Coup de cœurHommage

Merci, Alain Bombard, de m’avoir traité d’emmerdeur

Mourir dans les vacances d’été, pas terrible. Pire qu’en hiver. Du moins pour la notoriété "post mortem". Alain Bombard vient ainsi de passer à la trappe : mort à Toulon ce 19 juillet. C’est signalé de ci, de là, certes. Mais sitôt balayé par une affaire de yaourt frelaté au coca. La nouvelle n’aura tenu que quelques heures sur LeMonde.fr. Cette fois, le papier l’emporte, avec un bel article de Roger Cans [Le Monde, 20/07/05], fort juste, sobre et chaleureux dès son titre : «Alain Bombard, un joyeux hérétique».  C’est en effet l’image que j’en ai gardée, ayant eu l’occasion de le rencontrer alors que j’étais lycéen à Amiens. Ce que je vais vous conter.

 

1961, je crois. J’étais en seconde, pensionnaire à la Cité scolaire de la capitale picarde, où vivait aussi le Naufragé volontaire. C’était un héros dont l’exploit, datant pourtant de 52, était encore très vivace. L’Amiénois fut donc invité à témoigner pour les lycéens. Sa trogne autant que sa faconde à la Haddock – et bien sûr son aventure – firent leur l’effet. Pour ma part, je le guettais à double titre : je voulais déjà « faire journaliste » et je venais d’être désigné « boursier Zellidja »[ref]Zellidja, du nom d’une mine de zinc au Maroc, dont Jean Walter, architecte géologue, tirait des revenus qu’en 1939 il décide de redistribuer chaque année à une centaine de jeunes. Il fonde les bourses Zellidja, en accord avec Jean Zay, ministre de l’éducation nationale Objectif : faire découvrir par le voyage ce que l’école ne peut enseigner.[/ref] avec un pécule (de cinq sous) et des encouragements à partir pour un voyage… en solitaire. Vous voyez l’affaire…

Et c’est ainsi qu’à la fin de la causerie, je fis mon premier pas de journaliste en graine, et allai demander rendez-vous au grand-homme. On convint que je lui téléphone. Ce que je fis sans tarder. Une première fois, pour tomber sur sa femme à qui j’expliquais ma démarche. Mais le docteur était absent. Je rappelai une autre fois, et peut-être une troisième – c’était très formateur… et les journalistes, on le sait, se doivent de pratiquer l’obstination, avec les risques afférents. Si bien qu’à ma dernière tentative (la bonne), tandis que la même interlocutrice expliquait mon appel à Bombard, la main ne recouvrant que partiellement le combiné… j’entendis mon héros du moment, avant de me prendre, lâcher ces mots terribles : «Ah, c’est encore cet emmerdeur !». Mettez-vous à la place du boutonneux que j’étais… Qu’auriez-vous fait ? Ben comme moi, peut-être, étant donné que je n’eus pas le temps de réagir… et que le rendez-vous fut pris, chez lui.

Brève rencontre, chaleureuse nonobstant le coup du téléphone… Ce que j’en retins ? Je ne sais plus trop, mais en tout cas de quoi nourrir ma détermination pour entreprendre ma première aventure « en solitaire ». Car il y en eut d’autres. En particulier la deuxième, l’année suivante… Cette fois cependant, j’étais flanqué d’un comparse. Tout comme Bombard partant de Monaco en Zodiac avec un co-équipier anglais… qui va le lâcher à Tanger. Le mien – copain de bahut – affronte le blues de l’auto-stoppeur… et me largue peu après Melun. Qu’à cela ne tienne, les deux aventures vont se poursuivre – toute comparaison s’arrêtant là…

J’aurai appris au moins deux choses d’Alain Bombard : de l’homme, une représentation vivante de la persévérance et du courage (presqu’un pléonasme) ; du « grand-homme », qu’il n’est jamais si grand qu’avait pu le croire un gamin se faisant traiter d’« emmerdeur ». Belles leçons croisées de vie, d’humanité, d’humilité aussi. C’est sans doute pourquoi, bien que vexé de prime abord, je ne lui ai jamais tenu rigueur de cette affaire entre nous.

