Selon Ambiel, Colombani aurait “tapé” Raffarin
Lors d'un zappage télé, samedi soir 4 juin, je suis tombé sur l'interview de Dominique Ambiel par Ardisson. C'était donc, on l'aura deviné, dans l'émission "Tout le monde en parle". Or, que n'entends-je?, l'ancien conseiller en communication de Raffarin (le "grand communicateur" que l'on sait), raconter ça : que le directeur du Monde a un jour appelé le premier ministre parce qu'il avait besoin de xx milliers d'euros pour "dépanner" le journal.
J'étais scié d'entendre ça – comme vous, je suppose, même en le lisant ici. Je suis sûr de la teneur du propos d'Ambiel, mais je n'ai pas noté le montant qu'il a avancé (500.000 euros ?). Qui aurait entendu cette interview et confirmerait ce que j'en rapporte, avec le montant exact de la somme annoncée par Ambiel ?
Ne serait-il question que de cinq euros, direz-vous, que le problème serait le même : rien moins que celui de l'indépendance du quotidien "de référence". Une preuve de connivence – de collusion même. Une affaire d'Etat peut-être – ce ne serait pas la première.
Par ailleurs, ayant continué à regarder un moment… ce mélange autocélébré de la politicaille et de ses faire-valoir, tandis que le "peuple" en arrière-fond est appelé à figurer (ah, ça, elles sont mignonnes les minettes potiches!), puis à applaudir sur ordre… Quelle magnifique illustration du débat actuel sur l'Élite, majuscule, méprisant le Peuple, majuscule aussi, bien sûr.
→ Une blogolectrice, Fauvette, nous a signalé la mise au point du Monde sur cette affaire, parue dans Le Parisien/Aujourd’hui du 10/06. La voici reproduite (cliquer dessus pour l'agrandir).
Il s'agit donc bien de 500.000 euros (par mois ?) considérés comme "accompagnement financier par les pouvoirs publics du plan social concernant les imprimeries de la presse parisienne". Questions : pourquoi et à quel titre l'État intervient-il dans la gestion d'affaires privées ? Pourquoi, en passant – et en signe d'adieu ? – Raffarin n'a-t-il finalement pas signé le décret d'application ?
Je ne sais plus si c’est Serge Halimi ou un autre journaliste du Diplo : on devrait désormais plutôt parler de journaliste de « révérence » devant les puissances d’argent et/ou le pouvoir politique.
On assiste peut-être même à un retour aux pratiques des débuts de la 3ème République quand les grands bourgeois affairistes (financiers, banquiers, industriels) étaient députés, ministres, et possédaient des journaux à leur dévotion quand ils n’y écrivaient pas eux-mêmes.