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Présidentielles. On n’a pas fini de rigoler (jaune)

J’ai même édité un timbre. Rien n’y a fait ! Un métier…

Je cède : tant de commentaires, analyses, supputations, etc. déversés depuis des mois… Et rien sur ma candidature, son échec, mon désespoir, mon dépit ! À désespérer de la merdiacratie. Ce néologisme-valise synthétise à merveille le dégoût politicien à l’encontre de la presse dans son ensemble – à l’exception toutefois du Figaro et de Valeurs actuelles. Il réunit aussi dans un même haut-le-cœur, Le Pen et Mélenchon, outrance et amertume, triste alliance de contraires.

C’est en fait sous la pression de mes innombrables fans [ref]Eh eh, le Jo ![/ref] que je reprends ma plume délaissée sur ce blog depuis deux mois ! D’autres tâches m’avaient accaparé ; et puis, eh oui ! je n’ai pas réuni mes 500 signatures, pas même cinq… N’est pas Cheminade qui veut, ni Poutou, ni Arthaud, etc. Ni dieu, ni césar, ni tribun. Ainsi en étais-je resté à lInsoumis « qui ne plantait rien », en tout cas qui s’est planté, à pas grand-chose, il est vrai – à deux points de Le Pen. À quoi cela tient-il, une foirade en politique ? À un mot de trop, un dérapage verbal et fatal. Pour lui, son Alliance bolivarienne, au moment même où son camarade vénézuélien mettait Caracas à feu et à sang. Il a eu beau tenter de rattraper l’affaire avec un vague truc commercial guyano-antillais, ben non, le coup était bien parti. Pour le Marcheur, une ivresse de trop, celle du pouvoir qui monte à la tête d’un Rastignac si pressé, qui va devoir mâcher de la Rotonde comme l’autre avant lui avait dû bouffer du Fouquet’s pendant cinq ans.

À ce niveau, un trait de finesse s’impose. Dessin de Charb, Charlie Hebdo, 2016.

C’est dire si je compte m’obstiner à voter pour Elzéard Bouffier, qui plantait des arbres.[ref]À moins, une fois de plus, d’un péril avéré…[/ref] Rappel : mon candidat (à défaut de ma propre candidature…) est parrainé par un certain Jean Giono, un fada de Manosque, Alpes de Haute-Provence. Ce même Giono que ledit Mélenchon a insulté à la télévision, en direct, quand le comédien Philippe Torreton avait cru bon, écolo et généreux de lui offrir L’Homme qui plantait des arbres, dudit Giono : « [Un livre] fondamentalement immoral ! », avait tout aussitôt lancé Mélenchon. Quelle immoralité, bigre ? Celle de « cette histoire […] écrite pendant la guerre, et quand on lutte contre le nazisme on plante pas des arbres, on prend une arme et on va se battre ! »[ref]Voir mon papier sur le sujet. [/ref]

Quoi qu’il en soit, les électeurs de Manosque, magnanimes ou indolents, n’en ont pas voulu au donneur de leçon va-t’en guerre : ils l’ont placé en tête à 22,5% des bulletins… Pour qui voteront-ils le 7 mai si leur préféré s’obstine dans le ni-ni ? Car, lorsqu’on lutte contre « le fascisme », est-il bien moral de ne pas s’engager, hein ? Or, voilà le “Tribun du peuple” soudain muet, mouché sur sa droite extrême, en appelant à la vox populi/dei de ses 450 000 aficionados.

Sans légende, et désormais légendaire.