Je ne devais plus le revoir qu’à la télévision.

Une si discrète évocation
[dropcap]On[/dropcap] aurait pu s’attendre à des hommages plus appuyés dans les quotidiens « côtiers ». Que nenni ! Ouest-France est réduit à l’AFP, dans la pire platitude : « Alain Bombard est mort à l'âge de 80 ans »… Le Télégramme fait quand même mieux avec « Toute une vie pour la mer » et rappelle dans un autre papier « La tragédie de la barre d'Étel » (Morbihan) de laquelle Bombard réchappa, mais pas neuf naufragés – comme une « épine » dans l’histoire maritime bretonne. Le Courrier picard évoque à la une son «ultime traversée » – espérons que le journal d’Amiens aura déniché des infos originales sur un des plus fameux de ses anciens lecteurs. La Provence, en une demi-page et deux photos, sait se souvenir du voisin installé à Bandol et qui avait dirigé un Observatoire de la mer sur l’île des Embiez (Fondation Paul-Ricard). 
Là-haut, rien à la une de La Voix du Nord… D’autant plus regrettable que le destin de Bombard s’est noué à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) ; il y faisait son internat de médecine quand le naufrage d’un chalutier lui mit «sous le nez » une vingtaine de cadavres repêchés. D’où ce questionnement déterminant, que rappelle Roger Cans (Le Monde) : « Comment des hommes vigoureux et endurcis peuvent-ils périr si vite, sans exception, à quelques brasses du rivage ? »
Un tournant fondamental : « Le docteur Bombard se penche alors sur les grands naufrages de l'Histoire, et il en tire une conviction : ce n'est pas l'organisme physiologique qui cède lorsqu'un bateau coule, mais le moral. Le naufragé qui se voit noyé perd aussitôt tous ses moyens et s'abandonne au fil de l'eau. Encore faut-il en administrer la preuve. Comme Pasteur pour le vaccin de la rage, Bombard va donc tenter lui-même l'expérience. D'abord en traversant la Manche à la nage, puis en se lançant avec un mécène néerlandais sur un dinghy, un de ces engins gonflables utilisés pendant la guerre pour secourir les pilotes d'avion tombés en mer. La traversée échoue, mais, après deux jours de dérive sans manger ni dormir, Bombard observe qu'il est en meilleure forme que son coéquipier, car il a bu un peu d'eau de mer. » 
Démarche scientifique doublée d’une détermination à toute épreuve – qui a fini par céder, à 80 ans, des suites d’une fracture du col du fémur, quelques jours avant de sombrer corps et biens dans son dernier naufrage. Une histoire qui valait bien, je sais pas…, comme ça au hasard, celle d’un Eddie Barclay. Aucun rapport, je sais.
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2 réflexions sur “Merci, Alain Bombard, de m’avoir traité d’emmerdeur

  • Gérard Ponthieu

    Jacques « du 30 » : « …Mes héros n’étaient pas des che­va­liers blancs et […] com­met­taient des erreurs d’autant plus tra­giques qu’elles étaient ren­for­cées par leur noto­rié­té. » Du rôle de la média­ti­sa­tion, des jour­na­listes, etc. dans la fabri­ca­tion des héros et de leurs exploits, pour le meilleur et pour le pire. Inévitable ? Sûrement pas ! Comment ? Distance cri­tique, même cha­leu­reuse – entre autres pré­cau­tions indispensables.

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  • Ci-des­sous, les com­men­taires sus­ci­tés lors de la paru­tion de cet article en 2005 sur « C’est pour dire »
    alors héber­gé sur lemonde​.fr


    oh, bah tu m’as toute émue avec ton his­toire… Je le vois presque, le mini Gégé, assi­du au télé­phone, bal­bu­tiant sa requête après avoir enten­du le qualificatif…

    Bon été,

    L’Engeance…

    Rédigé par : bour­rique | le 21 juillet 2005 à 14:26 | |
    Un blog de *réfé­rence* (si si, j’insiste), qui bas­cule le temps d’une paren­thèse esti­vale, dans le blog ver­sant inti­miste. Une agréable sur­prise… ;o)
    Elle est chouette cette his­toire d’enfance, avec une belle pers­pec­tive de réflexion.

