Louisiane, golfe du Mexique. La marée noire du fric, pollution majeure
Ah ! cette terrible propension des médias à digérer-évacuer les événements, à les neutraliser au fur et à mesure que l’un chasse l’autre. On ne le dira jamais assez. C’en est ainsi de cette sorte de « loi » de l’info-jetable, à l’image de nos temps à la va-vite. Donc, en ce dimanche 2 mai, je constate que la marée noire du Golfe du Mexique se trouve déjà phagocytée par la marée javellisante de l’ « actu »: accord UE-FMI sur la Grèce (ouf ! il y va de la finance internationale – voir l'intéressante interview de Jean Ziegler sur la question dans L'Humanité) ; bombe désamorcée à New-York (ouf ! on respire dans l’empire US et donc dans le monde…) ; PSG sacré roi du foot hexagonal (ouf ! « on » a eu chaud…) ; et cætera.
Ainsi, l’actuelle catastrophe majeure, ce trou béant qui fait saigner le flanc de la planète, cette purulence qui s’en échappe et infecte le corps terrestre, aurait déjà atteint le stade de la digestion par le grêle intestin de l’info-spectaculaire. Puisqu’il faut bien que le monde continue à tourner tant bien que mal. Il le faut ! Impératif absolu, et qu’importe le sens de la rotation… Le sens, quel sens ? Priorité au divertissement, cette poudre à masquer l’essentiel. Place au futile, au léger, au secondaire, à l’insignifiant !
Infernale, la machine à broyer l’ « info » – cette écume sans lendemain – tourne sans relâche. Pourvu qu’on y pourvoie…, dès lors qu’à pleines pelletées on gave sa chaudière avide du drame humain mis en spectacle. Demain est un autre jour, un nouvel épisode du grand feuilleton de la comédie humaine. Attendons donc, comme une suite annoncée, les prochaines images du drame en marche : pollution des marais à mangroves des côtes du golfe du Mexique, destruction de la flore et de la faune, mort des écosystèmes. Ça nous laisse un bon gisement de « belles images », une bonne nappe dérivante d’indignations pas chères. Puis, tout rentrera « dans l’ordre », autrement dit dans le chaos ordinaire qu’on appelle la marche du monde.
A quoi, bien modestement, j’oppose mes autres belles images, sans guillemets toutefois, prises en 2006 dans la mangrove de l’île Moucha, au large de Djibouti. Nous sommes à l’entrée de la mer Rouge, ce corridor qui voit défiler une armada incessante de pétroliers. Zone de conflits, de piratage, de grands dangers liés à la folie des humains. Les côtes de la mer Rouge abritent aussi une forte densité de mangroves, donc un vivier végétal et animal semblable à celui de la Louisiane, un acquis construit au fil des temps immémoriaux – des milliers de siècles.
Voici donc mes photos pour égayer la noirceur… Et en plus, ornées d’une coquetterie : En avril 2008, le président de Djibouti – Omar Guelleh, potentat bien gangrené – a annoncé le projet de louer l'île à des investisseurs chinois qui prévoient d'y construire un hôtel de luxe et un casino… La marée noire du fric, la plus dévastatrice.
je ne sais pourquoi mais trop bien, je vois un parallèle flagrant entre cette marée de pétrole en Louisiane et l’afflux de pognon versé en Grèce. Deux pollutions de crise comme deux vases communicants et obscènes. Deux déversoirs à fond perdu qui ne feront que remplir des pages de journaux. On appelle cela la croissance, car le monde bouge parait-il. Rien que du caca en parler freudien même si Onfray s’en beurre les tartines. la nature morfle, la nature humaine, ouahhh, j’ten cause pas !