Je rappelais en note, dans mon article précédent que, jusqu’à l’avènement d’Hitler, le Parti communiste allemand avait pour cible prioritaire le Parti social-démocrate ! Et on sait que l’Histoire peut bégayer – même si je ne saurais confondre lepenisme et nazisme. Les anathèmes simplistes et outranciers contre le Front national n’ont plus de prise ; ils sont même devenus contre-productifs en niant une réalité (certes accablante et déplorable) encore vérifiée par ces élections : le FN est confirmé comme premier parti « ouvrier » – plus précisément ceux des laissés pour compte, ceux que « les élites » ignorent ou méprisent, ceux que « le système » condamne, tout comme les « eurocrates » bruxellois et les « hordes d’immigrés ». Sous les outrances verbeuses et le rictus carnassier de la candidate, il y a « du vrai » qui atteint un citoyen sur cinq (et plus encore dans quinze jours…). Et elle tape juste, la frontiste, en filant droit à Rungis saluer comme Sarkozy « la France qui se lève tôt », à l’encontre de celle des couche-tard de la Rotonde…[ref]C’est au lendemain de ce premier tour que les producteurs de “viandes racées” lancent une saignante campagne de pub dans les médias… avec ce slogan fleurant sa terre pétainiste : “Initiez-vous aux plaisirs racés“. Si la notion de race s’applique aux vaches, pourquoi plus aux hommes ?[/ref]

Quant à l’effondrement de Hamon, il sonne certes le glas du PS, mais aussi d’un programme écologiste et utopiste. Dans cette France des 35-40 heures, on ne doit pas oser désacraliser la valeur travail. [ref] Surtout en improvisant bien laborieusement, c’est le cas de le dire, sur la question du revenu universel” ![/ref] Ainsi ont voté les 387 citoyens de Fessenheim autour de leur vieille, dangereuse et nourricière centrale : les nucléaristes y font le plein, Fillon en tête, suivi de Macron, Le Pen et même Dupont-Aignant – Mélenchon et Hamon recueillant moins de 50 voix…

À propos de Dupont-Aignant, rendons lui grâce, avec ses petits 5 pour cent, de nous avoir à la fois épargnés la Le Pen en tête de gondole[ref]Il va se faire pardonner vite fait![/ref], et sauvés du spectre Fillon. Lequel,  avec « son air de curé qui a piqué dans les troncs »[ref]Dézinguage en règle lancé sur France Inter par Charline Vanhoenacker, du « complot médiatique ».[/ref], n’était pas si loin du podium… On se console de peu. Mais on n’a pas fini de rigoler (jaune) car revoilà Sarko et sa bande d’embusqués prêts à dégainer pour le troisième tour. Le pire n’est jamais certain, dit-on par précaution.

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Gerard Ponthieu

Journaliste, écrivain. Retraité mais pas inactif. Blogueur depuis 2004.

14 réflexions sur “Présidentielles. On n’a pas fini de rigoler (jaune)

  • Le fait de ne pas avoir à assumer une nationalité française ne m’empêchera pas de voter avec enthousiasme et illégalement pour le non-candidat Ponthieu !

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  • Chaize

    Moi, je vote pour le candidat Gérard qui tente de faire barrage à la connerie. Vaste programme, mais beau courage !

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  • Faber

    Bravo mec le Ponthieu. Que dire de plus après lecture ? Ben, je vote Ponthieu jusque là et hop, et pour reprendre un truc qui me botte : Ni patrie, ni patron et inversement.