    Rédigé par : uu | le 21 juillet 2005 à 15:44 | |
    Sacré le Ponthieu, c’est vrai que tu touches juste quand à ton tour, tu nous causes de ton vécu comme on dit, de ton voyage à toi, har­di et gon­flé comme le pneu­ma­tique du Bombard. Je me sou­viens sou­dain d’un type qui regar­dait le pape bénir et gémir sur la place Saint Pierre et le type disait : Mais c’est qui ce gars à lunettes et che­veux longs à côté du mec en blanc ? Oui ! C’était déja not’ Ponthieu, pré­sent sur tous les fronts, indis­pen­sable témoin et sur­tout … Bon on est entre pote, entre marin de la vie et c’est bien comme ça ! Bravo ! Et conti­nue cette belle tra­ver­sée le Gérard !

    Rédigé par : faber | le 21 juillet 2005 à 21:33 | |
    J’aime bien le côté « je véri­fie par moi-même » qu’avait A.Bombard. Il a dû ins­pi­rer Gérard Ponthieu, à lire son blog !

    Rédigé par : PaysanPerverti | le 21 juillet 2005 à 21:39 | |
    » Mes ami(e)s : vos mots tout pleins d’attentions cha­leu­reuses me touchent très beau­coup. Merci tout aus­si pleinement.

    A pro­pos du Bombard, je viens de voir sur Télé-Monte-Carlo (TMC) la redif­fu­sion de l’émission de décembre 2002 mar­quant le cin­quan­te­naire de son exploit. Je crois bien que c’est la seule télé qui lui ait ren­du un hom­mage à la hau­teur du bon­homme – il est vrai qu’il avait été pris sous l’aile pro­tec­trice de Monaco… et c’est même de là qu’il est par­ti, en 52, pour affron­ter l’Atlantique en nau­fra­gé volon­taire et soli­taire. (La prin­ci­pau­té abrite un « machin » de recherche océa­no­gra­phique dans lequelle AB avait pour­sui­vi ses recherches sur le milieu marin. Rainier entre­te­nait une fibre éco­lo­gique qui allait même, comme on sait, jusqu’à recy­cler du pognon malpropre.)

    Cela dit, l’émission redif­fu­sée consti­tue la der­nière appa­ri­tion télé de Bombard que l’on voit en pleine forme lors d’un entre­tien autour de son film-docu­ment. Un très bon moment en com­pa­gnie d’un « grand-homme »…

    Rédigé par : Gérard Ponthieu | le 22 juillet 2005 à 00:09 | |
    Et moi, mon Gégé, ma pre­mière inter­view (pour le canard du col­lège « Le Tuba ») ce fut … Fernand Raynaud ! On l’avait cho­pé à trois, avec Vouët et Chailleux, (déjà …) à la sor­tie d’un réci­tal, à Nantes. Le grand Fernand, sym­pa comme tout, nous avait emme­né boire un verre dans une bras­se­rie du coin. Un jour­na­liste (un vrai !) de Ouest-France, ou de Presse Océan, le canard local, nous avait rejoint et avait essayé de se mêler de la conver­sa­tion. « Laissez-nous, mon­sieur — avait dit Fernand — vous voyez bien que je suis occu­pé avec ces mes­sieurs ! » Ah, on était pas peu fiers !
    Tout ça ne nous rajeu­nit pas… (cà devait être en 61 ou 62).

    Bon, mais à part ça : si je ne me trompe, le père Bombard a aus­si été mêlé à un autre « exploit », plus contro­ver­sé celui-là, où plu­sieurs de ses équi­piers sont morts noyés ; il s’agissait, si ma mémoire est bonne, d’une ten­ta­tive pour fran­chir en canot la barre d’Ethel, en Bretagne. Ça te dis qqchose ?

    Amitiés,
    B.L.

