Guy Carlier, vache comme un matador
Guy Carlier, vache comme un matador
Ce que j’aime tout particulièrement (en plus du reste) chez Guy Carlier [France inter], c’est son sens de la digression. Tenez, ce matin, encore toute chaude dans mes cérèbres [cherchez pas, ça sort à l’instant], sa charge contre la corrida. Au départ (début de la chronique), il est « vaguement contre » ; à l’arrivée, « tout contre ». Entre les deux, quelques petites minutes de régal, avec leur digression d’au moins la moitié. Cette fois, la saillie vise le patronat et ses aficionados, ceux que réconforte un Jean-Marc Sylvestre avec ses homélies au dieu-Profit ; tandis que Bernard Maris, lui, l’économiste antilibéral, sonne sa charge une bonne heure avant, à l’heure du prolo. Puis Carlier enfonce sa pique – innocente – dans les reins de Brigitte Jeanperrin, la « madone du patronat », celle qui les réveille (les patrons) sur l’air de la privatisation de Gaz de France, tout comme Yves Montand, au ciné, réveillait Louis de Funès en faisant tinter des pièces d’or. Il est vache, donc, le fils d’Andalouse (dixit le chroniqueur de ce matin) qui s’excuse en disant « j’exagère », alors qu’il sait bien que l’exagération, comme la caricature, portent fort loin – avec le talent –, il est vache disais-je jusqu’à raconter du dedans la corrida de son enfance (« la première et la dernière » : comme moi, oui, avec El Cordobes, Béziers 1966), il est vache comme un matador, en ce matin de radio publique. Je l’aime, ce type, qui me rend heureux dès potron-minet. Philosophe, Carlier se double aussi du sociologue qui décline la lutte des classes moderne en trois acteurs déterminants, et trois horaires précis comme un tableau de la SNCF : 6h 14 : Maris et ses prolos (enfin, les rares non accros à RTL ou RMC) ; 7h 21 : Sylvestre, ses patrons et leurs cadres « qui veulent se la péter aux repas d’affaires » ; 7h 54 enfin : Carlier et le reste du monde. L’idéal, c’est de profiter du choix. Le pire, c’est de rater son train.
Ca change des blogs, c’est sûr. Et avec ça les Français qui risquent de voter à droite malgré cette dure propagande du « service » public. Encore un divorce de plus entre la masse et les élites sur une radio qui se peut popu ?