Derrière la comédie de l’ouverture, une politique à tendance fascisante
par Pascal Heisserer*
Qui ne voit que derrière les gesticulations de Nicolas le Petit (pour prendre des accents hugoliens) pour jouer au Grand Homme (responsable, digne et ouvert) se met en place un profond verrouillage à venir de la vie politique et démocratique de notre pays !
I) Au premier plan : un spectacle comique.
Nicolas Sarkozy qui n’oublie pas qu’il a été élu en dépit d’une profonde méfiance à l’égard des dérives libérales-sécuritaires de son programme s’efforce, à grands renforts médiatiques, de montrer à l’opinion publique qu’il n’est pas l’homme que l’on croît.
C’est pourquoi il joue.
Seulement il n’a plus besoin de jouer pour les siens. Ils lui sont acquis car ils l’aiment à en avoir perdu tout sens critique, adorants et magnifiants ses envolées lyriques, un peu comme si son verbe les avait anesthésiés.
Non désormais il lui faut jouer pour les autres, pour tous ceux qui doutent du bien-fondé de sa politique.
Et il y en a encore, pensez-vous !
Selon les cas, il lui faut les séduire, les rassurer, les débaucher, voire les intimider.
Ainsi il reçoit les responsables syndicaux et "comble de l’étonnement" (mais je suis bête, il y a des élections législatives dans un mois et il n’est peut-être pas bon que le "Loup" sorte du bois !), il met en sourdine ses projets les plus "progressistes" (fin du CDI, remise en question du droit de grève, franchise-santé) et avance les idées d’égalité salariale homme-femme, de promotion sociale et d’enrichissement par le travail.
A la suite de quoi, en bon Républicain chacun se déclare prêt à travailler (et non à batailler) avec le nouveau Président.
Puis voyant que la Ruse fonctionne (en bon élève de David Copperfield pour qui : "plus c’est gros, plus ça marche"), il se propose de jouer la carte de l’ouverture politique afin d’élaborer une dream-team droite-centre-gauche.
Tentative qui ne peut que nous faire sourire.
Rappelons les mots de Freud et Bourdieu.
Le premier répondant à la question de savoir pourquoi autant d’hommes intelligents avaient pu se compromettre avec un régime si mauvais avait simplement dit : "C’est parce qu’ils ne le sont pas tant que cela".
Le second se demandant pourquoi des hommes de gauche avaient pu passer à droite avait simplement dit : "C’est parce qu’ils ne l’ont jamais vraiment été".
Et si maintenant certains imaginent pouvoir infléchir la marche libérale-sécuritaire à tendance fascisante du Président Sarkozy, je crois qu’au mieux ils se leurrent et qu’au pire ils feront tapisserie. Je ne leur prédis rien d’autre qu’un destin de Xavier Emmanuelli ou d’Azouz Begag.
II) En arrière-plan : les germes d’un drame.
On peut donc se demander pourquoi N. Sarkozy dont tous les sondages indiquent que l’UMP va avoir SEULE la majorité au Parlement a besoin de former un pseudo gouvernement d’union nationale ?
Mon hypothèse est la suivante :
Il ne peut penser que son crédit est déjà entamé. Il ne peut imaginer perdre.
C’est donc pour une autre raison.
Raison qui m’autorise à qualifier de politique à TENDANCE fascisante, la politique libérale-autoritaire de celui qui s’aime trop (si Zémour me permet de parodier le titre de l’un de ses ouvrages).
A mes yeux, l’opération qui est en train de se mettre en place est limpide.
N. Sarkozy veut concentrer TOUS les pouvoirs.
Après les sommations à la presse d’opposition (Libération, Le Monde), les dénigrements systématiques de l’Institution judiciaire (des juges rouges !), les minimisations des syndicats (qu’ont le droit de dire 8% de salariés face à 53% d’électeurs ?), la mise au pas du pouvoir exécutif (les Ministres, le Premier compris, deviennent de simples courroies de transmission de sa volonté), il s’attaque au pouvoir législatif et à l’opposition.
Ces deniers ne doivent pas être en mesure de s’opposer.
Il faut détruire les possibilités réelles de toute contestation.
J’entends déjà la démagogie de demain : "Mais comment pouvez-vous trouver notre mesure profondément anti-sociale étant donné que des gens de gauche et du centre ME soutiennent ?"
Maintenant pour tous ceux qui sont sidérés par un tel spectacle, je me permets de rappeler que dans la presse locale de ce jour (Voir journalL’Alsace) il est mentionné :
des services publics ferment dans les zones rurales,
des classes ferment dans les zones rurales,
des salariés sont licenciés dans les zones rurales.
Preuve qu’au-delà des opérations de communication, la réalité est toujours aussi aride et donc propice à une autre politique que celle qui est mise en place depuis au moins 5 ans.
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* Professeur de philosophie à Strasbourg, membre du Parti socialiste
http://pheisserer.net
* Professeur de philosophie à Strasbourg, membre du Parti socialiste
Viens d’écouter « le téléphone sonne » sur France Inter, en faisant ma popote en ce jour de l’an de grâce du 17 mai 2007 ! Assez surréaliste : Deux invités se font des politesses en vantant le Sarko, son libéralisme, son dynamisme, son, sa , blablabla ! On se croirait en campagne du second tour alors que le petit vient d’être sacré et a déjà nommé son premier Fillon ! Pas d’opposition, pas de contre-point, niet !
Le fascisme en effet se met en place, le verrouillage, le couvercle sur la pensée ! Mais faudrait pas faire chier Gérard Lambert quand il répare sa mobylette ! J’appelle à la résistance ! Comme mon père ou mon oncle ont résisté au nazisme ! La démocrasseuse ne passera pas ! Debout les amis ! Finies la désolation, les lamentations, les dépressions, debout, debout !
La résistance décomplexée, je suis pour ! Chez mon coiffeur, chez la boulangère, au boulot, au métro, au dodo, partout, ouvrons notre gueule pour chanter un autre refrain ! Debout avant que la banquise ne fonde !
Car ça chauffe ! Debout sur le clavier pour faire entendre d’autres mots !
Allons z’enfants !