :

–  Y a un monsieur très malpoli qui a appelé, il voulait enculer Thérèse…

– Oui je sais, répond Pierre, c’est un ami

– Ah bon, alors ça va ! rétorque la zézayante Zézette.

Dans sa famille, dans son milieu, chez lui comme au Parti socialiste, Olivier Duhamel, n’était-il pas un ami ?

GP

Lire aussi le Regard libre de mon ami Daniel Chaize : LE CHOC DUHAMEL, L’OMERTA COMME PROTECTION SOCIALE

 

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Gerard Ponthieu

Journaliste, écrivain. Retraité mais pas inactif. Blogueur depuis 2004.

2 réflexions sur “Pédophilie. Le beau-père Duhamel et l’effet Zézette

  • Texte prenant, bien écrit, (x louanges à la musique des mots.)

    Mais… non, ce “sujet” n’est malheureusement pas “réservé” à une caste bourgeoise, riche, VIP. D’ailleurs, ni droite, ni gauche, ni religieuse, ni laïque…

    L’Omerta est partout !

    Et, en ces temps complètement déréglementés de haut en bas, et à contrario hyper-moralistes, réfléchir aux conséquences de toutes gouttes d’eau apportées à la “Cancel Culture” (Je déteste les anglicisme mais c’est ainsi.)

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    • Merci Martial. Vous écrivez : “… non, ce “sujet” n’est malheureusement pas “réservé” à une caste bourgeoise, riche, VIP. D’ailleurs, ni droite, ni gauche, ni religieuse, ni laïque… L’Omerta est partout !” D’autant plus d’accord que je le dis aussi au début de mon article : «  …de la bourgeoisie friquée. Laquelle ne détenant pas pour autant le monopole des déviances, certes.” Ce n’était pas le sujet mais les “faits divers” montrent assez combien ce type de déviances avec enfants se rencontrent dans toutes les couches de la société, chacune ayant toutefois ses particularités et aussi des moyens de protection pour le moins différents. Enquêtant aux Archives d’Outre-mer à Aix sur les condamnations à la déportation au bagne de Cayenne, j’avais été frappé par le nombre de condamnés pour incestes ; il s’agissait pour la plupart de paysans.
      Sur la “cancel culture” : la question serait-elle alors de séparer l’homme de l’œuvre quelle que soit la déviance commise ? et de considérer l'”oeuvre”, quoi qu’il en soit ?

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