Alerte !Islamisme

Libération de Boualem Sansal. La « grâce » et la récupération 

Un pays islamisé qui « grâcie » un de ses deux otages français la veille du dixième anniversaire d’une sauvagerie islamiste innommable… Bien sûr, on ne peut que se réjouir pour Boualem Sansal, sans pour autant oublier Christophe Gleizes, toujours détenu en Algérie depuis mai 2024. Autant pour l’écrivain opposant on pouvait, à la loupe puissante, accorder au régime algérien quelques traces de justification politique sous l’accusation grotesque d’ « atteinte à l’intégrité du territoire », autant, sous cette même loupe, concernant le journaliste sportif, on ne pourrait percevoir le moindre indice de lèse-pouvoir. Ainsi devient-on otage innocent, comme on le dirait du Ravi de la crèche n’ayant pas vu la foudre lui tomber dessus. Pourquoi lui ? Pourquoi ces deux touristes, sans doute épris de l’antique culture persane tombée sous la coupe du fanatisme khomeyniste : Cécile Kohler et Jacques Paris, enseignants et syndicalistes rencontrant des collègues iraniens. Trois ans dans d’abominables prisons ! Au trou de même leurs deux interprètes, et jusqu’à quand ? tandis que de nombreux professeurs iraniens protestant contre leurs conditions de travail sont régulièrement arrêtés.

Le pouvoir islamique retient prisonniers plusieurs ressortissants étrangers ; il s’en sert comme moyen de pression dans les négociations sur le dossier du nucléaire et pour desserrer l’étau des sanctions internationales. C’est bien pourquoi, à n’en pas douter, Cécile Kohler et Jacques Paris, se trouvent toujours assignés à l’ambassade de France à Téhéran. 

Et il y eut le cas d’Olivier Grondeau, un routard à vélo, attiré par ce pays magnifique, ex-otage français, libéré en mars 2025. Il a également vécu l'enfer carcéral iranien, pendant 29 mois. Accusé d'espionnage par Téhéran, arrêté le 12 octobre 2022, puis condamné en février 2024 à cinq ans de détention pour « complot contre la République islamique ».

Restant sur le même sujet de fond, revenons à la libération de Boualem Sansal, due à l’intervention de l’Allemagne, qui a accueilli l’ex-otage à Berlin. L’affaire ne manque pas de refléter les clivages politiques français. Les gouvernants, Macron en tête, y voient la consécration de leur diplomatie de conciliation  – ou de soumission ? Les oppositions s’opposent, à coups d’anathèmes. L’élite parisienne, canal germanopratin, se félicite que Boualem Sansal soient « dès leur », qu’ils voient en lui le beau miroir de cet entre-soi retranché dans le Camp du Bien. Le tout réuni dès hier soir sur la chaîne Cinq et sa Grande librairie, sous la houlette extatique de son tenancier. Tous n’étaient pas atteints mais se trouvaient bien ballottés dans cette même lessiveuse de la Bien-pensance éditoriale, Antoine Gallimard en tête et en VRP de lui-même, s’empressant d'absoudre « la gauche » de son mollasson soutien à l’otage franco-algérien – il répliquait là à Abnousse Shalmani qui avait tiré juste. Éditeur chez le même Gaston, Jean-Marie Laclavetine, en bon pavlovien « de gauche », ne put retenir l’insidieux argumentaire ad hitlerum pour accuser « l’extrême-droite » de récupération politique. N’aurait-il pas été pareillement indigné si ce Camp du Diable n’avait soutenu l’écrivain emprisonné ? Un mot de Romain Gary renvoie dans ses cordes ce pense-petit : « Crier le fascisme ne passera pas, ça fait passer tout le reste »1Émile Ajar, Gros-Câlin, Mercure de France, 1974. J’imagine fort bien Boualem Sansal, tout comme Kamel Daoud (présent à l’émission) se reconnaître dans ces mots, puisque l’islamisme est un fascisme.

Lire aussi sur « C’est pour dire » :

Boualem Sansal. Algérie – France, un même déshonneur

https://c-pour-dire.com/2025/06/25/boualem-sansal-devant-ses-juges-algeriens-24-6-25/

https://c-pour-dire.com/2025/05/26/boualem-sansal-quelle-langue-parlerons-nous-demain/

https://c-pour-dire.com/2024/11/24/boualem-sansal-le-mauvais-sort-des-lanceurs-dalerte/

  • 1
    Émile Ajar, Gros-Câlin, Mercure de France, 1974
Partager

Une réflexion sur “Libération de Boualem Sansal. La « grâce » et la récupération 

  • Je suis très content pour lui…
    Bien évi­de­ment, il vaut mieux évi­ter de pas­ser l’ar­rière cui­sine insa­lubre de la poli­tique pour savou­rer sa salu­taire liber­té retrouvée.
    Le temps d’y faire le ménage vien­dra vite !
    Enfin, j’espère…

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Translate »