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Sylvain Tesson, rempart contre le Camp du Bien

Là, je sors de mes gonds : mille et quelques obscurs abrutis – je pèse mes mots  – viennent de pétitionner contre Sylvain Tesson en le jetant à la poubelle des « réactionnaires ». Au nom de quoi ils exigent, ni plus ni moins, qu’il soit rayé du prochain Printemps des poètes (du 9 au 25 mars) dont il a été choisi comme parrain. 

Quand bien même Sylvain Tesson ne serait pas l’un des plus vifs esprits de notre époque qui en manque tant – la preuve —, ni l’un des meilleurs écrivains, ni ce terrien voyageur acharné, ni ce penseur humaniste, quand bien même, ces vils pétitionnaires n’en seraient pas moins de sombres  imbéciles et dangereux coupeurs de têtes, nostalgiques de la Terreur considérée comme leur idéal de la poésie.

Leur infecte tribune, évidemment publiée dans Libération, cet autre tribunal, reproche à Tesson d’avoir « préfacé un ouvrage de référence de l’extrême droite, Le Camp des saints, de Jean Raspail », roman qualifié de « dystopie raciste sur l’immigration. » Un tel argument, si on ose dire, démontre à l’évidence que ces pétitionnaires n’ont d’autre vision du monde et aussi des livres que leur aveuglement idéologique. Je tiens Le Camp des saints – que ces derniers n’auront à l’évidence pas lu – pour un grand livre de visionnaire et d'écrivain, aucunement raciste, et pour autant prémonitoire sur la décivilisation en cours, constatable de nos jours par tout honnête homme refusant le déni du réel autant que la cécité politicienne… et pétitionnaire. Ces Fouquier-Tinville « modernes » et « inclusifs » (ils écrivent « iels » en invoquant une « dignité »…) n’expriment que ce ressentiment des faibles, nostalgiques de la purificatrice guillotine. Au moins par eux, j’apprends que Sylvain Tesson a préfacé une nouvelle édition de ce livre important (roman paru en 1973), relevant du courage naturel d’un poète en acte, un poète parcourant le monde en marcheur et non pas de ces verbeux assis et même couchés, dont la triste « pensée » unique bute sur leur seul critère pavlovien d’« extrême-droite », rassemblés en meutes  dans leur Camp du Bien – et du Beau aussi, sans nul doute.

En retrait de mon blog depuis plus d’un an, pour cause littéraire…, je ne pensais pas devoir y revenir sur ce ton de la révolte, du moins à partir de ce fait qui pourrait être considéré comme anecdotique au regard des tragédies actuelles – dont les guerres contre l’Ukraine, contre Israël et même du Hamas islamiste contre les Palestiniens (oui !), sans ignorer les sourds grondements provenant de Chine, de Corée du Nord, de l’Iran-Yémen, d’Afrique, d’Amérique du sud – et d’où encore ? tant ce monde se trouve en perdition. Or, cet oukase de pseudos intellectuels, relève précisément de la faillite de la pensée libre, donc de cet état du monde déboussolé et de ses habitants interdits de poésie par ceux-là même qui s’en proclament les seul détenteurs, qui prennent les effets pour les causes et, quoi qu’il en soit, s’affirment comme la rature de la vie vivante, cette « avoine que le vent traverse », pour citer Aragon, cet autre réactionnaire et poète.

Valeureux bien-pensants, je vous voir venir… Aggravant mon cas, j’ai ma parade, fournie par Alain Finkielkraut : « C'est parce que je suis de gauche que je ne suis plus de gauche ». 

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Gerard Ponthieu

Journaliste, écrivain. Retraité mais pas inactif. Blogueur depuis 2004.

9 réflexions sur “Sylvain Tesson, rempart contre le Camp du Bien

  • Graille

    Oh comme tu (dis) bien…
    Et com­bien je suis d’accord avec toi.
    Quand je lis Tesson,il me parle et j’admire sa façon d’être au monde.
    Je n’ai qu’indifférence voire mépris pour ceux qui le jugent avec leur bonne dose d’idéologie imbecille.

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  • Bernard Langlois

    Des réserves sur la deuxième par­tie de ton topo (Israël et le Hamas); mais tout à fait d’ac­cord sur la stu­pi­di­té de cette péti­tion anti-Tesson ! Ras le bol des wokistes !

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  • Maurice Peyot

    Excellent ! Je n’en pense pas moins. Ces cou­ra­geux péti­tion­naires-dénon­cia­teurs se seront recon­nus sans doute par le filtre magique de l’entre-soi et regrou­pés en se réchauf­fant autour de leurs dogmes et idoles de la bien­pen­sance. Je dois recon­naître avec vous que cette démis­sion de la pen­sée libre (pléo­nasme) affecte dra­ma­ti­que­ment la gauche d” aujourd’hui ; mais de quand dater ce déclin ? serait-il même consti­tu­tif de l’i­déo­lo­gie du Progrès, et peut-être même des Lumières dont on se gar­ga­rise tant de nos jours, et qui affir­me­raient une sorte de mono­pole de l’éclairage… ?-)

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  • jeanmarie Quairel

    Je pense que si nous avions plus de Sylvain Tesson, chez nous et de part le Monde, celui ci s’en por­te­rait net­te­ment mieux .….

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  • Émile

    le lob­by de la Cour des Spectacles , et les ate­liers natio­naux de l inter­mit­tence avancent ‚tou­jours contre Un Seul ‚tou­jours grou­pés- ser­rés sous la menace de l Exclusion ‚tou­jours une sébile dans la main droite ‚tou­jours le cock­tail Molotov dans la Gauche ! ain­si vivent les assis­tés des planches et des Sofica, tou­jours sous le regard éter­nel et amu­sé de Druon et de la Valeur Ajoutée de la Plèbe !!
    COMOEDIA et RADIO-PARIS les ont enfan­té dans la Discrétion…. au. début !
    en atten­dant LE PANAMA RANGER FINAL !!!

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  • Serge Bailly

    Au moins les choses sont elles claires. La police de la pen­sée est de retour. Ces idiots du vil­lage, forts de leur suf­fi­sance toute sta­li­nienne, vont nous dire ce que nous pou­vons lire, aujourd’­hui, demain… On se croi­rait reve­nu, 40 ans plus tard, au temps des soviets. Pitoyable.

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  • Émile

    cher Gérard voi­là la réa­li­té qui dif­fère de l asser­tion du Comité de Salut Publique ! le texte de Tesson n est pas direc­te­ment lié à la réédi­tion du CAMP des SAINTS de 2011 (Laffont ) pré­cé­dé de BIG OTHER, mais de
    « Petits éloges de l ailleurs « 
    jean Raspail ( Albin Michel )
    la dédi­cace est signée sur la cou­ver­ture pour­tant ! le Nom de feu Raspail enflamme
    tou­jours les esprits intranquiles !

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    • Merci cher Émile pour ces pré­ci­sions. Je me suis en effet réfé­ré aux dires des péti­tion­naires — comme quoi… Mais, par cet amal­game, leur débi­li­té reste la même.

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