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  • Gérard Bérilley

    Quel bonheur de te lire à nouveau, Gérard. Et pour un article, comme d’habitude, plein de justesse, de finesse, de nuances. Il y aurait tant à dire en ajouts à ce que tu viens d’écrire. Quelques notes personnelles maintenant. Le caractère autoritaire d’un Mélenchon saute aux yeux rien qu’avec son idée d’une obligation de voter. Ah, on le voit l’insoumis ! S’il était au pouvoir, alors recommencerait les procès contre tous les objecteurs de conscience, les insoumis véritables, les déserteurs, les libertaires en tout genre, quant au vote obligatoire ! Je me demande même comment l’idée d’une obligation de voter peut sortir d’un cerveau qui se prétend révolutionnaire ! Depuis longtemps me saute aux yeux le caractère autoritaire, foncièrement autoritaire, des révolutionnaires (même en chambre !) marxistes. D’autre pat, je pense sérieusement que le mythe du retour au plein emploi, défendu par toute la gauche marxiste (je n’y inclus pas Hamon), est une des causes de la montée du Front National. Il n’y aura jamais plus de plein emploi, d’autant avec le développement incroyable de la technique qui va remplacer les travaux répétitifs, mécaniques, et même certains plus nuancés, tout cela aussi pour le profit capitaliste. Faire croire que le plein emploi est encore possible, c’est accréditer l’idée que les étrangers prennent le travail des français. Le seul qui dans cette élection a pensé l’avenir, le développement historique de nos sociétés, est Benoit Hamon, mais évidemment ses “collègues” du Parti Socialiste, qui n’ont de socialistes que le nom, ne pouvaient qu’être contre une proposition qui commencerait à mettre de l’égalité dans la société. Selon moi, l’instauration d’un Revenu de Base est la première condition en vue d’une autogestion de la société (Je pourrai expliquer cela une autre fois). Alors oui, les perdants, les oubliés du système capitaliste, se tournent vers le Front National. Mais à qui la faute ? Il y a longtemps que des avertissements ont été donnés envers ce fait, mais ils ont été ignorés. Les mois qui suivent seront déterminants, je pense, pour notre avenir à tous.

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  • Désolé d’avoir choisi Lasalle plutôt que Ponthieu… Mais j’ai fait mes calculs et je “crois” que Gérard est mieux a sa place de scribe, plutôt que proférer de vaines promesse, puis sombrer vers des affaires douteuses, hors probité.
    Allons donc mieux relire Giono, pour répartir au mieux contre les très gauches commentaires, surfant vers l’autre versant extrême.
    Et de “toutes façons”, mort de rire.

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    • Si je n’avais voté pour Elzéard B., j’aurais pu le faire pour Lasalle, son cousin lointain. Mais l’ex-berger des Pyrénées m’a déçu lorsqu’à la télé, après une intervention correcte, a cru devoir ajouter un post scriptum pour dénoncer les contraventions routières pour excès de vitesse : trop démago à mon goût, et surtout bien réac, très cul-terreux qui devrait plaire à Le Pen.

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      • Si j’ai bien entendu le marcheur Lasalle, il déteste la Marine et sa famille et ses militants. Et dans les villages reculés, ce genre d’histoires chuchotées (améliorées, déformées) derrière les volets entrebâillés, trainent pendant des siècles (pour finir mal !) …Scénario série, copyright !
        Néanmoins, j’espère au prochain coup, dans 5 ans, qu’il y ait plutôt 30 prétendants divers au printemps et à varier.
        …Cul-terreux et écolo-bobos compris.
        ” Allons z’enfants de la Patrie,…”

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  • Sylvaine

    J’ai voté JLM mais je ne le suis pas dans son attitude que j’estime irresponsable. Qu’est-ce qu’il veut au juste ? préserver la pureté révolutionnaire? et là, je ricanne, hélas, surtout quand on voit les “révolutions” historiques ou bien leurs avatars actuels, cuba et Venezuela par ex. Merci pour cet article qui remets bien les choses à leur place et Mélenchon avec.

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  • Veauter dans le cadre de la représentativité actuelle, c’est l’assurance d’être déçu ; voter pour un seul mandat révocable à tout moment, sans renouvellement possible, c’est déjà mieux ; pour l’heure, s’abstenir (1er parti de F), c’est à terme délégitimer ce système de truands et de dupes : c’est en route, après tout, Sakollande n’ont été élus que par 1 Français/4, et la grande partie de ce petit quart a fait un choix par défaut. Cela dit,quel est le véritable pouvoir d’un “représentant du peuple”, sinon la portion congrue que lui laisse la Finance…

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      • Cher Gérard,
        Pourriez-vous donc vous reprendre? Fini de remettre au lendemain ou de laisser-aller… Donc c’est quoi ce ” problème ” entre les politiciens et la presse (annoté dans le chapitre mais non développé) ?

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