    Rédigé par : Langlois | le 22 juillet 2005 à 06:53 | |
    » Salut mon Nanard ! A pro­pos de Fernand Raynaud, auras-tu vu (comme moi, à la télé) le spec­tacle de Jean Rochefort construit sur des textes du « comique » et de la musique de Satie ? Quel mor­ceau ! Quelle audace aus­si d’avoir osé « ça », qui montre un Fernand très pré­sent et « moderne », tout comme Eric, deux vrais artistes, et de sur­croît réel­le­ment populaires.

    Bombard : ouais, l’histoire d’Etel (sans h, je crois bien), je l’évoque dans mon 2e papier en citant « Le Télégramme » et les Bretons qui lui ont gar­dé, à Bombard, un chien de leur chienne. Roger Cans en parle aus­si dans son papier du Monde, je le cite : « Le 3 octobre 1958 sur­vient un drame qui bou­le­verse à nou­veau sa vie : au cours d’une ten­ta­tive de fran­chis­se­ment de la barre d’Etel (Morbihan), à bord d’un radeau pneu­ma­tique répu­té insub­mer­sible, neuf per­sonnes meurent noyées. Lui seul s’en tire, au grand scan­dale des habi­tants du lieu. La jus­tice impli­que­ra l’imprudence des marins, dont plu­sieurs étaient ivres, et le mau­vais équi­pe­ment du canot de sau­ve­tage venu au secours du radeau. Même dis­cul­pé, cepen­dant, le doc­teur Bombard appa­raît pour beau­coup comme un pestiféré. »
    J’ajoute : reve­nu de son exploit, Bombard aura pu se croire immor­tel… Il avait sur­vé­cu en par­tie en comp­tant sur sa foi »qui-sou­lève-les-mon­tagnes », à la façon dont un Henri Guillaumet avait « vain­cu » les Andes. Chez les deux hommes il y a une indé­niable force de carac­tère ; mais on ne peut non plus exclure leur bara­ka – cer­tains pré­tendent que c’est la même chose… Donc, Bombard aura pu pas­ser de l” »héré­tique » à l” »invin­cible », oubliant alors qu’il n’était qu’humain. Comme nous.
    Finalement, avec tes sou­ve­nirs aus­si, on montre (modes­te­ment) que des gamins peuvent bien aus­si écrire l’Histoire – non mais !
    A toi,
    gp

    Rédigé par : Gérard Ponthieu | le 22 juillet 2005 à 10:18 | |
    Vu éga­le­ment, par hasard mais avec grand plai­sir, la redif­fu­sion sur TMC. Le film « date » (accom­pa­gne­ment sonore, …) mais on peut avoir une bone idée de l’exploit.
    Quant au bonhomme,il a peut-être cau­sé la mort de ses infor­tu­nés com­pa­gnons d’Etel, mais a sur­tout per­mis de faire faire à la sur­vie et au sau­ve­tage en mer un sacré bond en avant, qui a cer­tai­ne­ment per­mis de sau­ver bon nombre de vies.
    Ne pas oublier non plus son com­bat écologiste.
    Et puis les « ori­gi­naux », ceux qui ne suivent pas « la même route que », faut les saluer même si ces che­mins aven­tu­reux recèlent quelques chausse-trappes !

    Rédigé par : Jacques | le 25 juillet 2005 à 12:47 | |
    J’ai maté de-ci de-là, sur les sites oueb des chaînes, les quelques « sujets » consa­crés à Bombard. La plu­part, pour ne pas dire tous, bâclés ! Je me disais que la télé peut vrai­ment être un sous-média. Une ou deux minutes, ça ne peut comp­ter que par miracle, autant dire jamais, presque. Le « miracle » on peut pré­tendre le taqui­ner, mais à condi­tion d’avoir tra­vaillé son sujet, d’en avoir une connais­sance hon­nête, de par­tir d’une fraîche curio­si­té avec le sou­ci d’aller vers… Vers quelqu’un, vers quelque chose qui va prendre corps et sens. Bref, ça ne se bri­cole pas à la va vite pour le jour­nal du soir même. C’est pour­tant « la » loi.
    Donc, j’ai (re)mesuré en pas­sant l’ampleur des dégâts télé­vi­suels – cho­pant au vol quelques notes tout de même inté­res­santes : Bombard, inter­viou­vé de sa mai­son de Bandol, disant : « j’ai adop­té la Provence » (Venant moi-même de « là-haut », je com­prends le sel de cette phrase ; il ne pré­ten­dait pas que la Provence ait pu l’ adop­ter, non. Mais qu’il devienne adop­tant, oui, belle inversion.)
    Autre nota­tion du même repor­tage : AB raconte qu’il n’a plus de bateau, car il n’aime pas « faire des ronds dans l’eau ».

