Sarkozy ou le nettoyage technique
Chassez le naturel, et l’ « inné » revient au galop. Il a beau faire des efforts pour rompre, là aussi, avec son image d’agité violent… Ainsi samedi dernier, à Châteauneuf-du-Pape, où il est venu flatter « la France éternelle » en même temps qu’une assemblée de viticulteurs pourtant acquis à sa cause. Ça s’imposait pour celui qui n’aime pas le vin et qui, de plus, a eu l’air de les avoir « dans le nez » en s’énervant une fois de plus – on a beau faire.
C’est à propos de distillerie… que le ton est monté entre le candidat et l’assistance. « Je ne suis pas débile au point de ne pas comprendre ça ! » a lâché Sarkozy avant d’engueuler son parterre, d’où fusaient les questions, trop les mêmes selon le candidat : « Pas besoin d'être dix pour expliquer la même chose. Moi je suis gentil, je vous écoute, mais la grande distribution, elle… » Et de mettre en garde : « C’est comme ça qu’on fait mourir une profession ! » Et les présents d’encaisser en silence, nullement choqués de la leçon – quand on aime, ça rend sourd…
Tandis que côté coulisses, hors champ, huit citoyens goûtaient les charmes du nettoyage technique en se faisant karcheriser. Ils racontent :
« Sur les centaines de personnes présentes, il y avait donc la présence " massive " de douze personnes venus crier leur mécontentement de la politique du « Berlusco-Bush » sans banderoles ni signes distinctifs. Et pourtant les quelques autocollants que l’on avait en main ont suffit à avertir le MIL (service d’ordre de Sarkozy) et les RG disséminés dans toute la foule. Dix minutes après notre arrivée, il y avait pour chacun de nous deux gardes du corps un peu trop attentionnés, nous suivant partout et nous incitant finalement à ne pas faire de bêtises. Un ami qui vous veut du bien comme dirait l’autre. A tel point qu’ils se sont apparemment sentis obligé de nous dénoncer pour éviter les " bêtises ". Nous n’avons pas compris tout de suite pourquoi tout d’un coup une dizaine de policiers nous sont tombés dessus sans que l’on ait rien fait et obligé de les suivre pour un " contrôle d’identité " – sous les quolibets de la foule (" racailles ", " en prison " etc.),
« Nous avons été rejoint par un autre groupe d’opposants arrêtés pour " port de tee-shirts suspect ". Rapidement la police municipale nous met entre les mains des gendarmes qui nous invitent à monter dans leur fourgon en nous promettant qu’il s’agit simplement d’un contrôle de 5 minutes. En réalité on est emmené dans le local des services techniques de la mairie où l’on découvre 5 ou 6 cars de gendarmes mobiles. Nous sommes donc détenus par une unité de l’armée, sans motifs et ce pendant 1h30. On sera bientôt rejoint par deux autres personnes arrêtées également, le premier dans un bar alors qu’il avait été auparavant molesté par le MIL car il distribuait des autocollants « anti-Sarkozy » à des jeunes ; le second alors qu’il était tranquillement en train d’écouter Sarkozy.
« En tout il y aura huit personnes encadrés par des militaires en tenus anti-émeutes durant toute la tenue du meeting, tandis que pendant ce temps là Sarkozy appelle " les électeurs en Vaucluse à ne pas se faire confisquer le débat " !