Le Proche-Orient pour les nuls
par Sindibad
Sous la signature de Sindibad et sous le titre repris ici, la Coordination des Appels pour une Paix Juste au Proche-Orient (CAPJPO) publie sur son site – « en forme de satire » –, un texte décapant. Il pose en particulier la question du traitement par la plupart des médias dominants de l’actualité du Proche-Orient. Bien des journalistes pourraient se sentir visés.
Depuis près de six ans, le gouvernement israélien tue par semaine entre 10 et 20 Palestiniens, enlève les hommes et les femmes par dizaines, détruit les habitations, les champs et les infrastructures, enferme et empêche les habitants de Gaza et de Cisjordanie de circuler librement chez eux. Alors, quand un groupe de résistants, "terroristes" pour les israéliens, "activistes" pour les autres, capture un soldat chargé de surveiller la grande prison à ciel ouvert qu’est Gaza, l’Occident, l’Europe, la France et sa presse indépendante trouvent que c’en est trop pour Israël. Cet État "seule démocratie au Proche-Orient" est également le seul État à avoir le droit de tuer des civils, d’enlever des ministres et des députés élus démocratiquement, dans un pays en lambeaux, seule démocratie sous occupation dans le monde.
Il y a quelque chose d’irréel dans ce monde libre voulu par Bush et Blair. On se frotte les yeux et on tend les oreilles pour réaliser que c’est bien la réalité. Celle des bombes puissantes qui pulvérise les réfugiés libanais sur la route de l’exode. Celle d’une télévision qui choisit de ne pas montrer ce qu’on ne doit pas voir. On se dit alors, que nous n’avons rien compris. Le malaise qu’on éprouve devant notre poste de télévision vient de notre incapacité à comprendre les nouvelles règles du jeu. Ces règles sont certainement écrites quelque part dans les cerveaux des éditorialistes de Libération, du Monde ou de France Inter.
Il n’y a qu’à écouter et regarder ces journalistes, envoyés très spéciaux, tentant de nous vendre la version d’un conflit dont les forces en présence seraient symétriques, entre l’une des armées les mieux équipées du monde, qui en plus est soutenue par la première puissance mondiale, et d’un pays dépourvu d’armée digne de ce nom.
Depuis le début de l’Intifada, les Israéliens morts suite à des tirs de roquettes palestiniennes se comptent sur les doigts de la main. Autant dire qu’un Israélien a plus de risques de mourir de la foudre que victime d’une roquette du Hamas. Pourtant on a fini par croire que les roquettes Azedine Alquassam mettaient en péril l’existence d’Israël, état dit tantôt "hébreu", tantôt "démocratique, surtout quand ça l’arrange.
On croyait, nous les naïfs, qu’un homme en valait un autre. On avait tort, preuve qu’on n’avait rien compris aux règles du jeu. Ce sont ces règles qui font que la vie d’un soldat israélien n’a pas de prix. Un soldat Israélien capturé, justifie que 300 Arabes soient assassinés et qu’un pays tout entier soit dévasté, sans qu’on y trouve rien à redire.
Voici, en exclusivité, ces règles que tout le monde doit avoir à l’esprit lorsqu’il regarde le JT le soir, ou quand il lit son journal le matin. Tout deviendra simple.
Règle numéro 1 : Au Proche-Orient, ce sont toujours les Arabes qui attaquent les premiers et c’est toujours Israël qui se défend. Cela s’appelle des représailles.
Règle numéro 2 : Les Arabes, Palestiniens ou Libanais n’ont pas le droit de tuer des civils de l’autre camp. Cela s’appelle du terrorisme.
Règle numéro 3 : Israël a le droit de tuer les civils arabes. Cela s’appelle de la légitime défense.
Règle numéro 4 : Quand Israël tue trop de civils, les puissances occidentales l’appellent à la retenue. Cela s’appelle la réaction de la communauté internationale.
Règle numéro 5 : Les Palestiniens et les Libanais n’ont pas le droit de capturer des militaires israéliens, même si leur nombre est très limité et ne dépasse pas trois soldats.
Règle numéro 6 : Les Israéliens ont le droit d’enlever autant de Palestiniens qu’ils le souhaitent (environ 10.000 prisonniers à ce jour dont près de 300 enfants). Il n’y a aucune limite et ils n’ont besoin d’apporter aucune preuve de la culpabilité des personnes enlevées. Il suffit juste de dire le mot magique "terroriste".
Règle numéro 7 : Quand vous dites "Hezbollah", il faut toujours rajouter l’expression « soutenu par la Syrie et l’Iran ».
Règle numéro 8 : Quand vous dites "Israël", Il ne faut surtout pas rajouter après : « soutenu par les Etats-Unis, la France et l’Europe », car on pourrait croire qu’il s’agit d’un conflit déséquilibré.
Règle numéro 9 : Ne jamais parler de "Territoires occupés ", ni de résolutions de l’ONU, ni de violations du droit international, ni des conventions de Genève. Cela risque de perturber le téléspectateur et l’auditeur de France Info.
Règle numéro 10 : Les Israéliens parlent mieux le français que les Arabes. C’est ce qui explique qu’on leur donne, ainsi qu’à leurs partisans, aussi souvent que possible la parole. Ainsi, ils peuvent nous expliquer les règles précédentes (de 1 à 9). Cela s’appelle de la neutralité journalistique.
Règle numéro 11 : Si vous n’êtes pas d’accord avec ses règles ou si vous trouvez qu’elles favorisent une partie dans le conflit contre une autre, c’est que vous êtes un dangereux antisémite.
••• CAPJPO-Euro-Palestine, 16 bis rue d’Odessa 75014 Paris.
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Censure ? Quelle censure ? Dans votre tête sans doute, car en plus vous êtes parano. Certes, ça va avec la violence, surtout refoulée. Quant à votre nouveau commentaire, j’en retiens le Mépris majuscule, ultra-je-ne-sais quoi, qui ne vaut pas de perdre mon temps. Votre appel au « dialogue » masque une petitesse dérisoire.