    » Jacques : d’ac pour saluer les « ori­gi­naux » ; ils nous sont indis­pen­sables, nous aident à mieux vivre (et sur­vivre en l’occurence : j’aime cette obser­va­tion par laquelle AB déduit que les nau­fra­gés ne meurent pas du nau­frage mais d’épouvante ; comme s’ils étaient morts avant de mou­rir). Les ori­gi­naux seraient ceux qui ne renoncent pas – mais ils n’en pré­sentent pas moins leurs fai­blesses. En quoi il n’y a jamais lieu de les por­ter au pinacle ; qu’ils soient seule­ment et plei­ne­ment humains suf­fit bien. C’est bien ce que j’ai vou­lu dire avec mes sou­ve­nirs de gamin.

    Rédigé par : Gérard Ponthieu | le 25 juillet 2005 à 15:41 | |
    Et à pro­pos des morts dis­crètes de l’été, il ne fau­drait pas oublier celle de Jean-Michel Gaillard, his­to­rien et homme de télévision.
    Merci à France 2 d’avoir repro­gram­mé hier soir (tard, mais ce sont les vacances !) le Jaurès avec Torreton, dont Gaillard a été dia­lo­guiste et dans lequel il appa­raît éga­le­ment en tant qu’acteur. Un bel hommage.

    Rédigé par : Jacques | le 26 juillet 2005 à 09:41 | |
    » Jacques : on est quelques-uns à veiller… Jean-Michel Gaillard – il en avait le droit –, c’est bien lui que je trouve aus­si par­mi les amis du pre­mier cercle de Sarkozy ?

    Rédigé par : Gérard Ponthieu | le 26 juillet 2005 à 09:52 | |
    Pas connais­sance des rela­tions poli­tiques de J.Michel Gaillard, ni de Sarkosy d’ailleurs
    Je ne le connais que comme his­to­rien, et me sou­viens en par­ti­cu­lier d’un tra­vail très inté­res­sant qu’il avait fait pour France 5 (émis­sion d’histoire enre­gis­trée au Procope) au sujet de Medès France.
    Les mau­vaises nou­velles n’arrivant jamais seules, un autre décès est à déplo­rer : celui de Christian Zuber, défen­seur des ani­maux et gendre de Théodore Monod. J’avais ren­con­tré ces 2 là (Monod et Zuber) avec ma fille Julie lors d’une mani­fes­ta­tion anti-cor­ri­da à Nîmes. Nous avions pas­sé un long et cha­leu­reux moment, tous les quatre dans un bis­trot après la récep­tion (bien inutile hélas) de Monod par la mai­rie. Zuber, qui le tutoyait, lui avait fait pré­pa­rer un sand­wich et le « cha­pe­ron­nait », ce qui sem­blait inutile vu la vita­li­té du bon­homme en rap­port avec son grand âge. Deux grands bonshommes.

