Woerth-Bettencourt. « La rapacité et le cynisme mis à nu », estime Attac
Je l’aurais peut-être dit autrement, mais sûrement pas mieux que ce communiqué d’Attac en réaction à l’onction sarkozienne déversée hier soir. Voilà comment ils résument la situation, les gens de l’altermondailisation de la taxe Tobin et de la lutte contre les paradis fiscaux – des orfèvres :
Affaire Woerth-Bettencourt : refuser l’affaissement démocratique
" Nicolas Sarkozy a vainement tenté hier soir de clore l’affaire Woerth-Bettencourt, à la veille de l’adoption du projet de réforme des retraites par le Conseil des ministres. En s’appuyant sur des hauts fonctionnaires aux ordres, une justice au pas et des intervieweurs complaisants, il espère faire oublier le scandale pour laisser Eric Woerth et le gouvernement imposer la réforme des retraites.
" Pourtant la page Woerth-Bettencourt sera difficile à tourner. Car elle rend terriblement concrète aux yeux de dizaines de millions de citoyens une réalité que seuls des chiffres peu compréhensibles démontraient jusqu’alors. Entre 2000 et 2010, les politiques de moins-disant fiscal ont réduit de 100 milliards d’euros les recettes de l’Etat (d’après Gilles Carrez, rapporteur UMP du budget à l’Assemblée). Niches fiscales pour les riches, exonérations pour les entreprises, on a creusé sciemment les déficits, le tout au nom de la « compétitivité » et de « l’emploi ». La réforme des retraites, c’est encore 20 milliards d’euros économisés pour les actionnaires au détriment des ouvriers, des salariés précaires et des femmes, dont beaucoup devront attendre 67 ans pour une retraite à taux plein.
" Ils nous serrent la ceinture pour enrichir encore leurs amis et sponsors milliardaires : voilà ce que révèle crûment l’affaire Woerth-Bettencourt aux yeux de la population. La crise de la finance avait affaibli les arguments d’intérêt général sur la « compétitivité » et « l’emploi » qui servaient à justifier ces politiques. Mais avec cette affaire, c’est maintenant la rapacité et le cynisme des classes dirigeantes qui sont mis à nus. On ne peut plus s’étonner de la complaisance envers les paradis fiscaux, de la liberté totale laissée aux spéculateurs, des déclarations ronflantes mais jamais suivies d’effets sur la taxation de la finance…
" Une véritable crise de régime est ouverte, qui pose la question de sa légitimité démocratique. La réforme des retraites devient aujourd’hui plus qu’une lutte entre patronat et salariat sur la répartition des richesses. Elle concerne l’ensemble des citoyens car elle met en jeu le sens même de la démocratie : peut-on laisser ces gouvernants, élus sur des promesses non tenues et qui gouvernent par le mensonge, continuer à imposer les intérêts de leur caste ? La mobilisation populaire contre la réforme des retraites doit permettre d’entraîner toute la société pour refuser cet affaissement de la démocratie dans notre pays. Attac s’y emploiera en tout cas avec toute son énergie dans les semaines à venir."
Attac France,
Montreuil, le 13 juillet 2010
A force d’excès, ils ont évincé la « justice » de leur « petit monde » .
Elle accompagnera maintenant le « vrai monde » …
On fait suivre !
C’est bien balancé ! je suis toujours surpris de voir ces vieux mécanismes de la complaisance journalistique à l’égard du pouvoir. On se croirait avant 68. Avant Orwell tiens. Beaucoup de poussière, de pauvreté intellectuelle, de vraie pauvreté de thune, beaucoup de richesse pour les rois fainéants, de lâcheté, de dénis. Beaucoup de peu de démocratie. Tandis que pètent les feux du 14 juillet, j’entends Darladida version disco de ma fenêtre, c’est Macdo qu’on célèbre. Argggggg ! Billie Holiday ou Madeleine Peroux, ça vous dit quelque chose ? J’y retourne, les poings dans mes poches crevées. Ah tiens aussi : sensations du Rimb” justement, un hymne à la vie. L’après viendra ! L’après, j’en suis.
Parce que, après 68, il n’y avait pas de « complaisance journalistique à l’égard du pouvoir » ? On est passés de relations institutionnelles entre patrons de presse et puissants – ou Etat, via l’office de radio télévision française notamment – à des relations vaguement dissimulées sous des intérêts « vitaux » (publicité, nécessité de ménager les sources d’information…) mais tout aussi étroites, une vraie collusion organisée. Quand même, tu l’as vu dans ta Lorraine profonde les politiques payer des pleines pages de pub dans les journaux, sous prétexte de voeux ou autre, devenir ainsi des clients importants, donc traités obligatoirement avec toute la déférence qui leur était due.
Le système installé actuellement par le pognon est plus fort encore que le ministre de la désinformation aux grandes oreilles d’avant 68. L’auto-censure, c’est magique comme mot et comme chose. On est arrivés à la société parfaite dans laquelle, dès que tu y mets les pieds, ton auto-destruction est organisée. Consommez en paix si vous en avez les moyens…Ne pensez pas !
Woerth va peut-être sauter cet été…et alors, qu’y aura-t-il de changé ?
Un « après » se prépare, je ne vois pas bien qui le fait aujourd’hui. La poésie au pouvoir ? Pour l’instant, c’est plutôt « poètes, vos papiers ! »
Allez quand même, parce qu’il n’y a pas de mal à se faire du bien :
« Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche »
C’est bon de rêver au petit matin avant qu’il ne fasse trop chaud.
Un mort par jour dans les banlieues ou chez les« minorités », histoire de faire passer au second plan l’affaire Sarkozy Woerth Bettencour, d’inciter la presse à arrêter de stigmatiser les riches, de relancer la dynamique sécuritaire et de faire monter la trouille vis à vis des « classes dangereuses ». « Flics partout, justice nulle part » ce slogan gauchiste est en train de trouver un début d’illustration convaincant. Et on comprend mieux les raisons de la suppression du juge d’instruction.
Bernard