Dans « le cochon » DSK, tout est bon
Marcela Iacub, qui se dit « Juriste et spécialiste de la philosophie des mœurs », officie dans le Libé du samedi. De fin janvier à aoüt 2012, elle a poussé le sacrifice en offrant son corps à un DSK post-Sofitel, ainsi qu’à à la science de la chose, un cran au-dessus, genre méta-sexopolitique. Il en résulte un nouvel épisode au feuilleton DSK, fort bien emballé pour une propulsion médiatico-marchande qui commence par un bouquin « vertigineux » – dixit l’interviewer, enivré – et, panurgisme aidant, devrait envahir le Spectacle : radio, télé, ciné. Sans parler des réseaux dits sociaux et même des blogs, jusqu’à celui-ci. On n’y é-chap-pe pas !
Belle et Bête, ça s’intitule. Devinez qui est quoi… Elle tient donc le beau rôle, celle d’une (belle ?) charcutière de luxe, qui ne jette rien des bas morceaux de celui qu’elle nomme « le cochon ». On sait bien qu’un cochon sommeille en chaque homme. Cette cochonne-là n’a pas dû avoir à travailler beaucoup la viande pour l’attendrir. Une bonne bête, certes pas halal – et je ne me risquerai pas à une autre audace du genre, j’ai déjà donné – mais dans laquelle « tout est bon », entendez comme matière (grasse) à scandale.
Un tel coup éditorial, tout de même : chapeau ! Sens aigu du bizness, art des coups fourrés – c’est bien le mot –, relais chez les éditeurs poisseux, auprès des canards boiteux, des journaleux tordus : tout un monde, tout un im-monde, qui n’est pas donné à tout le monde. Il faut pour ça être doué, ou bien né. Les deux, c’est l’idéal.
Le Nouvel Obs a toujours manifesté quelque attirance pour la perversion. Mais, attention, la perversion propre, si on ose l’oxymore, celle qui peut s’habiller en Prada, qui s’allonge sur les divans, qui titille Œdipe et Thanatos, aime à bordurer l’inceste ou le viol en adulant le « divin marquis » ou ses épigones modernistes. Cette perversion « chic » aux bourses bien remplies – c’est encore le mot, et on pourrait aussi s’en foutre ! – n’ayant jamais connu le vide des fins de mois. Cette perversion volontiers adossée au Pouvoir, ce pouvoir qui lui est aussi nécessaire que le furent pour Sade les « bonbons à la cantharide »… Un viagra dopé, dosage FMI, testé chez Berlusconi.
On pourrait s’en foutre, sauf que ces bandes-là (décidément), ça nous regarde. « Nous » comme citoyens d’une République si vertueuse… « Nous » qui, comme certains, ont jadis questionné la sexo-politique, du temps où un Giscard de président ne dédaignait pas le cul de la crémière, tandis qu’un sien ministre, de l’Intérieur, interdisait la Revue Sexpol (Poniatowski) ; du temps où un cardinal connaissait la mort par épectase dans les bras d’une prostituée (Daniélou) ; bien après qu’un Félix Faure eut perdu « sa connaissance » à l’Élysée même ; peu avant qu’un autre président eut mené double-vie (Mitterrand)… Ou aux temps post-soixante-huitards où d’autres pères-la-pudeur, au nom de Mao et de la Révolution, pratiquaient sans vergogne le bien machiste repos du guerrier (July, Geismar…, in Sexpol n°3, "À poil les militants !")
Oui, ça nous regarde d’autant que cet im-monde là se targue aussi de gouverner le monde selon de stricts principes, en appelant si facilement aux mots de rigueur, austérité, efforts, justice, morale…
Nous voilà ainsi entrés dans l’ère du cochon, après le Serpent du nouvel an chinois, le cirque du bœuf-cheval, l’annonce du futur poichon (poisson nourri au cochon). Triste ménagerie que ce monde et ses drôles de zèbres. Au secours, Ésope et La Fontaine, ils sont devenus fous !
Là, cher Gérard, je vois que ton laboratoire d’artisan lanceur d’alerte sur la mal bouffe de journaux qu’on n’ose plus dévorer tant le hachis d’un faux cache l’autre, est salutaire et vivifiant. La sauce cochonne… la presse y patauge sans vergogne croyant y trouver le salut d’un nouveau lectorat. Mais alors de quel gibier est le lecteur sur lequel on tire ici à vue pour le déguster ? Une fois encore, ton observatoire de la presse si personnel – et à la qualité haut combien pertinente – vise juste. Tu ne nous livres pas du surgelé frelaté, c’est du décortiqué jusqu’à l’os d’un journalisme sans chair, sans vie, sans vérité. Qu’il ne se plaigne pas de voir les os de la mort dans son miroir quotidien, car si le cochon est désormais est dans le poulailler, il va tout dévorer, y compris ses propres géniteurs.
Oui, les médias et ô combien l’édition depuis qu’elle ne cherche plus que des coups à tirer dans la quête (quéquette) aux blokkbusters, comme disent les marchands. Enfin, j’exagère, disons que j’anticipe sur les conséquences à terme d’un mouvement déjà bien amorcé.
Il est temps de passer végétarien 😉
Fallait entendre Joffrin du nouvel Obs justifier le coup en question par la découverte d’un « talent littéraire ». C’est contagieux les affaires de cul, ça rend faux-cul !!!
…
« et parfois il me prend des mouvements soudains
de fuir dans un désert l’approche des humains ! »
« Et que, dans mon désert, où j’ai fait vœu de vivre,
Vous soyez, sans tarder, résolue à me suivre. »
C’est quoi le bon ch’humain ???
La Marcela a commis en 2005 (en assoc. avec Patrice Maniglier) un » Antimanuel d’éducation sexuelle » (Bréal éd., Rosny) qui ne comporte pas que des bêtises, mais quand même une très grosse, très révélatrice de ce qu’on pourrait associer au caractère phallique-narcissique (ça existe aussi pour les dames) dont la caractéristique centrale est l’impuissance orgastique, du moins selon W. Reich. Miss Iacub y fait l’apologie de la prévention du sida par la peur, reprenant les vieilles sornettes de la contamination par le VIH, alors qu’en 2005 même Montagnier, enfin libéré de ses obligations contractuelles avec les labos et leur financement, reconnaissait que la théorie du méchant virus ne tenait pas la route.