    Rédigé par : Jacques | le 28 juillet 2005 à 14:04 | |
    Je suis un peu plus âgé que vous et avec Alain Bombard dis­pa­raît le der­nier des héros ayant nour­ri mes rêves de l’enfance à l’adolescence. Avant lui il y avait bien eu Thor Heyerdahl et l’Expédition du Kon-Tiki, j’avais alors 8 ans mais leur tra­ver­sée avait été le centre des cours de récréa­tion et de mon ima­gi­naire à tra­vers le film tiré de leur tra­ver­sée puis le livre. Je me sou­viens des détails comme les petits mor­ceaux de bal­sa qui cou­laient. Et aprés beu­coup d’autres de Moitessier à Tabarly.
    Mais avec Bombard c’était l’homme seul sans moyens que son ingé­nio­si­té, les res­sources de l’Océan et sa pas­sion tenace au ser­vice de la cause des marins en péril extrême.
    Mais vous avez aus­si rai­son de rap­pe­ler la tra­gé­die de la Barre d’Etel. A l’époque cela avait été aus­si un choc pour moi en mon­trant que mes héros n’étaient pas des che­va­liers blancs et qu’ils com­met­taient des erreur d’autant plus tra­giques qu’elles étaient ren­for­cées par leur notoriété.
    C’est cette émo­tion que j’ai retrou­vé dans une cer­taine mesure en écou­tant la voix de Maud Fontenoy lors de sa tra­ver­sée de l’Atlantique et c’est pour cela que j’ai pris contact avec elle après son arri­vée. Et par elle j’ai fait connais­sances d’autre aven­tu­riers à la pour­suite de leur rêve.

    Rédigé par : Jacques | le 30 juillet 2005 à 12:24 | |
    Qui fait le Jacques à ma place ? (Je plaisante !)
    Ceci pour pré­ci­ser que le Jacques du 30 juillet – lui – n’est pas le même – moi – que celui du 28. Je suis, d’après mes comptes, moins âgé que lui de 9 ans. (j’ai cher­ché la date de l’expédition du Kon-Tiki, et cal­cu­lé d’après le mes­sage de « l’autre Jacques »). Mais donc bien « mûr » quand même ;-)))

    Rédigé par : Jacques | le 30 juillet 2005 à 19:55 | |
    » Jacques « du 30 » n°1… : « …Mes héros n’étaient pas des che­va­liers blancs et […]com­met­taient des erreur d’autant plus tra­giques qu’elles étaient ren­for­cées par leur noto­rié­té. » Du rôle de la média­ti­sa­tion, des jour­na­listes, etc. dans la fabri­ca­tion des héros et de leurs exploits, pour le meilleur et pour le pire. Inévitable ? Sûrement pas ! Comment ? Distance cri­tique, même cha­leu­reuse – entre autres pré­cau­tions indispensables.

    Rédigé par : Gérard Ponthieu | le 01 août 2005 à 11:24 | |
    Bonjour,
    Je viens de lire une par­tie de votre article dans lequel vous écri­vez que « plu­sieurs des pas­sa­gers de la tra­gé­die d’Etel du 3 octobre 1958 étaient ivres ».
    Je pense très sin­cè­re­ment que de tels pro­pos consti­tuent un outrage à l’égard de ces marins qui ont péris pour rendre ser­vice à tous les autres marins nau­fra­gés qui ont pû être sau­vés grâce au canot de survie.
    J’ai moi-même navi­gué en qua­li­té de mousse (né à ETEL le 18.12.1943) avec une des vic­times sur le tho­nier à voiles Prosper « EL5088 » échoué sur la barre le 18 juillet 1958 et secou­ru par le canot de sau­ve­tage « VA Shwerrer ».
    Je me tiens à votre dis­po­si­tion pour un débat contradictoire.

    Rédigé par : GUYONVARCH | le 25 jan­vier 2011 à 15:38 | |
    @ GUYONVARCH : Je sup­pose que vous vous réfé­rez à mon com­men­taire où je cite Roger Cans qui dans Le Monde, relate l’affaire et écrit notam­ment : » La jus­tice impli­que­ra l’imprudence des marins, dont plu­sieurs étaient ivres, et le mau­vais équi­pe­ment du canot de sau­ve­tage venu au secours du radeau. » Je ne sais s’il y a donc lieu de débattre – pour ma part, je ne pos­sède aucune infor­ma­tion de pre­mière main –, mais n’hésitez pas à vous expri­mer sur le sujet ici-même. Sincèrement à vous.

    Rédigé par : Gérard Ponthieu | le 25 jan­vier 2011 à 20:16 | |

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